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Manif d'enseignants : Le CEP sera-t-il pris en otage ? Spécial

Le ministère de l'Education nationale et de l'Alphabétisation a été le lieu d'un sit-in dans la matinée d'hier 6 juin 2012. 3 heures durant, des centaines d'hommes et de femmes, tous enseignants du primaire, se sont vivement mobilisés. La raison, leur mauvais traitement. Ils exigent une augmentation des frais de correction des copies d'examen et concours, et du Certificat d'études primaires (CEP) et une hausse de leur prise en charge.

Il est 10h00 lorsque nous arrivons au ministère de l'Education nationale et de l'Alphabétisation, lieu du sit-in de ce mercredi, 6 juin. A 100 m, impossible d'accéder à la cour du ministère, car une foule innombrable d'hommes et des femmes, enseignants du primaire, se mouvait à l'entrée.

Pas question de laisser passer qui que ce soit, pas même leur ministre de tutelle, Koumba Boly, qui a dû batailler pour les convaincre de la laisser partir car elle irait porter l'information à sa hiérarchie pour la résolution de ces problèmes. On pouvait entendre : "Nous sommes fatigués de la misère" ; "Non à l'injustice et à l'exploitation" ; "S'il n'y a pas de changement d'ici lundi, pas de CEP". Et un autre d'ajouter : "Nous en avons marre du sentimentalisme, cela n'a que trop duré". En outre, les manifestants  brandissaient des pancartes sur lesquelles il était écrit : "Non à l'injustice au MENA".

Depuis 8 heures du matin, les uns trempés de sueur, la mine déconfite, d'autres accroupis sous le soleil qui leur a refusé sa clémence, il était impossible de les faire bouger d'un iota ; en tout cas pas avant d'avoir obtenu une réponse de leur ministre de tutelle.

En effet, les enseignants du primaire disent avoir formulé des propositions à leurs syndicats qui devraient rencontrer les autorités compétentes pour en discuter afin de trouver un terrain d'entente. C'est donc pour renforcer cette démarche qu'ils se sont spontanément mobilisés au MENA pour exprimer de vive voix leur mécontentement. "C'est par suite d'une injustice dans la prise en charge des examens et concours scolaires que nous manifestons. En fait, lorsque vous prenez l'arrêté fixant les indemnités des surveillants, correcteurs, inspecteurs et conseillers, vous voyez qu'il y a une injustice criarde : le président du jury a 40 000 FCFA forfait et 5000 FCFA/jour pendant 18 jours ; le conseiller a 30 000 FCFA et 5 000 FCFA/jour pendant 18 jours également et nous, qui sommes sur le terrain, avons seulement 2 000 FCFA/jour ; pourtant nous sommes chargés de la surveillance et de la correction des copies", lâcha Martin Palé, impuissant.

Vivement que les conditions de vie s'améliorent car la vie chère se fait ressentir à tous les niveaux.

Fatou Sango (18 ans dans l'enseignement) ne contredira pas son prédécesseur et même renchérit en disant que les enseignants du primaire corrigent la copie à 100 FCFA tandis que ceux du secondaire le font à 300 FCFA. "Nous exigeons le réhaussement du prix de la correction de la copie et de la prise en charge", a-t-elle lancé dépitée.

Les maîtres, comme on les appelle, se sont défoulés et ont exprimé leurs déboires à l'image de Noufou Ouédraogo, enseignant à Ouagadougou. A l'intérieur d'une même Fonction publique, nous, les maîtres, sommes les seuls fonctionnaires à être brimés. Nous ne sommes tout de même pas des sous-fonctionnaires ! Nous sommes identifiables physiquement, vu notre misère. Nous ne travaillons pas dans des bureaux climatisés, ni ne bénéficions "de l'électricité de l'Etat, et la seule aubaine qui nous est donnée d'être un tant soit peu dans les conditions, c'est le CEP et là aussi, ce sont des miettes que l'on reçoit. J'exerce depuis 15 ans et rien n'a encore changé. Si d'ici lundi  il n'y a rien, nous boycotterons l'examen du CEP".

Pendant que le sit-in se tenait, les responsables des enseignants étaient en pourparlers avec ceux du MENA, et cela a duré plus d'une heure. A 10h30 donc, Sibiri Korbéogo, directeur général de l'Enseignement de base, a enfin lâché la décision issue de leur concertation : "Les autorités conscientes des propositions que vous avez évoquées, vos structures représentatives seront rencontrées ce soir afin de vous donner une réponse".

Il a ainsi demandé aux maîtres de rejoindre les classes et de rester ouverts au dialogue et à la négociation. Malgré ces propos, le calme n'est revenu que lorsque l'instituteur principal Grégoire Guissou, d'ailleurs coordonnateur du sit-in, a pris la parole pour demander à ses collègues de rentrer et d'attendre les conclusions de la rencontre. Ils se sont finalement quittés en se donnant rendez-vous pour le vendredi 8 juin s'ils ne sont pas satisfaits.

Ebou Mireille Bayala (Stagiaire)

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