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Décès de Winnie Mandela : Que ceux qui n’ont jamais péché jettent la première pierre sur son cercueil

C’est une pluie d’hommages qui continue de s’abattre sur la dépouille de Winnie Mandela, décédée le 2 avril dernier dans sa 81e année.

 

Une pluie d’hommages qui confine à des meetings politiques, comme seule la nation arc-en-ciel sait en faire, à l’image du débarquement de Julius Malema ce mardi dans la maison mortuaire à Soweto à la tête d’un contingent d’une centaine d’accompagnateurs.

Il est vrai que, ces dernières années, ces deux personnes qui n’ont jamais ménagé leurs critiques vis-à-vis du pouvoir ANC, s’étaient beaucoup rapprochées. Quelque part, c’était le destin de deux personnalités qui avaient le bannissement en commun. «Jamais nous ne trahirons ton combat, nous le poursuivrons », s’est écrié, avec des tremolos dans la voix, l’homme au béret rouge.

En vérité, si certains hommages, notamment ceux émanant surtout du petit peuple des townships, sont sincères, d’autres en réalité, pour ne pas dire la plupart, relèvent de la simple civilité et des condoléances de circonstances, dans cette Afrique où il n’est pas bon de dire du mal d’un mort.

Mais comment ne pas voir ces larmes de crocodile couler derrière ces verres noirs, tant certains qui font mine de pleurer aujourd’hui l’ont laissé se débattre seule ce dernier quart de siècle ? Comme quoi, on vit mieux mort que vivant dans la mémoire des gens.

C’est peu de dire que celle qui fut la véritable pasionaria, l’égérie de l’ANC, l’icône des petites gens des bantoustans, en un mot comme en mille celle qui croulait sous tous les superlatifs n’a pas eu la carrière et la reconnaissance qu’elle aurait méritées à la fin de l’apartheid.

Oubliés, les durs moments des années de braise pendant lesquelles elle a alterné séjours en prison et résidences surveillées, et pendant lesquelles elle a été torturée, pour ne pas dire plus. Oublié, le courage de cette amazone qui a tenu la maison Mandela des décennies durant quand Monsieur était au bagne de Robert Island.

On ne voyait plus en elle que la marraine des Escadrons de la mort qui s’était radicalisée. D’ailleurs, qui ne l’aurait pas été à cette période ? On ne voyait plus en elle que la femme infidèle que consolait son garde du corps. On ne voyait plus en elle que la femme corrompue, etc. Que Winnie ait mal tourné entre-temps, on le veut bien. Mais que tous ceux qui, dans les mêmes circonstances, ne se seraient pas égarés jettent la première pierre sur son cercueil.

Dussions-nous écorner l’image de la légende décédée 13 ans plus tôt, disons que celui qui aura été le plus ingrat vis-à-vis de cette brave dame n’est autre que Nelson Mandela. Oui, vous avez bien lu ! Sitôt l’euphorie de la liberté retombée et un strapontin offert à l’épouse dans le premier gouvernement postapartheid, il évita soigneusement d’en faire la Première dame, lui préférant la compagnie de sa fille.

Mais le géant avait-il besoin de pousser l’inimité loin avec celle qui a sacrifié sa jeunesse pour lui en ne lui léguant pas le moindre rand dans son testament ? Avait-on vraiment besoin de dresser un bûcher pour celle qu’on vénérait il n’y avait pas encore longtemps ? Il faut espérer qu’après un passage terrestre aussi tourmenté, les deux vont se réconcilier, sinon se pardonner là-haut et unir leurs forces comme ils le firent jadis pour veiller sur cette nation arc-en-ciel qu’ils ont tant aimée.

Issa K. Barry

Dernière modification lejeudi, 05 avril 2018 22:02

Commentaires   

0 #2 BIENZI 13-04-2018 15:30
Malheureusement l'humain est ce qu'il est; rancunier, le pardon passe difficilement. C'est pourquoi le Seigneur est venu pour nous, pécheurs. Que le pardon nous inspire tous.
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0 #1 mobutu 04-04-2018 18:44
très bonne conclusion monsieur le journaliste. NELSON MANDELA n'aurait pas du en dépit des petites erreurs de sa femme la déshériter. Quelle femme peut rester durant 27 ans à attendre un homme dont on ne sait s'il sortirait vivant. Souvent les révolutionnaire s font du mal à leurs proches en voulant satisfaire leur peuples.
Il faut réhabiliter cette femme qui a su incarné l'espoir au moment où la jeunesse sud africaine était déboussolée
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