Armée nigériane face à Boko Haram : Au-delà du repli tactique
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Quoi ? Une armée mise en déroute par les éléments d’une organisation terroriste, obligeant une bonne partie des forces loyalistes à traverser la frontière pour se réfugier dans un autre pays ? C’est à ce spectacle digne d’un film de série B que l’on a assisté, dimanche dernier au nord-est du Nigeria, à côté de la frontière camerounaise. En effet, tout un bataillon de l'armée nigériane (près de 500 hommes) ont été contraints à la fuite vers le Cameroun avec armes et véhicules blindés. Humiliation suprême, les soldats fugitifs ont été proprement refoulés et invités à retourner d’où ils sont venus.
On croyait l’accalmie installée dans les activités de Boko Haram. Et soudain, voilà que l’hydre se remet à frapper de toutes ses têtes, avec une violence inouïe. La grande question est que la secte islamiste est encore arrivée à mettre en déroute la première armée d’Afrique occidentale (selon les statistiques, elle est forte de 130 000 hommes) donnant plus de relief à son surnom de «géant aux pieds d’argile». Abubakar Shekau était si sûr de son affaire qu’il a proclamé à son tour un «califat islamique», dans la parfaite lignée d’un Abou Bakr al-Baghdadi en Irak avec son EIL (Etat islamique du Levant), à qui il a du reste rendu un vibrant hommage, la kalachnikov du moudjahidine au flanc.
C’est vrai, on savait la secte bien armée et ses hommes aguerris au combat aiment tutoyer la mort. Ne dit-on pas chez nous que la tête du roi appartient à celui qui ne veut pas perdre la sienne ? Mais de là à marcher sur les éléments des forces gouvernementales, contraints à la débandade vers le Cameroun voisin où ils ont été rejetés comme des pestiférés, personne ne s’y attendait. Vraiment personne ne s’y attendait ?
Pas tout à fait. Parce que qui connaît les maux dont souffre cette armée marquée au fer par la corruption, les détournements qui ont parfois fait les choux gras de la presse, et le manque de motivation de la troupe, n’est pas étonné de sa débâcle face aux combattants d’Abubakar Shekau. Et s’il y a bien quelqu’un qui doit aujourd’hui être dans ses petits souliers, si telle n’était pas sa posture depuis fort longtemps, c’est assurément le président nigérian, Jonathan Goodluck, qui, visiblement, jusque-là en tout cas, n’a pas endossé sa tenue du chef suprême des armées.
Issa K. Barry
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