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Boko Haram : Aurore sanglante à Mubi

Et Boko Haram se rappela à notre mauvais souvenir !  A la fois de la plus cruelle des manières et avec le plus perfide des stratagèmes.

En effet, hier mardi 21 novembre 2017 aux prémices de la journée, Mubi, localité située au nord-est du Nigeria, a été le théâtre d’un attentat-suicide dont le bilan provisoire s’élevait à une cinquantaine de morts.

Et savez-vous, bonnes gens, où ce carnage matinal a eu lieu ?  

Je devine les uns parier sur une gare routière, les autres sur un marché et d’autres encore sur un établissement d’enseignement. Eh bien, vous n’y êtes pas puisque c’est une mosquée qui a été prise pour cible alors que des fidèles musulmans s’y étaient réunis pour la première prière du jour, le Fadjiri, aurore en arabe.  

L’auteur de cette bêtise crasse, venu dans cette maison d’Allah pour tout, sauf l’adorer, s’est traîtreusement mêlé à la Oummah avant de déclencher son engin explosif en pleine récitation de versets coraniques.

Certes, au moment où nous tracions les dernières lignes de cet article la boucherie de Mubi n’avait pas encore été revendiquée, mais son mode opératoire en dit suffisamment long sur son commanditaire.

En effet, comment ne pas y voir la griffe funeste du « Chacal », ainsi que l’on qualifie le chef actuel de Boko Haram, Abubakar Shekau, et du reste de la meute salafiste, qui endeuillent le Nigeria depuis maintenant huit bonnes années, faisant 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés ? Un bilan humain dont le versant économique est aussi dramatique pour les populations locales du Nord-Est.

C’est vrai, depuis 2009 qu’il est en proie aux assauts répétés de Boko Haram, devenu Etat islamique en Afrique de l’Ouest, le « Géant de l’Afrique » a subi des attaques les unes aussi meurtrières que les autres.

Ainsi à Damaturu (Nord-Est), où 150 personnes ont été tuées le 4 novembre 2011 lors d’une série d’attaques de postes de police et d’églises ; à Kano le 20 novembre 2012 où des actions coordonnées contre des symboles de l’Etat ont fait 150 morts ; à Bama (Nord-Est) le 7 mai 2013 où des raids terroristes ont provoqué la mort de 55 villageois ou à Nyanya dont la gare de bus a été visée par un attentat le 14 avril 2014 dont le nombre de victimes s’est établi à 72 morts.

Comme on peut le constater, avant cette aurore sanglante à Mubi, il y a longtemps que le pays avait connu pareil carnage.

Cette nouvelle tragédie est la preuve sanglante que bien qu’affaibli par les actions militaires conjointes des Etats membres de la Commission du bassin du lac Tchad, le « Chacal » dispose d’assez de force et de capacité de dissimulation pour frapper. Il reste d’autant  redoutable qu’il s’agit ici d’une guerre asymétrique dans laquelle ses nervis,  dont la perfidie n’a d’égal que l’absurdité du projet de califat dont ils sont les doux rêveurs, se fondent dans la population sous la forme de talibés, sébile en main, de mères de famille  en tchador ou, comme ce fut le cas ici, de disciples de Mahomet pour semer la mort par tous les moyens.

Comment peut-on prendre pour cible un lieu de culte, de surcroît musulman, alors qu’on prétend livrer un djihad, c’est-à-dire la guerre sainte, contre une société corrompue dans tous les sens du terme et cela au nom d’Allah et de son prophète Mahomet ?

Si on voulait de nouveau la preuve que Boko Haram, Al-Mourabitoun, Ansar-Dine, Al-Qaïda, Daech, le Front-al-Nostra et toutes les succursales de l’internationale djihadiste ne sont que de vulgaires bandes d’imposteurs, des réseaux d’obscurs prédicateurs, des entreprises criminelles et, in fine, des ennemis de l’islam, oui, si on voulait encore la preuve de tout cela, alors on l’a.  

Comment comprendre dans ces conditions que certains pays arabo-musulmans, au lieu d’utiliser leurs pétrodollars à bon escient, préfèrent financer, sous couvert d’œuvres caritatives, des tueurs en puissance dont les premières victimes sont leurs coreligionnaires ?

Alain Saint Robespierre   

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