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Financement G5 Sahel: L’artillerie lourde de l’Arabie saoudite

Convoquée par le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, la réunion du G5 Sahel s’est tenue à Paris et s’est achevée sur une note de satisfaction générale. En effet, les cinq chefs d’Etat de cette task force que sont Ibrahima Boubacar Kéita (Mali), Mahamadou Issoufou (Niger), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Idrisss Déby (Tchad) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) regagnent leurs pays respectifs, plus que jamais chargés de belles promesses de financement. C’était au-delà de leurs espérances. Sur un besoin de financement estimé à 250 millions d’euros, le moins que l’on puisse dire est qu’à l’issue de ce mini-sommet dans la capitale française, c’est le nerf de la guerre qui manquera le moins.

Dès le départ, l’Union européenne avait promis 50 millions d’euros, la France 8 millions (surtout du matériel), chacun des cinq pays de la ligne de front a accepté de casquer 10 millions, les Etats-Unis 60 millions de dollars et l’Arabie saoudite avait annoncé un soutien de 100 millions de dollars. Soit dit en passant, le dernier pays cité se rachète une bonne conscience, lui qui est suspecté de financer le djihadisme à travers des organisations dites caritatives. Aujourd’hui, ce sont les Emirats arabes unis qui entrent en scène avec une promesse de 30 millions de dollars. A cela ajoutons la rallonge de l’UE dont l’écôte passe de 50 à 80 millions d’euros. Si l’on fait une petite opération arithmétique, l’on peut estimer que le combat sur le front financier est déjà en théorie gagné. En tous les cas, la rencontre de France a donné un véritable coup d’accélérateur à ce qui passait pour bien des observateurs, à commencer par le président américain Trump, pour une machine poussive qui peinerait à démarrer.

Néanmoins, si on peut se réjouir de tous ces engagements de financements, il faut surtout espérer que le mécanisme de décaissement, généralement lourd et lent, ne viendra pas briser ce formidable élan. Car il y a vraiment urgence sur cette étendue sablonneuse où les groupes terroristes continuent de dicter leur loi, multipliant les attaques chaque jour qu’Allah fait. Mais si l’on s’en tient au calendrier des prochaines rencontres, tout semble indiquer que les engagements seront tenus - pour emprunter au jargon militaire - wassa-wassa-, puisqu’en mi-janvier, les ministres de la Défense des cinq pays concernés devraient se retrouver pour aborder le sujet et, fin février, les partenaires financiers se rencontreront pour faire le point des décaissements.

Et comme pour mieux huiler la machine, au besoin de financement qui vient d’être comblé viendront s’ajouter des appuis stratégiques comme l’aide tactique sur le plan opérationnel et le renseignement de la part de la force Barkhane et des Etats-Unis, sans oublier le ravitaillement, pour ce qui concerne les interventions en territoire malien, par la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) dans des domaines aussi vitaux  pour une armée que le ravitaillement en carburant, en eau, en ration alimentaire, ainsi qu’en matière d’évacuations médicales. Si tout se passait comme prévu donc, 2018 devrait être le début d’une période éminemment critique pour les forces djihadistes qui écument le Sahel, y semant la mort et la désolation.

Malgré tout, un proverbe bien de chez nous conseille que si quelqu’un te lave le dos, tu te dois de te laver tout au moins le visage. Il appartiendra alors aux Etats du G5 Sahel de jouer leur partition, en commençant par respecter leur engagement de participer à hauteur de 10 millions d’euros pour chacun, et surtout de jouer à fond la carte de la nécessaire collaboration dans le renseignement et dans la mutualisation des forces.  Des ingrédients sans lesquels cette force conjointe ne pourra produire ses premiers résultats, attendus pour le premier semestre 2018, selon Emmanuel Macron, le véritable général en chef qui a poussé à la roue cette force sahélienne sur laquelle peu de gens pariaient le moindre euro.

 

Issa K. Barry

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