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Détournements présumés à la Fédération congolaise de football: Quel carton la justice va-t-elle brandir ?

Est-on en train d’assister aux prémisses d’une opération mains propres à la sauce congolaise ? En tout cas, depuis quelques jours, la machine à traquer les corruptions et les indélicatesses tourne à plein régime à la Présidence de la République. En effet, après les nombreuses ordonnances signées le 14 avril dernier par Joseph Kabila, qui révoquaient quelque 250 éléments du personnel judiciaire, c’est le milieu du football qui est maintenant dans la ligne de mire. Quatre responsables de la Fédération congolaise de football Association (FECOFA) ont en effet été entendus hier mercredi par le parquet pour malversations présumées. Ils avaient été interpellés la veille après des investigations menées par les inspecteurs judiciaires chargés de la lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux.

En cause, le détournement présumé de près d’un million de dollars américains (environ 500 millions de francs CFA) qui avait été demandé pour organiser quatre matchs des Léopards, l’équipe nationale de la RDC, mais dont on ne trouve pas trace dans les comptes de la FECOFA. Où est donc passée cette cagnotte ? C’est à cette question que Constant Omari, le vice-président de la fédération, Barthélemy Okito, secrétaire général aux Sports, et leurs co-suspects vont devoir répondre.

Sans présumer de la culpabilité des mis en cause, on peut dire que cette histoire vient confirmer l’idée d’un sport roi miné par la corruption et l’enrichissement illicite, de la FIFA jusqu’aux fédérations nationales en passant par les confédérations continentales. Au point d’avoir emporté, il y a quelques années de cela, le président de la FIFA Sepp Blatter, suivi de celui de l’UEFA, Michel Platini, expulsé pour ainsi dire du terrain où il jouait depuis tant et tant d’années. C’est cette même odeur de soufre qu’exhalait dans son sillage l’ancien président de la Confédération africaine de football, Issa Ayatou, jusqu’à ce qu’il soit poussé hors du terrain pour avoir voulu jouer le match de trop.

En vérité, nombreuses sont les fédérations où l’on barbote dans les caisses bien alimentées par le cash-machine qu’est devenu le football. Surtout dans nos pays où les notions de redevabilité et de transparence dans la gestion de la chose publique ne sont pas suffisamment ancrées. Combien sont-ils dans les fédérations africaines à avoir pris à la vitesse grand V l’ascenseur social grâce aux subsides tirés des financements divers et des sponsorings, et qui poussent même parfois l’indélicatesse jusqu’à casser du sucre sur le dos des athlètes, qui devraient pourtant être les premiers à profiter de cette manne ? Et l’ironie de l’histoire veut que ce soit souvent eux, les indélicats, les premiers à se plaindre de la qualité d’un match.

Pour tout dire, beaucoup gagneraient à suivre l’exemple congolais, même s’il faut attendre la fin de cette partie judiciaire pour mesurer vraiment à sa juste valeur la volonté politique d’apporter un soupçon de vertu dans un milieu fondamentalement pollué.

 

Issa K. Barry

Dernière modification lejeudi, 19 avril 2018 20:26

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