Réouverture frontières ivoiriennes: Enfin, ça roule de nouveau entre Ouaga et Abidjan !
- Écrit par Webmaster Obs
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Si la chanson «Ouvrez les frontières» du reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly s’adresse aux Occidentaux, notamment aux Européens qui se barricadent pour ne pas être envahis par le flot continu d’immigrés, le tube aurait pu bien s’appliquer également à son pays d’origine.
En effet, cela fait presque trois ans que le pays d’Houphouët-Boigny avait fermé toutes ses frontières aériennes, terrestres et maritimes en réponse à la pandémie de la COVID-19 qui avait amené toutes les nations du monde à se murer.
Mais au fil du temps, nombreux sont les pays, notamment africains, qui ont levé progressivement les barrières, y compris la Côte d’Ivoire d’ailleurs en ce qui concerne ses frontières aériennes et maritimes. Hélas, ses frontières terrestres n’avaient pas été concernées par la levée des restrictions, quand bien même ses voisins auraient sauté le pas. Mais il n’a servi à rien pour le Burkina, le Mali, la Guinée, le Liberia et le Ghana d’ouvrir leurs frontières puisque de l’autre côté, c’était le statu quo.
Fort heureusement, 36 mois après, précisément hier, Abidjan a annoncé en Conseil des ministres ouvrir ses frontières terrestres, à compter du 15 février à minuit.
On imagine le ouf de soulagement que vont pousser les voyageurs et les transporteurs qui ont payé un lourd tribut à cette situation. Beaucoup de compagnies ont fini par être sur cale du fait de l’inactivité ou du parcours du combattant qu’il fallait pour relier les différents pays.
Il était donc plus que temps que la Côte d’Ivoire reconsidère sa position, cela d’autant plus que la mesure semblait caduque, tant de nombreux citoyens usaient de toutes sortes de ruses pour contourner l’oukase, quitte à se faire racketter par des forces de l’ordre qui profitaient de la circonstance pour se remplir les poches. De fait, la fermeture des frontières a généré une grosse corruption, surtout dans les rangs des forces de sécurité qui participaient allègrement au petit trafic qui s’était mis en place pour convoyer les passagers d’un pays à l’autre. Il n’est un secret pour personne que certains FDS avaient même leurs propres moyens de transport qui convoyaient les passagers par des voies détournées. Dieu seul sait donc le nombre de milliardaires en tenue que cette restriction d’aller et venir a pu créer de part et d’autre des frontières, particulièrement entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. Dans ces conditions, on ne peut que saluer la sagesse des autorités ivoiriennes qui ont fini par briser les barricades qui empêchaient les populations d’aller et venir en toute liberté.
S’agissant particulièrement de la Patrie des Hommes intègres, cette réouverture est d’autant plus à saluer qu’elle intervient dans un contexte politique où l’axe Abidjan-Ouaga, s’il n’est pas glacial, n’est pas particulièrement réchauffé. On prête en effet à tort ou à raison à Alassane Ouattara, grand ami des Occidentaux, surtout de la France qui n’est plus en odeur de sainteté avec certains pays du Sahel, d’être hostile aux transitions malienne et burkinabè. Quand bien même cela ne relèverait que de l’imagination de certains esprits chagrins, la réouverture des frontières peut contribuer dans une certaine mesure à rasséréner des relations séculaires entre deux Etats dont on connaît la dépendance de l’un par rapport à l’autre.
Hugues Richard Sama