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La France et le génocide rwandais : La France muette ne sera pas…entendue

Voilà qui ne va pas arranger les relations entre la France et le Rwanda. L’ex-amiral Jacques Lansade, chef d’état-major général de l’armée française au moment des faits, et l’ancien général Raymond Germanos, son adjoint, ne seront pas en effet entendus par la justice française sur la responsabilité de l’armée tricolore lors du génocide de 1994. La raison ? La cour d’appel de Paris n’a pas jugé utile de retoquer la décision prise en août par le juge d’instruction.

 

Nous sommes en fin juin 94. Le génocide des Tutsis et les massacres de Hutus, commencés deux mois plus tôt après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana et de son homologue burundais Cyprien Ntaryamira tournent à plein régime. Les soldats de l’opération turquoise, qui savaient pourtant que des civils tutsis étaient menacés dans cette localité, n’auraient finalement décidé de leur porter secours que trois jours après en avoir eu connaissance. Trois jours de trop, puisque des centaines de malheureux seront abattus.

Les éléments engagés sur le terrain auraient-ils d’abord attendu un ordre de la haute hiérarchie militaire qui ne venait pas ou, comme le suggère le magistrat instructeur, ils jouissaient d’une autonomie qui leur permettait d’intervenir ou pas sans avoir besoin que l’ordre vienne d’en haut ? Autant de questions qu’on se pose.

En tout cas pour l’ONG Survie et la Fédération internationale des droits de l’homme, constituées parties civiles dans cette affaire, en refusant d’entendre les premiers responsables à l’époque de la Grande Muette française, la justice compromet gravement l’instruction qui pourrait, en toute logique, déboucher sur un non-lieu. Et cela malgré le placement sous le statut de témoin assisté, qui n’est pas une mise en examen, de Jean-Claude Lafourcade, alors chef du dispositif Turquoise.

Pour sûr, l’évolution judiciaire de ce dossier ne va pas contribuer au réchauffement des relations entre Paris et Kigali, qui oscillent depuis entre le froid et le glacial.

Le président Paul Kagame, pourtant suspecté d’être à l’origine de la « descente » de l’avion présidentiel, élément déclencheur du génocide, a en effet toujours accusé l’Hexagone d’avoir facilité le travail des génocidaires et la fuite de nombre d’entre eux. Pour ce lourd passé, le maître de Kigali demande que la France batte sa coulpe et présente des excuses officielles, ce à quoi les autorités françaises se sont toujours refusées.

Certes, d’affreux génocidaires, à l’image de Pascal Simbikangwa, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, ont déjà comparu devant les tribunaux français, mais de tels signes de bonne volonté sont insuffisants aux yeux de « l’homme mince de Kigali » pour expier les péchés des soldats bleus, blanc, rouge, suspectés même d’avoir armé les tueurs. Au point qu’il a amené le Rwanda à quitter la Francophonie pour se lancer dans une anglicisation à outrance du pays. Et ce n’est pas une décision comme celle qui a été prise hier qui va atténuer la haine viscérale que l’enfant de Tambwe voue à l’Hexagone.

 

Hugues Richard Sama

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