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Sarkogate : Ce coup d’accélérateur donné depuis les geôles libyennes

On le revoit encore au journal de 20 heures  de TFI le jeudi 22 mars dernier, au lendemain de sa garde à vue suivie de sa mise en examen.  Le débit inhabituellement lent mais le verbe haut, la main sur le cœur, Nicolas Sarkozy a nié en bloc les accusations de financements libyens de sa campagne de 2007.

 

Morceaux choisis de ce plaidoyer pro domo :

-         "Il n'y a pas le plus petit commencement d'une preuve [contre moi]. Il n'y a que la haine, la boue, la médiocrité, la calomnie."

-         "Ces gens-là, qui sont des assassins, des criminels, des délinquants, ne produisent aucune preuve".

-         "J'ai perdu l'élection présidentielle de 2012 à 1,5% [face à François Hollande]. La polémique lancée par Kadhafi et ses sbires m'a coûté ce point et demi."

-         « Je ferai triompher mon honneur ».

Ainsi parla Sarkozy, jouant tantôt dans le registre de l’acerbité, tantôt dans celui du pathos.

On ne sait pas s’il disait vrai ou s’il mentait avec aplomb. Mais une chose est sûre, l’étau judiciaire n’est pas près de se desserrer du cou de l’ancien chef de l’Etat français.

Quelques jours seulement après ce plaidoyer cathodique pro domo, on en sait un peu plus sur ce qui a mis le turbo à ce Sarkogate.

Comme les fameux présumés fonds de campagne, le coup d’accélérateur est, lui aussi, venu de Libye, précisément du fond des geôles où croupissent d’anciens dignitaires du régime de Kadhafi.

Accédant à une demande d’entraide judiciaire formulée depuis 2014, le bureau du procureur général de Libye a en effet transmis au juge d’instruction Serge Touraine  le  6 novembre 2017 un rapport pour le moins compromettant pour Sarkozy. Il s’agit en l’occurrence  de résultats de l’enquête préliminaire portant sur cette fameuse cagnotte qui a permis de bien huiler la machine électorale de l'UMP en 2007. 

De ces éléments qui viennent de ffuite on apprend justement que trois anciens proches de Mouammar Kadhafi, depuis leur prison, se sont saisis de cette coopération judiciaire comme d’une fenêtre de tir contre le « traître ».

Abdallah Senoussi, ancien chef des services de renseignement, Baghdadi Mahmoudi, ex-Premier ministre libyen, et Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet de Kadhafi, confirment, chacun de son côté, des versements de millions d’euros en espèces sonnantes et trébuchantes via divers porteurs de valises à des proches de l’ex-locataire de la Place Beauvau. 

De précieuses dépositions qui ont permis au discret juge d’instruction de harponner  l’homme pressé, poursuivi pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de détournement de fonds publics libyens » ; ce dernier chef d’inculpation expliquant pourquoi l’Etat libyen entend se constituer partie civile au procès.

Vu d’Afrique, ce qui arrive à Nicolas Sarkozy n’est qu’un juste retour de bâton. On se rappelle que c’est bien ce dernier, hier bras dessus dessous avec le dictateur de Tripoli, qui avait pris la tête de la coalition internationale contre le chef de la Jamahiriya arabe libyenne. Mais une fois le « Guide » éliminé après sa capture, « l’exterminator gaulois » a plié bagage vite fait et bien fait, laissant le pays se désagréger lentement mais sûrement et dont les immenses ressources pétrolières sont disputées par des milices de toutes obédiences. Une situation qui a engendré le narcodjihadisme dans la bande sahélo-saharienne. C’est donc bien fait pour la gueule de Sarkozy, estime une bonne partie de l’opinion publique africaine.

Pour autant, on ne peut s’empêcher de se demander si on ne veut pas uniquement lui instruire un procès à charge.

En effet, on ne peut manquer de s’interroger sur les circonstances dans lesquelles les fameuses dépositions ont été faites.

La question mérite d’être posée dans cette Libye qui est tout sauf un Etat de droit.

Ces témoignages d’anciens dignitaires kadhafistes ont-ils été obtenus sans la moindre contrainte ou promesse ?

Et quand bien même se serait en toute liberté qu’ils l’auraient fait, que peut bien valoir la parole d’hommes qui ont une bonne raison de détester Sarkozy, leur tombeur ?

Mais tout compte fait, avec ces nouvelles révélations qui viennent lester davantage l’ancien locataire de l’Elysée, qui croule déjà sous plusieurs charges, il aura sans doute du mal à maintenir la tête hors de l’eau.

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemardi, 27 mars 2018 20:07

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