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Dialogue intertogolais : Après les préliminaires, place aux choses sérieuses

Ils devraient donc, à partir d’aujourd’hui, entrer dans le vif du sujet. Depuis le jeudi 15 février 2018, le pouvoir et l’opposition, avec la facilitation du Ghana et de la Guinée, sont en effet autour d’une même table pour trouver une issue pacifique à la crise qui secoue leur pays depuis maintenant six mois jour pour jour.

C’est en effet le 19 août 2017 que tout a commencé par la manifestation monstre de l’opposition (un million de personnes selon les organisateurs) qui réclamait dans les rues de Lomé, entre autres, le retour à la Constitution de 1992 et l’effectivité du vote de la diaspora.

Six mois se sont écoulés depuis sans que les différents protagonistes soient parvenus à discuter, si ce n’est par manifestations interposées.

C’est donc déjà quelque chose pour les représentants de chaque chapelle que de s’asseoir face à face pour se dire les « gwê », comme on le dirait à Abidjan.

Jeudi et vendredi, il ne s’agissait en réalité que de préliminaires pour discuter des conditions préalables posées par les adversaires du régime avant le débat de fond.

Le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, et ses troupes revendiquaient en effet l’élargissement des personnes détenues dans le cadre des manifestations qui ont affecté le Togo depuis août dernier ainsi que de celles embastillées suite aux incendies des marchés de Lomé et de Kara. Une condition sine qua non que le pouvoir a bien été obligé de remplir en libérant  des dizaines de manifestants parmi lesquels les imams de Bafilo et de Sokodé. Ce gage de bonne volonté, le pouvoir pourrait le brandir comme un argument de négociation le moment venu.

On se demande néanmoins s’il s’agira vraiment d’un dialogue ou si on assistera à un monologue dans la mesure où chacune des parties campe sur ses positions : pour l’opposition, le retour à la loi fondamentale de 1992, qui plafonne à deux le nombre de mandats présidentiels, a pour corollaire l’incapacité pour Faure Gnassingbé de se présenter en 2020. Le chef de l’Etat et ses partisans sont déterminés, quant à eux, à organiser un référendum qu’ils savent peut-être gagné d’avance sur ce fameux plombage des mandats présidentiels et sur le mode de scrutin, qui passera d’un coup K.-O. à deux tours.

En réalité, il ne devrait pas y avoir de bagarre puisqu’en fait, le pouvoir a accédé aux revendications matricielles de l’opposition, sauf qu’il y a des non-dits. Ses contempteurs soupçonnent celui qui a hérité du trône de papa en 2005 de vouloir profiter de ce réaménagement constitutionnel pour mettre son compteur à zéro, lui qui a déjà fait deux mandats. Là gît le problème.

On est donc bien curieux de savoir comment les facilitateurs ghanéens et guinéens pourraient rapprocher des points de vue, proches en apparence, mais que tout oppose en réalité.

Trouver un consensus sur un tel problème relève pratiquement de la quadrature du cercle.

Dans son bras de fer avec le régime, l’opposition peut compter sur la bénédiction de l’Eglise catholique. L’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, a lui aussi appelé, au cours d’une sortie très remarquée le 14 février dernier, au retour à la Constitution originelle de 1992 et au départ de Faure en 2020. Un sermon qui, on l’espère, sera entendu par l’intéressé, qui veut pousser des racines sur le fauteuil présidentiel.

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemardi, 20 février 2018 00:01

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