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Extradition François Compaoré : Que va décider le juge français ?

 

Pour un peu on aurait cru que les magistrats français avaient choisi exprès leur date. C’est en effet le 13 décembre 2017, soit 19 ans, jour pour jour, après l’assassinat de Norbert Zongo, que la Cour d’appel de Paris avait entendu François Compaoré pour la première fois.

 

Accusé d’incitation à assassinat et visé par un mandat d’arrêt international lancé par la Justice burkinabè, le frère cadet du président Blaise Compaoré avait été interpellé le 29 octobre 2017 à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle puis placé sous contrôle judiciaire. Celui qu’on surnommait jadis « Petit Président » a toujours été, rappelons-le, suspecté d’être le commanditaire du meurtre avec préméditation du directeur de publication de L’Indépendant et de ses trois compagnons d’infortune en rade de Sapouy.

C’était le 13 décembre 1998. On se souvient qu’une commission d’enquête avait alors été constituée, qui avait désigné 6 suspects sérieux, tous membres de la garde présidentielle. Une instruction avait été ouverte, puis une personne, l’adjudant Marcel Kafando, aujourd’hui décédé, inculpée avant de bénéficier d’un non-lieu. Un enterrement de première classe s’il en fut, avant que l’affaire ne ressuscite à la faveur de l’insurrection populaire de fin octobre 2014, qui a précipité la chute de l’enfant terrible de Ziniaré.

 

Cette sombre affaire, qui a plongé le pays dans l’une des crises les plus graves qu’il ait jamais vécue, le 29 octobre 2017 a connu un rebondissement avec la demande d’extradition formulée par les autorités burkinabè.

 

Le précieux colis sera-t-il incessamment livré à Ouagadougou ? On devrait le savoir aujourd’hui puisque bien que cela fût initialement prévu pour le 7 mars 2018, c’est finalement ce mercredi 28 que la chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Paris doit se prononcer sur la requête burkinabè. On se rappelle que, le 13 décembre dernier, l’incriminé, à qui l’on avait demandé, comme le veut la procédure, s’il souhaitait être remis à son pays d’origine, avait naturellement répondu par la négative. Et on doute fort qu’il ait depuis changé d’avis, lui qui possède désormais un passeport ivoirien.

 

Alors, extradera, n’extradera pas ? Le 28 novembre 2017, interrogé sur la question lors de sa visite à Ouagadougou, le président Macron disait en tout cas ne pas douter que la réponse à la demande burkinabè serait favorable. Pour autant, il faut se garder de s’en réjouir trop tôt, car on se demande si Jupiter n’avait pas, en l’espèce, perdu la tête, lui qui en réalité ne peut influencer le cours de la justice.

 

Vont-ils donc lui donner raison ou le faire mentir, vu que par principe la France, qui se targue d’être la patrie de droits de l’homme, se garde bien d’extrader des mis en cause dans des pays où la peine de mort est toujours en vigueur ? Or, la peine capitale n’a pas encore été abolie au Pays des hommes intègres, même si elle n’est plus appliquée. Donc…

 

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 28 mars 2018 20:37

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