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Leila Zerrougui, nouvelle patronne de la MONUSCO : Bienvenue dans cette galère congolaise

 

Elle avait déjà été numéro 2 de la Mission des Nations unies au Congo (MONUSCO) entre 2008 et 2012. Ses collaborateurs, ses partenaires congolais et même ses adversaires ont gardé d’elle l’image d’une femme dotée d’une expérience solide dans la défense des droits  humains, d’une finesse d’analyse, le tout servi par un caractère bien trempé. Dieu seul sait si elle en aura besoin, particulièrement de la dernière qualité (qui peut aussi s’avérer un défaut par moments) au moment où elle repose son baluchon à Kinshasa en tant que représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en République démocratique du Congo.

 

 

Nommée en remplacement du Nigérien Maman Sambo Sidikou, Leila Zerrougui  a en effet pris officiellement fonction ce lundi 12 février 2018 comme nouvelle patronne de la MONUSCO au cours d’une petite cérémonie tout ce qu’il y a de sobre. Presque sans tambour ni trompette  si ce n’est la présence de la garde d’honneur pour celle qui est désormais à la tête de la plus grande mission de maintien de la paix dans le monde, soit environ vingt mille (20 000) militaires, policiers et civils.

 

Bienvenue donc dans cette galère congolaise. Pour avoir déjà mis les pieds dans ce bourbier, la native de Souk Ahras en Algérie  sait sans doute plus que quiconque que c’est sur un véritable champ de mines qu’elle revient à seulement deux mois du renouvellement du mandat de la Mission, prévu pour fin mars, premier test s’il en est pour Dame Zerrougui qui débarque au moment où les relations entre Kinshasa, plutôt ombrageuse sur tout ce qui touche à sa souveraineté, et  la MONUSCO sont au plus mal et les rapports entre la MONUSCO et les FARDC presque au point mort.

 

Le président Joseph Kabila en personne, qui insupporte au plus haut point ses critiques sur le respect des droits de l’homme,  ne l’a-t-il pas chargée violemment il y a à peine un mois, l’accusant notamment d’inefficacité et de vouloir mettre son grand pays sous tutelle ? C’est peu dire que la MONUSCO   n’est plus  en odeur de sainteté  en République démocratique du Congo, et dans ces conditions on ne voit comment sa nouvelle générale y serait accueillie avec ferveur. Tout au plus les autorités congolaises observent-elles tout cela avec une bienveillante indifférence.

 

La mission de Leila Zerrougui est d’autant plus périlleuse que le dialogue politique est aujourd’hui au degré zéro, pouvoir et opposition ne se parlant plus que par manifestations   interposées, du reste régulièrement réprimées dans le sang comme le furent les marches du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018. Avec plus que jamais l’archevêque de la capitale, Monseigneur Laurent Monsengwo, qui s’affiche comme le véritable chef de file d’une opposition congolaise minée par les querelles pichrocholines souvent téléguidées par le pouvoir.

 

Si on ajoute à ce tableau déjà peu reluisant l’insécurité endémique, en particulier dans les Kasaï et les Kivu, l’incertitude persistante sur la tenue des élections générales dont la date a été fixée à décembre 2018 ainsi que la problématique de la candidature de petit Kabila dont tout laisse à penser qu’il va faire un forcing pour se représenter malgré l’interdiction constitutionnelle, on ne peut que souhaiter bien du plaisir à la juriste de 61 ans au moment où elle s’engage sur ce terrain miné de toutes parts.

 

 

Ousseni Ilboudo   

Dernière modification lemardi, 13 février 2018 22:49

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