Interdiction d’importation de tilapia : Mangez votre poisson braisé sans crainte

Le 18 janvier 2018, un décret interministériel interdisait provisoirement l’importation, la distribution et la commercialisation de tilapia au Burkina Faso. Cette nouvelle avait enflammé la toile avec des interprétations tous azimuts. On en sait maintenant davantage sur le contenu de la mesure avec la conférence de presse tenue par le ministère des Ressources animales et halieutiques.

Pas de crainte pour ceux qui ont un goût poussé pour ce poisson. On peut toujours manger le poisson braisé sans se faire de soucis. Ceux qui avaient déclassé ce plat pour la fête des amoureux, la Saint-Valentin en l’occurrence, il faudra reconsidérer votre position. La disposition prise par les ministères des Ressources animales, du Commerce, de l’Environnement et de l’Economie a plus un enjeu économique que sanitaire.

En effet, l’homme ne court aucun danger à consommer de tilapia. C’est plutôt dans l’optique de protéger notre jeune pisciculture du virus « de lac du tilapia » que l’importation a été interdite. Le germe est spécifique aux poissons, il n’y a pas de transmission verticale, c’est-à-dire que la contagion se fait de tilapia à tilapia. Toutefois, les importateurs de ce type de poisson devraient posséder, au préalable, une autorisation pour l’acheminer au Burkina Faso. 

Le décret stipule que l’importation, la détention en vue de la vente, la mise en vente, la vente, l’exposition et la distribution à titre gratuit de poisson tilapia sauvage ou d’élevage, vivants, sous forme d’œufs, de larves, de juvéniles, de géniteurs ou de poisson tilapia mort sous forme congelée ou dérivée en provenance de la Colombie, de l’Equateur, de l’Egypte, d’Israël et de la Thaïlande infectés par le virus de lac du tilapia sont interdites sur le territoire national.  

D’aucuns se demandent comment le poisson mort peut transmettre le virus. Selon le Dr Adama Maïga, directeur de la Santé publique vétérinaire et de la Législation, la mesure est purement préventive, car tout objet de pêche ayant été en contact avec les poissons infectés peut contribuer à propager le virus. A cela s’ajoutent les mauvaises habitudes. Il n’est pas rare de voir à proximité de nos barrages des gens éventrer l’animal et jeter ses excréments dans l’eau. Ce qui constitue une porte ouverte au danger.

Le virus en question a été découvert pour la première fois en 2014. Les pays concernés étaient la Colombie, l’Equateur et Israël. C’est en 2017 que la maladie est arrivée en Egypte et en Thaïlande.

Akodia Ezékiel Ada

Encadré 

Le tilapia dans nos langues

A la vue du décret interministériel interdisant l’importation du poisson tilapia au Burkina, un ami nous a envoyé le message que voici : « Mon cher, comment tu vas ? Tilapia là, c’est quel poisson ? » Faites comme si la question vous était adressée. C’est une colle, n’est-ce pas ? Sachez que le poisson tilapia, c’est celui que nous appelons communément carpe en français, pinré en mooré et tèbin en dioula.

A.E.A.