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George Weah à Paris : Un voyage d’amour et de raison

Il avait réservé sa première visite de chef d’Etat au Sénégal, où il est allé, disait-il, remercier Macky Sall qui l’a particulièrement soutenu lors de sa marche victorieuse vers le palais présidentiel.

 

Pour dire donc « jëre-jëf » (merci en wolof) au grand frère Macky, mais aussi parce que pour lui, le Sénégal constitue un modèle pour s’inspirer et bâtir un Liberia nouveau.

Une semaine après, cap sur la France, où le président Weah est en visite officielle depuis hier. Ça aurait été un chef d’Etat de l’espace francophone qu’on aurait tout de suite crié au néocolonialisme et à une forme d’allégeance à l’ancien colonisateur, tant il est vrai que presque tous les nouveaux venus du pré-carré se sentent obligés d’aller se présenter au grand chef blanc. Et venant d’un pays anglophone, s’il s’était rendu à Londres, ça aurait été plus problématique pour la bien-pensante intelligentsia africaine, qui voit le mal partout.

En se rendant à Paris, l’ancienne gloire du football revient dans une capitale qu’elle connaît très bien, où elle a écrit une partie de sa légende footballistique, au PSG notamment, et qui lui a quelque part servi de rampe de lancement pour ses ambitions politiques et présidentielles.

Pour la petite histoire, le jeune Weah a été déniché par Claude Le Roy alors qu’il jouait au Tonnerre de Yaoundé, débarqué sur le Rocher à l’AS MONACO et entraîné par un certain Arsène Wenger, avant de poursuivre sa carrière dans le club de la capitale française pour terminer au Milan AC.

C’est d’ailleurs de cette époque que date son surnom de Mister Weah, les journalistes sportifs, fascinés par ce génie du ballon rond, ayant vite fait d’ennoblir celui qui était venu de Clara Town, un bidonville de Monrovia.

Aujourd’hui, avec sa victoire à la présidentielle, c’est une nouvelle vie qui commence. C’est désormais en VRP que Mister George revient en Mister President, pour trouver des solutions aux mille et un problèmes qui assaillent ses compatriotes. On le sait en effet, c’est d’un pays totalement délabré qu’il hérite, ravagé par 14 années de guerre civile  et par l’épidémie Ebola qui a mis à genoux cet état qui avait déjà suffisamment de difficultés à se relever  et dont l’avenir passe, entre autres, par l’éducation.

Quoi de plus normal donc qu’il ait rencontré des étudiants du Conservatoire national des arts et métiers de Paris (CNAM) ! Une première pour un chef d’Etat africain de s’adresser à un parterre de ce type. De là à y voir un copier/coller du face-à-face entre les étudiants burkinabè et Emmanuel Macron, qu’il rencontrera aujourd’hui, il n’y a qu’un pas que certains ont vite fait de franchir.

D’aucuns même poussant la comparaison jusqu’à parler de Macron africain, sans qu’on voie vraiment le lien. Ni l’âge (Macron en a 40 et Weah 51), ni le parcours et encore moins le niveau d’éducation, même s’il faut reconnaître que l’un comme l’autre ont eu des trajectoires assez atypiques.

Il faut espérer en tout cas pour lui et pour les Libériens qu’il n’est « pas venu faire du shopping à Paris», pour emprunter sa propre formule, et qu’il saura dorénavant convertir le moindre de ses déplacements en espèces sonnantes et trébuchantes au profit de ses compatriotes.

Nul doute qu’il saura trouver en Emmanuel Macron un avocat de premier choix pour plaider sa cause au sein de l’Union européenne ainsi que chez d’autres bailleurs de fonds. En cela, l’on pourrait considérer son déplacement comme un voyage d’amour et de raison dans un pays qui lui a servi de tremplin et qui pourrait lui permettre d’impulser le développement au Liberia.

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 21 février 2018 22:37

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