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Attaques de Di et de Nassougou : Du djihadisme au banditisme armé, même psychose

L’attaque du poste de douane de Di dans la province du Sourou ce 17 mars relève-t-elle du terrorisme ? Et celle du poste des agents forestiers  à Nassougou dans la Tapoa, deux jours plus tôt, est-elle le fait de djihadistes infiltrés ou d’une bande de trafiquants d’armes ?

 

 

Il fut un temps où ces évènements auraient été mentionnés dans la rubrique des chiens écrasés ou tout au plus dans celle des faits divers sanglants. Mais voilà, depuis trois ans, le Burkina est dans l’œil du cyclone du terrorisme international qui  a résolument posé ses pénates dans le Sahel. Dès lors, dans la logique du dicton qui soutient que  « celui qui a été mordu par un serpent se méfie d’une chenille », toute attaque est attribuée à l’hydre terroriste quand bien même le modus operandi pourrait faire  douter de cela. Il ne faudrait pas que le Burkina, en particulier les autorités chargées de la sécurité, succombe à la psychose de voir des disciples de Ben Laden et d’Abou Moussab Al – Zarqaoui  partout.

Certes le péril islamiste est réel et a sérieusement endeuillé le Burkina, mais quand un individu s’attaque seul à un poste de sécurité paramilitaire, qui plus est, à l’arme blanche et essaie de s’enfuir dans une vieille pirogue, on est en droit de se demander si le djihadisme n’a pas bon dos. Quelques désœuvrés permanents, organisés ou non en bandes armées,  ne profiteraient-ils pas du contexte sécuritaire perturbé et perturbant  pour s’attaquer à nos forces militaires et paramilitaires afin de leur dérober des armes, soit pour les revendre soit pour mieux s’équiper ? N’est-ce pas que la bourgade de Nassougou, tout à l’est du pays, est bien loin de la région du Sahel, théâtre de prédilection des recrues de Malam Dicko et autres adeptes du djihadisme ? Et quand ces derniers frappent en plein cœur de la capitale, Ouagadougou, ce n’est  pas pour dérober quoi que ce soit. Voilà qui explique que des Burkinabè soient  dubitatifs sur les motivations islamistes des auteurs des attaques de Di et de Nassougou non sans proposer leurs propres explications de ces tragiques évènements en contradiction avec les versions officielles des communiqués des forces de défense et de sécurité. On n’épiloguera pas sur ces contradictions pour faire plutôt remarquer que ces attaques, intervenues à deux jours d’intervalle  et  à deux semaines des audacieux attentats de Ouagadougou, allongent la liste déjà très longue de la quatre-vingtaine d’agressions dont le Burkina a été l’objet depuis 2015 avec un bilan humain d’au moins 151 victimes.

Hélas, sans verser dans un a priori pessimiste ni un fatalisme défaitiste, disons que les attaques ne sont pas près de s’arrêter quand on sait que, dans sa déclaration de revendication des attentats du 02 mars dernier, le Groupe de soutien à l’islam et  aux musulmans d’Iyad Ag Ghali a explicitement indiqué qu’il voulait punir la France pour la mort d’un de leur chef lors d’une opération de la force Barkhane le 14 février 2018 et les autorités burkinabè pour leur politique d’engagement dans le G5 Sahel.

En un mot comme en mille, Iyad Ag Ghali et  ses condisciples sont déterminés à poursuivre leur sale guerre asymétrique, et la question n’est pas de savoir s’ils frapperont encore le Burkina, mais quand et où. Ce n’est pas la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, et l’annonce d’une intensification des relations entre Paris et Ouagadougou qui freineront leurs ardeurs. Bien au contraire.

Voilà le G5 Sahel prévenu, lui dont la force commune se meut au rythme d’un moteur diesel pendant que les attaques des terroristes se recensent  presque hebdomadairement au Mali, au Burkina et au Niger dans une moindre mesure, le Tchad et la Mauritanie semblant plutôt épargnés jusqu’à présent : le premier est loin du Mali où se concentrent les groupes armés, le second est dans une posture ambiguë vis-à-vis des fous d’Allah. Par ailleurs, si l’Algérie, dont certains terroristes se servent du territoire comme d’une base arrière, se montrait plus engagée aux côtés du G5 Sahel, peut-être bien que la montée en puissance de la force commune de celui-ci serait plus rapide et plus visible sur le terrain. En attendant, gardons-nous de confondre  djihadisme et banditisme armé.

La rédaction

 

Commentaires   

0 #1 Anta 19-03-2018 00:07
Eh l'OBS, si je dis que je te comprends j'ai menti.Djihadist es woh, bandits woh, est-ce qu'il un qui vaut mieux que l'autre? Il n'y a pas son bon. Le premier c'est parce qu'il porte un turban et une barbe de bouc et qu'il crie Allah akbar au hasard sinon c'est du banditisme. Maintenant est-ce que le banditisme c'est du djihadisme? Je réponds qu'Il faut éliminer l'un et l'autre sans faire de la philosophie puisque dans l'un ou l'autre cas ils ne font pas les présentations avant d'ouvrir le feu. Quand moi je vois un serpent, je le tue après je cherche à savoir si c'est une vipère ou une couleuvre, surtout dans le noir!
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