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Tractations pour la démissions de Jacob Zuma : Mandela pris à témoin ?

 

S’était-on réjoui trop tôt d’une démission imminente du président Jacob Zuma ? Près d’une semaine après l’annulation du discours qu’il devait prononcer au Parlement,  l’homme est toujours à son poste. Pourtant, le président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, en parlant de « discussions fructueuses » et d’une « transition » dans son pays, avait laissé espérer une démission rapide de ce dernier. Plus d’un observateur avait alors pensé qu’un accord pour une sortie honorable du vieux combattant zoulou avait été trouvé. Il faut croire que non et  l’appel à la patience que l’on a pu entendre des proches de Cyril Ramaphosa donne à penser que les discussions ne sont pas près d’aboutir. Sur quoi peuvent-elles achopper ?

Assurément sur les exigences du président Zuma. Elles pourraient se résumer à des garanties pour lui et les membres de sa famille contre d’éventuelles poursuites judiciaires après sa démission. En tout cas l’opinion publique sud-africaine avait mis en épingle une probable offre d’immunité pour lui sur qui pèse pas moins de 783 chefs d’accusation pour corruption, rackets, trafic d’influence, etc. Les rumeurs sur cette immunité négociée étaient si fortes que Cyril Ramaphosa a été obligé de les démentir. Pas pour longtemps, car bien d’observateurs croient savoir que Jacob Zuma voudrait voir l’Etat sud-africain prendre en charge les frais des multiples procès qui l’attendent après son départ de la présidence à défaut de l’immunité espérée.

Prise en charge totale ou partielle des frais d’éventuels procès par l’Etat ou l’ANC, c’est sur cette garantie voulue par Jacob Zuma que coinceraient les discussions sur sa démission. Une exigence qui, on s’en doute, met mal à l’aise Cyril Ramaphosa, lequel marche comme sur des œufs, car, d’un, il doit ménager son image d’homme intègre, futur candidat à la présidence qui a fait de la lutte contre la corruption un engagement programmatique fondamental ; de deux, en qualité de président de l’ANC, il doit jouer la carte de l’unité  et du rassemblement de tous les militants du parti. C’est un impératif pour raccommoder les fissures nées des luttes pour la succession à Jacob Zuma et plus encore pour préparer l’élection présidentielle de 2019. Un départ  mal négocié du président Zuma pourrait accentuer  les dissensions au sein de l’ANC où ce dernier disposent encore de soutiens importants. Or l’unité du parti est l’une des cartes maîtresses dont Ramaphosa a besoin pour espérer remporter la prochaine présidentielle.

Au demeurant, cette présidentielle s’annonce des plus difficiles pour l’ANC parce que l’héritage de l’icône Mandela n’a pas été du tout bien géré. Certes succéder à un grand homme comme lui était une gageure, mais on est plus qu’interloqué par l’énormité des erreurs et des fautes de ses héritiers, particulièrement celles du président actuel. Et Mandela doit se retourner dans sa tombe, affligé par les errements d’un Jacob Zuma plus prompt à la concussion qu’à la compassion pour ces millions de Sud-Africains pour qui la fin de l’apartheid n’a pas changé le destin de crève-la-faim. Comment ces héritiers de Mandela à la gouvernance peu vertueuse se sont-ils regardés dans le miroir au moment où, réunis à Cape Town, ils ont célébré, ce 11 février, les cent ans qu’aurait eus le patriarche, monument de la lutte antiapartheid ? On analysera de fond en comble le discours prononcé à l’occasion par Cyril Ramaphosa en croisant les doigts pour que les fruits de son action à la tête du parti tiennent la promesse des fleurs de ses engagements. C’est à ce prix qu’il nous évitera de continuer à nous pincer le nez ou d’avoir la nausée devant les compromissions malodorantes auxquelles Zuma nous a habitués.

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 12 février 2018 20:40

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