Soudan : 100 jours à Khartoum
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100 jours après, le feu ne s’est toujours pas éteint au Soudan. Bien au contraire, il s’étend au-delà de la capitale Khartoum, épicentre de la déflagration, pour ravager d’autres contrées épargnées jusque-là.
Pour preuve, de violents combats ont éclaté à Nyala, chef-lieu du Darfour méridional.
A l’origine de cette guerre civile dans ce pays qui en est coutumier, la rivalité entre deux officiers supérieurs qui s’étaient unis pour prendre le pouvoir après la chute d'Omar el-Béchir en 2019.
L’un, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de la junte militaire à la tête du pays, et l’autre, le général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti, le tout-puissant chef des Forces de soutien rapide (FSR). Une unité composée de milliers d'anciens Janjawids, ces miliciens arabes recrutés par Béchir pour sa guerre au Darfour (ouest).
On savait que les deux hommes étaient chacun sur le pied de guerre au sujet du reversement des éléments des FSR dans l’armée régulière. Malgré les efforts de la communauté internationale pour parvenir à une solution négociée de cette tension entre les deux généraux, rien n’y fit.
En mi-avril 2023, de violents combats éclatent à Khartoum avec des attaques aériennes, des bombardements et des tirs à l’arme lourde.
Au concert des armes est venue s’ajouter une guerre médiatique, les deux camps s’accusant mutuellement de corruption.
Quelque trois mois après le début des hostilités, le bilan fait froid dans le dos : près de 40 000 morts, 2,6 millions de déplacés et plus de 750 000 réfugiés dans de nombreux pays voisins, notamment le Tchad.
A tout cela s’ajoutent les nombreux dégâts matériels dans une nation à l’économie balbutiante et dont les populations ploient sous le fardeau de la pauvreté.
Cent jours après, on ne sait pas qui parviendra à éteindre le brasier, tant les initiatives de paix ont échoué les unes après les autres.
Les bons offices américano-soudanais à Djeddah, en Arabie saoudite, les trois Sommets de l’Union africaine ou encore la tentative de médiation de l’autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont fait long feu.
Les 23 et 24 juillet derniers, les délégations des deux camps se sont retrouvées à Lomé, dans la capitale togolaise, pour des pourparlers de paix.
Faut-il en attendre grand-chose ? On veut bien y croire. Mais rien n’incite à l’optimisme quand bien même les autorités du pays hôte veulent bien y croire. Tant les belligérants semblent avoir fait le pari d’une paix après une victoire militaire sur le camp adverse.
Impossible donc d’instaurer une trêve durable entre ces deux généraux qui s’attellent à détruire méticuleusement le pays qu’ils sont censés protéger contre un ennemi extérieur. Une opération de destruction massive et aveugle menée avec l’aide, il est vrai, de certaines mains étrangères qui jouent à la fois aux pyromanes et aux pompiers. Toutes choses qui viennent compliquer davantage une situation qui n’était pas assez simple.
Qui donc parviendra à faire entendre raison à ces officiers plus aptes dans le pillage des ressources de l’Etat que dans le maniement des armes et qui risquent de faire regretter celui qu’ils ont destitué, le général Omar el-Béchir, qu’ils ont servi de longues années ?
En attendant, ce sont les pauvres Soudanais, pris entre le marteau d’al-Burhane et l’enclume d’Hemedti, qui trinquent et se débattent entre deux feux sur fond de crise humanitaire dont les conséquences vont au-delà du pays.
Alain Saint Robespierre
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