Réformes institutionnelles au Tchad : Vive le Roi Idriss !
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Rideaux sur le troisième acte du scénario sur les réformes institutionnelles au Tchad ! Après le forum conclusif sur la réforme des institutions tenu fin mars dernier et boycotté par l’opposition et une bonne partie des organisations de la société civile, le Conseil des ministres a adopté, hier mardi 10 avril 2018, le projet de la IVe République.
Il ne reste plus que le quatrième et dernier acte, l’onction parlementaire, l’option référendaire ayant été rejetée par le pouvoir. Mais avec une majorité écrasante du MPS, parti au pouvoir, pan après pan, on déroule le tapis rouge au roi Idriss à l’horizon 2021, terme de son cinquième mandat.
Mais une nouvelle République pour quoi faire et quelles améliorations ces fameuses réformes apporteront-elles vraiment à la « démocrature » tchadienne et à l’ensemble de l’armature institutionnelle du pays ?
A l’origine, cette remise à plat des institutions part d’une idée généreuse : le Tchad traversant des difficultés économiques et financières après avoir joué à la cigale et dilapidé méthodiquement ses recettes pétrolières, il veut se convertir en fourmi, économe sur les bords. Pour ce faire, le projet adopté hier prévoit, entre autres, la suppression du Conseil économique et social (CES) et du Collège de contrôle et de surveillance des revenus pétroliers. Le Conseil constitutionnel, la Haute Cour de justice et la Cour des comptes deviendront, quant à eux, de simples Chambres au sein d’une Cour suprême.
Toutes choses qui devront permettre à l’Etat de réaliser des économies de bout d’échelle par ces temps de vaches maigres.
Mais comme on le sait, le chemin de l’Enfer est souvent pavé de bonnes intentions, surtout dans ce Tchad de « Super Deby ». C’est qu’avec la suppression en vue du Premier ministère et le refus du pouvoir de créer un poste de vice-président, tous les pouvoirs se trouveront désormais concentrés entre les seules mains de l’ancien petit berger de Berdoba. Il pourra, seul, traire le lait et compter les veaux. Et ils ont beau jeu, ses partisans, de prétendre ainsi s’inspirer de l’exemple béninois où le président Patrice Talon gouverne effectivement sans Premier ministre. Mais c’est affecter d’oublier que le Bénin n’est pas le Tchad.
Le premier, « ancien quartier latin de l’Afrique », a connu des alternances démocratiques depuis un quart de siècle tandis que le second est dirigé depuis maintenant vingt-huit ans par une main de fer qui ne compte pas, vous vous en doutez bien, lâcher de sitôt les rênes du pouvoir. Etant entendu que l’homme fort de N’Djamena tirera prétexte de ces réformes pour remettre son compteur à zéro en 2021, année de la prochaine présidentielle sous l’empire de la nouvelle Constitution.
Cerise sur le gâteau, la durée du mandat, déjà illimitée, passera de cinq à six ans alors que le plafonnement à 70 ans pour la candidature à la magistrature suprême a purement et simplement été sauté.
Comment, dans ces conditions, ne pas se convaincre qu’il s’agit là de modifications ad hominem qui seront opérées pour accueillir le futur roi Idriss ?
Mais puisqu’un roi ne vit pas de peu, on craint fort que son inclination à brûler la chandelle par les deux bouts ne compromette les économies de bouts de chandelles escomptées par les mesures de suppression de nombreuses institutions.
Pour tout dire, l’instauration d’une vraie démocratie, d’un Etat de droit véritable et d’une gouvernance vertueuse n’est que le cadet des soucis du « Warrior », qui devrait demander conseil auprès de Blaise Compaoré, celui-là même qui, en 1990, l’avait aidé à s’installer sur le fauteuil présidentiel qu’il veut transformer en trône.
Alain Saint Robespierre
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