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CAN 2013 et Mondial 2014 : Revivez le parcours exceptionnel des Etalons Spécial

L’année 2013 qui s’achève aura été exceptionnelle pour le football burkinabè à travers sa sélection nationale, les Etalons du Burkina Faso. Mais si la 29e édition de la CAN en Afrique du Sud fut un succès des plus marquants, on n’oubliera pas par contre la déception d’avoir manqué d’un cheveu  la qualification pour le mondial au Brésil en 2014. Toutefois, dans l’ensemble, c’est du bon boulot que les poulains de Paul Put ont réalisé avec à la clé une place de vice-champion d’Afriques. Revivez avec nous leur aventure qui a commencé à Nelspruit, une ville dans l’Est du Transvaal dans la province de Mpumalanga.

 

On pensait, après la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 98, que le onze du Burkina, qui a terminé demi-finaliste sur ses terres, avait amorcé une nouvelle vie, ou pour le moins un nouveau cycle dans le but de voir encore plus haut. Mais l’édition 2000 coorganisée par le Ghana et le Nigeria fut tout autre pour l’équipe qui est retombée dans ses travers.

A Kano au Nigeria où elle était basée, c’est au premier tour qu’elle  a été éliminée de même qu’en 2002 à Ségou au Mali et en 2004 à Tunis en Tunisie. Pour comble d’infortune, les Etalons ne se sont pas qualifiés pour la CAN 2006 en Egypte et celle de 2008 au Ghana.

Deux années de disette, c’en est trop et les choses vont changer avec l’arrivée d’une nouvelle équipe fédérale dont le nouveau patron est Théodore Zambendé Sawadogo, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale ; à l’époque, il était le directeur général de la LONAB. Avec lui, on tourne une nouvelle page au niveau de l’encadrement technique des Etalons, qui était généralement confié à des techniciens français.

Cette fois, c’est le dossier d’un entraîneur portugais qui a été retenu ; celui-ci a pour nom Paulo Duarte. Un jeune coach à l’allure d’un dandy et qui n’avait jamais entraîné un club en Afrique à plus forte raison une équipe nationale.

Qualifier les Etalons pour la CAN 2010 en Angola était l’objectif qu’on lui a fixé. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître,  puisqu’il a réussi sa mission et maintenu le cap pour une deuxième participation consécutive en 2012 au Gabon et en Guinée Equatoriale. Mais à Luanda comme à Malabo, Duarte n’a pu passer le premier tour avec ses poulains. Pourtant, le bilan n’est tout de même pas négatif. De retour de la deuxième ville citée, un changement ayant eu lieu à la Fédération burkinabè de football (FBF) avec l’élection du colonel Sita Sangaré, ce dernier nomme un nouvel entraîneur : Paul Put.

Après René Taelman, le nouveau venu est le deuxième belge à prendre place sur le banc après avoir coaché la sélection gambienne. Mais son arrivée à la tête de l’encadrement technique avait suscité de nombreux débats.

 

Examen réussi contre la Centrafrique

 

Si son prédécesseur était passé par le mode de qualification classique avec des poules pour être à Cabinda et à Malabo, Paul Put, lui, n’avait que deux matches à disputer pour se qualifier à la CAN 2013 en Afrique du Sud.

Contrairement au format habituel, la  Confédération africaine de football (CAF) avait opté pour un système de matches aller-retour à élimination directe.

Les équipes qui avaient participé à la CAN 2012 n’étaient pas concernées par le premier et deuxième tours. C’est au troisième tour qu’elles sont entrées en lice. Le tirage au sort effectué le 5 juillet 2012 à Johannesburg a mis sur la route du onze du Burkina la Centrafrique. Une équipe qui avait éliminé au deuxième tour l’Egypte, le septuple champion d’Afrique.

Tenez-vous bien, les Fauves du Bas Oubangui avaient frappé un grand coup en allant battre à Alexandrie les Pharaons par 3  buts à 2. A Bangui, ils avaient été tenus en échec (1-1) après avoir encore fait souffrir les Egyptiens.

C’est cette équipe-là dont les Etalons devaient  se défaire pour une troisième CAN consécutive. Ce qui fut fait, mais non sans difficulté. En terre centrafricaine, les nôtres étaient tombés au stade Barthélemy-Boganda (1-0) avant de l’emporter au stade du 4-Août par 3 buts à 1. Le fait marquant de cette rencontre, c’est pendant le temps additionnel que l’inévitable Alain Traoré avait délivré  son équipe qui a douté ce jour-là et donné des sueurs froides au public. Si le score était resté 2-1, on n’aurait jamais parlé de CAN 2013 avec le Burkina. C’est donc un premier examen réussi pour le Belge dont les compétences sont l’objet de discussions dans certains milieux.

 

 

Nelspruit soutient  les Etalons

 

La qualification acquise dans la douleur, c’est une autre tâche qui attend les Etalons à la phase finale. Dès lors, les échecs répétés des matches de poules resurgissent et le doute s’installe encore quand ses adversaires du premier tour sont connus : les Chipolopolos de la Zambie, les tenants du titre ; les Super Eagles du Nigeria et les Walyas de l’Ethiopie.

C’est à Nelspruit que le Burkina Faso va évoluer et il est même le premier pays à arriver dans cette province de Mpumalanga. Comme si les habitants de cette ville pressentent quelque chose, ils ressentent de la sympathie pour lui.

Le lundi 21 janvier 2013, au Mbombela stadium, c’est la première sortie du onze national face au Nigeria. C’est un peu David contre Goliath. Comme la chèvre de M. Séguin, les Etalons tiennent tête pendant le premier quart d’heure aux ex-champions d’Afrique. Mais ils finissent par céder aux coups de boutoir d’Emmanuel Chinenye Emenike  à la 22e minute.  C’est le score à la mi-temps. Moumouni Dagano, le capitaine du jour, et ses équipiers ont un but à remonter et il survient au cours des arrêts de jeu (90e +4). L’auteur du but égalisateur est Alain Traoré qui, sur une passe décisive de Pistroipa, bat à bout portant Vincent Enyeama.

Un point pour commencer, c’est rassurant. Quatre jours  après (le 25 janvier 2013), les poulains de Paul Put assoient leur ambition en infligeant un cinglant 4-0 aux  Antilopes Walyas de l’Ethiopie.

Quatre points en deux matches avec une différence de but  positive (4 points + 4), la voie semble dégagée pour le second tour. Elle sera une réalité après le nul obtenu (0-0) contre les Chipolopolos de la Zambie le 29 janvier 2013. Il y a bien longtemps que cela n’est plus arrivé et là, c’est un véritable morceau de bravoure. Ce jour-là, à Ouagadougou comme dans les autres villes du pays, une foule en liesse se répandait dans les rues.

A Nelspruit, on a aussi salué la vaillance du onze du Burkina qui s’est même payé le luxe de terminer à la première place avec 5 points +4.

 

Le sifflet orienté de Slim Jdidi

 

On passe désormais à l’élimination directe aux quarts de finale. Les Eperviers du Togo : ce sont eux qui se dressent sur le chemin des Etalons, lesquels ont fait de Nelspruit une citadelle imprenable. Le coup étant jouable, les Burkinabè se contentent du strict minimum (1-0) dans la première partie des prolongations, un but inscrit sur une tête rageuse de  Pitroipa reprenant un corner.

En demi-finale, c’est un autre voisin de l’Afrique de l’Ouest que les nôtres retrouvent : le Ghana, qui lui avait barré la route du premier tour à Luanda en Angola en 2010. En foot, il arrive que les temps changent et c’est une équipe survoltée et gonflée à bloc qui sort les Black Stars du Ghana aux tirs au but (1-1 ; 3-2). Au cours de cette rencontre, on n’oubliera jamais que l’arbitre tunisien, Slim Jdidi, s’est illustré tristement. Son sifflet était orienté et on se rappelle l’expulsion injuste de Pitroipa, qui avait d’ailleurs été victime de deux irrégularités dans la surface. En plus de cela, il y a eu le but refusé de Prejuce Nacoulma d’un pointu dans une forêt de jambes dans la première partie des prolongations. Malgré le coup de pouce flagrant du directeur du jeu, qui a été par la suite suspendu, la route de Jo’Burg était grandement ouverte.

 

 

Retour triomphal

 

Le dimanche 10 février 2013, à Soccer City, les Etalons retrouvent leurs compagnons des matches de poule, les Super Eagles du Nigeria. Mais ces retrouvailles tournent à l’avantage des Nigérians qui s’imposent par 1 but à 0. C’est vrai que les deux prolongations ont émoussé les joueurs, mais force est de reconnaître qu’ils n’ont pas été en mesure de bousculer leurs adversaires.

Toutefois, ils n’ont pas usurpé leur place de vice-champion d’Afriques, et comme on s’y attendait, les Burkinabè ont célébré le retour triomphal de leurs sportifs le lundi 11 février 2013. De l’aéroport de Ouaga en passant par des artères de la ville, les inconditionnels du onze national ont pu voir et saluer Daouda Diakité, Bakary Koné, Madi Panandétiguiri, Mohamed Koffi, Charles Kaboré,  Djakaridia Koné, Jonathan Pitroipa, Aristide Bancé et autres sur un porte-char arborant fièrement leurs médailles. La communion était totale et le bouquet final, c’est leur décoration au rang d’officiers de l’Ordre national dans la matinée du 12 février 2013 au stade du 4-Août avant d’être reçus en audience à Kosyam le même jour par le président du Faso.

Des souvenirs inoubliables pour une génération de joueurs qui ont porté haut les couleurs nationales et dès qu’on entendra quelque part le nom de Nelspruit, on se rappellera que c’est là-bas que la belle aventure a commencé.

Comme pour confirmer leur statut de vice-champion d’Afriques, les Etalons, qui étaient en difficulté après leur match perdu sur tapis vert contre les Diables Rouges du Congo dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde, avaient lentement mais sûrement refait surface pour terminer à la première place. Il ne restait plus qu’un match décisif contre les Fennecs d’Algérie pour être dans le lot des mondialistes, mais la qualification n’a pu être arrachée à Blida. Si les choses s'étaient bien dessinées à Ouagadougou, peut-être qu’ils auraient encore donné la mesure de leur talent en juin prochain au Brésil.

 

 

Justin Daboné

 

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