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Julius Maada Bio élu président de la Sierra Leone : Une autre leçon d’alternance venue de l’Afrique anglophone

 

Julius Maada Bio : 51,81% ; Samura Kamara : 48,19%, c’est la fin du suspense en Sierra Leone lors d’une présidentielle serrée. Le candidat du principal parti d’opposition, le SLPP, a confirmé au second tour du scrutin la petite avance qu’il avait acquise au premier sur le candidat du parti au pouvoir.

 

 

Victoire d’une courte tête, mais victoire tout de même qui entraîne l’alternance au sommet de l’Etat. De quoi ragaillardir tous les partis d’opposition qui, sous nos tropiques, s’échinent à vaincre des pouvoirs ankylosés dans les appareils d’Etat pour des décennies et des décennies : Cameroun, Congo Brazzaville, Tchad, Togo et on en oublie. Ces pays où l’alternance est un luxe sont majoritairement francophones, et la victoire de Maada Bio, après celle de George Weah au Liberia ou de Nana Akufo-Addo au Ghana, ressemble bien à une leçon de démocratie, une de plus, des pays anglophones.

Alors question : les pays anglophones d’Afrique sont-ils plus réceptifs au discours obaméen d’une Afrique aux institutions fortes en lieu et place d’oligarchies fortes ? On se gardera bien de tirer une conclusion hâtive sur le sujet. Cependant, on ne peut pas ne pas saluer des élections réussies dans un pays comme la Sierre Leone qui revient de loin, et à l’opposé, condamner les subterfuges de ces potentats qui rusent avec les règles du jeu démocratique pour perdurer au pouvoir.

 

Chapeau bas donc à l’alternance qui s’annonce à Freetown avec le vœu que les fruits tiennent la promesse des fleurs. Dans cette logique, on croise les doigts pour que le recours du candidat perdant contre les résultats proclamés par la commission électorale se fasse dans les règles de l’art, devant l’institution compétente, la Haute Cour de justice, et rien que devant elle. Une telle démarche participe aussi à l’enracinement de la culture démocratique, au contraire de ces contestations à la hussarde, par la rue, où l’anarchie le dispute à la violence avec des risques de déstabilisation de tout l’Etat.

Samura Kamara fait bien alors d’appeler ses partisans au calme et tout le bien que l’on souhaite à la Sierra Leone, c’est que ses intentions réelles ne soient pas à l’opposé de son discours officiel, pour la raison que les violences sporadiques entre partisans de l’opposition et du pouvoir pendant la campagne électorale avaient fait craindre une crise électorale majeure. Dans un pays où le militantisme politique recouvre bien souvent des contours ethno-régionaux, une crise postélectorale pourrait réveiller de vieux démons. Va donc pour la contestation des résultats à la régulière mais gare à l’instrumentalisation de la déception des militants à la base !

 

Quant au vainqueur qui a vite prêté serment, on le prendra au mot sur sa première déclaration : être le président de tous les Sierra-Léonais, c'est-à-dire s’élever au-dessus des clivages partisans, religieux, régionalistes et ethniques pour continuer d’arroser par la tolérance l’arbre de la paix qui a poussé sur les cendres de la guerre civile. Outre la paix sociale à renforcer, Julius Maada Bio est également attendu sur le front de la lutte contre la corruption, la promesse phare de sa campagne électorale.

Ce défi de bonne gouvernance et celui de la satisfaction des fortes attentes des populations en général, pour être relevés, ont besoin d’une synergie d’actions de toutes les institutions républicaines : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. De là à penser que le nouveau président, vu le score serré à cette présidentielle et surtout la majorité au Parlement obtenue par le parti adverse, aura besoin de faire un gouvernement d’ouverture pour espérer une cohabitation sereine, il y a un pas vite franchi. Mais attendons de voir.

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 08 avril 2018 21:44

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