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Présidentielle en Guinée-Bissau : Un narco-Etat en quête de lucidité Spécial

A 62 ans, Carlos Gomez Junior espère enfin accéder à la magistrature suprême. Cet ex-premier ministre  est le leader du Parti africain de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), l’incontournable formation politique au pouvoir dans ce narco-Etat. Candidat à la succession de Malam Bacaî Sanha, mort en janvier 2012, Carlos junior, que l’on dit avoir cumulé fortune  personnelle et pouvoir et qui  est au centre de nombreuses intrigues locales, reste sans conteste,  des neuf candidats à cette présidentielle, l’un des prétendants sérieux.

 

Dimanche 18 février dernier, ce sont en effet 579 000 électeurs bissau-guinéens qui sont allés aux urnes à l’occasion de ce scrutin considéré comme un nouveau test vers la stabilité de ce pays de l’Afrique de l’Ouest, théâtre d’une féroce guerre d’indépendance contre le colon portugais, puis d’une guerre civile qui a fini de ruiner son fragile équilibre. Les électeurs sont donc appelés aux urnes dans un pays  miné par l’instabilité où, depuis 1998, aucun président élu n’a achevé son mandat

En attendant, le candidat du PAIGC répète à qui veut l’entendre : «Je suis sûr de l’emporter dès le premier tour.» On pense à de simples propos de campagne, ce d’autant plus qu’il ne fait même pas l’unanimité dans son propre parti. Cet homme qui a l’arrogance des nouveaux riches s’est en effet attiré de solides inimitiés et plusieurs partis de l’opposition lui contestent sa candidature, lui reprochant de s’être porté candidat avant de démissionner de son poste en début février, au mépris de la Constitution.

Baciro Dja, le ministre de la Défense, et Manuel Sérifo Nhamadjo, le président intérimaire de l’Assemblée nationale, sont tous deux issus du PAIGC et se sont portés également candidats, mais indépendants. Pour certains  observateurs avertis de la scène politique bissau-guinéenne, en tout cas, le principal adversaire de candidat du PAIGC n’est autre que l’ancien président Kumba Yala, chef et candidat de la principale formation de l’opposition, le parti de la Rénovation sociale (PRS).

Elu président en 2000, renversé en 2003 et candidat malheureux en 2005 et 2009, l’homme au célèbre bonnet rouge n’a pas laissé un souvenir impérissable à ses compatriotes. Singulier par sa tenue vestimentaire, il donnait l’impression d’un individu fantasque, plus prompt à amuser la galerie qu’à s’occuper avec dextérité des affaires de l’Etat. Et le bilan de son passage à la tête de l’Etat, qui a été marqué par trois ans et demi de grève, d’agitation sociale, d’arriérés de salaires et de limogeages intempestifs de ministres, en dit long sur sa capacité à gérer un pays miné par les narco-trafiquants et où la soldatesque a la gâchette facile.

Mais comme dans bien des pays, où l’on vote pour un candidat plus parce qu’on  est parenté à lui  ou qu’on est issu du même village que par conviction politique, Kumba Yala pourrait compter sur son électorat de l’ethnie majoritaire balante que l’on dit  fidèle et disciplinée.Au bas de ce tableau où figurent ces poids lourds de la politique bissau-guinéenne et où, sauf surprise, personne ne peut passer au premier tour, apparaissent cinq candidats d’envergure plus modeste dont Henrique Rosa, ancien président de transition entre 2003 et 2005 et qui a occupé la troisième place à la présidentielle de 2009.

Même si personne n’ose parier le moindre  CFA sur ce scrutin, tant l’armée vacille au gré des intérêts des chefs militaires, une chose est  sûre : cette campagne électorale, en dépit de cette débauche de moyens pour un pays miné par la pauvreté, elle, s’est déroulée dans le calme.
Et espérons que le candidat qui sortira victorieux de ce scrutin, pourra, lui au moins, terminer son mandat sans aucune intrusion de la Grande muette dans le jeu politique.


La Rédaction

Dernière modification lejeudi, 18 janvier 2018 10:25

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