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Prestation de serment Paul Biya : Et pourtant l’urgence est ailleurs

Paul Biya a prêté serment ce mardi 6 novembre 2018, après la décision du Conseil constitutionnel qui l’avait déclaré vainqueur de la présidentielle du 7 octobre. C’est donc devant une assemblée très largement acquise et sous les ovations des personnalités conviées à l’événement que l’octogénaire est arrivé à l’Assemblée nationale pour sa septième prestation de serment.

 

Il était vêtu de la toge présidentielle et escorté, comme à son habitude, par le dispositif protocolaire dédié au président de la République. À sa droite se tenait Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale depuis 1992, tandis qu’à sa gauche trônait Clément Atangana, 77 ans, président du Conseil constitutionnel qui l’a proclamé vainqueur de la dernière élection avec 71,28% des suffrages. C’est donc en habitué que Paul Biya, décidément très à l’aise dans ses habits de président, a une fois de plus juré devant Dieu et les hommes de veiller au bien-être de son cher pays, le Cameroun.

Mais s’il y a un acteur politique qui aurait voulu s’inviter à la fête, c’est bien Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui n’a cessé de revendiquer la victoire au scrutin du 7 octobre. L’opposant affirme que l’élection a été marquée par des « fraudes massives et barbares » en dépit desquelles « le Conseil constitutionnel a décidé de proclamer Paul Biya vainqueur sur la base des documents fabriqués pour la circonstance par des officines du pouvoir… Interpellé alors qu’il se rendait à un rassemblement de protestataires, Maurice Kamto a été assigné à résidence jusqu’en fin d’après-midi.

Pendant ce temps à l’hémicycle, le locataire du palais d’Etudi avait le champ libre pour faire le bilan du mandat finissant et indiquer ses priorités pour les sept années à venir. Dans son allocution, le président réélu a notamment évoqué les contingences économiques que connaît le pays depuis 2011, avant de s’attaquer à son plus gros défi, les menaces sécuritaires. « J’ai l’intime conviction que l’écrasante majorité de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest aspirent à retourner rapidement à la paix au sein de la communauté nationale. Malheureusement, nombre d’entre eux, en raison de la menace que les sécessionnistes continuent de faire peser sur cette partie de notre pays, n’ont pu exercer leur droit de vote à la récente élection présidentielle. A ces entrepreneurs de guerre, qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession, il faut qu’ils sachent qu’ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi, mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité », a-t-il prévenu. Il faut dire que depuis l’annonce de la réélection du président Paul Biya, au terme de la présidentielle du 7 octobre, la situation s’est encore détériorée dans les régions concernées, où les séparatistes multiplient les actions : attaques de bâtiments publics, affrontements, enlèvements de fonctionnaires… A cela s’est ajouté le kidnapping de 79 élèves d’un établissement secondaire de la ville de Babenda.

Au lendemain de ce triomphe électoral sans gloire, ce ne sont pas les discours, si fermes soient-ils, qui permettront de trouver solution au conflit qui perdure entre le pouvoir central et les rebelles d’Ambazonie. Ce devrait être la dernière bataille du président réélu. Après 36 ans de « douce dictature », on ne peut que lui souhaiter de relever l’ultime défi de la paix et de la cohésion nationale.

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 07 novembre 2018 21:37

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