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Procès Ben Ali : Ce n’est pas ce qu’il y a de plus urgent Spécial

Le procès de l’ex-président tunisien, Ben Ali, s’est ouvert hier à Tunis. Un procès par contumace, puisque l’Arabie Saoudite, qui a offert gîte et couvert à l’ancien homme fort de la Tunisie ainsi qu’à son épouse, Léïla Trabelsi, et à deux de ses enfants n’a toujours pas donné suite à la demande d’extradition des autorités tunisiennes. En fuite depuis le 14 janvier 2011, le successeur d’Habib Bourguiba est poursuivi pour «détention d’armes et de stupéfiants, pour accaparement de fonds et vols de biens».

 

Certes, par l’intermédiaire d’un de ses avocats, le prévenu conteste les faits qui lui sont reprochés. Mais, tout en respectant le principe sacro-saint de la présomption d’innocence, on se demande comment, en plus de vingt ans de règne, avec une mainmise sur l’économie du pays, l’administration et l’appareil judiciaire, l’ancien chef de l’Etat et son entourage peuvent ne pas avoir trempé dans de sales affaires de détournement et de corruption.  C’est un euphémisme que de se poser la question, vu le train de vie extravagant qui fut celui des clans Ben Ali et Trabelsi.

Mais au-delà du coup médiatique, que vaut vraiment ce procès ? Pas grand-chose. Si ce n’est donner l’occasion à cette ancienne nomenklatura, qui a réussi, soit dit en passant, à confisquer la révolution du jasmin, de juste marquer le coup et de se donner bonne conscience.

De l’Arabie Saoudite, qui n’a pas la réputation de livrer les dictateurs déchus à la justice de leurs pays, l’exilé de luxe peut continuer de lutter en paix contre cette prostate qui le ronge.

Plutôt que ce jugement,  qui tient plus de la com. politique que de toute autre chose, n’aurait-il pas été clairvoyant de la part des autorités actuelles de se pencher sur  ce qu’il y a de plus urgent aujourd’hui ?

Par exemple en s’attaquant à la nécessaire relance de l’économie, naguère florissante, de nos jours peu reluisante. Au point que certains Tunisiens regrettent le régime  Ben Ali, qui était, reconnaissent-ils, autoritaire, mais au moins garantissait le minimum vital grâce à un secteur touristique très attractif.

Autre impératif de l’heure, cet aggiornamento politique et institutionnel dont est porteuse cette révolution du jasmin. En effet, en mettant fin aux deux décennies de pouvoir sans partage de Ben Ali par suite d'une insurrection populaire, la rue a clairement lancé un message fort à l’ensemble de la classe politique : le désir d’être gouverné autrement ; son attachement aux valeurs de démocratie.

Mais plus de cinq mois après la chute de l’ex-homme fort de Carthage, ce renouveau politique et institutionnel tarde toujours à venir : certes du fait de contraintes objectives dues à une telle entreprise, mais aussi à cause du manque de volonté des tenants actuels du pouvoir de répondre aux aspirations des Tunisiens.

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lelundi, 20 juin 2011 21:39

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