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Commune de Saponé : La décision gouvernementale suspendue par le Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat a retoqué, le vendredi 20 avril 2018, la décision du gouvernement qui a, lors du Conseil des ministres du 14 décembre dernier, dissous le conseil municipal de Saponé et procédé à la mise sous délégation spéciale de la commune. Cette décision de la juridiction supérieure en matière administrative est une première victoire pour le maire, Abdoulaye Compaoré, qui peut théoriquement reprendre son fauteuil en attendant que les juges vident la question de fond.

 

 

Les habitants de Saponé, commune située à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, s’étaient réveillés le matin du 8 décembre 2017 en apprenant l’incendie de leur hôtel de Ville dans la nuit. La crise que traversait l’exécutif municipal depuis la reprise des élections du même nom le 28 mai venait de prendre ainsi une tournure dramatique.

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) était arrivé en tête dans la cité au célèbre chapeau avec 44 conseillers. Idrissa Ouédraogo, le maire sortant, avait été adoubé par le parti à l'issue d'une primaire interne où il avait raflé 32 voix.

Tout semblait être bien ficelé jusqu’au jour du scrutin. A la surprise générale, Abdoulaye Compaoré, conseiller MPP, se présente contre le candidat officiel et est élu maire avec les voix de l'opposition et de quelques conseillers du Parti du Soleil Levant qui n'ont pas suivi la consigne de vote. Depuis lors, une partie du MPP n'a pas digéré cette « trahison » et a juré la perte du conseil municipal.

Avant l’incendie de la mairie dont les auteurs n’ont toujours pas été officiellement désignés, il y a eu plusieurs manifestations des contestataires en vue d’empêcher notamment la tenue des sessions. C’est dans ce climat social délétère avec en toile de fond des rivalités entre quartiers qu’est intervenue la décision du gouvernement de siffler la fin de la récréation par la dissolution du conseil municipal et son remplacement par une délégation spéciale.                             

Cet oukase gouvernemental avait aussitôt été attaqué par le maire déchu Abdoulaye Compaoré et ses soutiens qui le jugeaient « peu respectueux de la légalité ». Ils ont, à cet effet, déposé deux recours devant le Conseil d’Etat en janvier : le premier est une procédure d’urgence pour réclamer la suspension de l’exécution du décret, et le second demande purement et simplement l’annulation du texte.

Fait rare pour ne pas être souligné, le Conseil d’Etat vient de donner en partie raison aux plaignants, car les juges viennent de suspendre la dissolution du conseil municipal. Ce qui veut dire que la mairie peut reprendre son fonctionnement normal en attendant que la même juridiction se prononce sur le fond de l’affaire, c’est-à-dire l’annulation ou non du décret.

Le maire, que nous avons joint au téléphone, s’est dit satisfait de cette décision qui le conforte dans sa position et est confiant sur la suite, indiquant qu’en pareille situation « les deux sentences vont généralement dans le même sens ».

Quand va se faire le retour à la normale à Saponé ? « On ne peut pas le savoir. Il faut certainement que le Conseil d’Etat notifie sa décision à l’administration qui va nous en saisir pour dire à quel moment nous allons pouvoir reprendre nos activités. On attend donc qu’on nous notifie officiellement la décision », explique Abdoulaye Compaoré. Si l’édile vient d’engranger une victoire judiciaire, il reste que le problème politique sur le terrain n’est pas résolu. Se pose donc la question de l’application de la décision. Pour le bourgmestre, il appartient en premier au gouvernement de veiller au retour des autorités légitimes de la municipalité en l’accompagnant. « Il y a des organismes chargés du maintien de l’ordre et de gérer les fauteurs de troubles. Si les problèmes que nous avons connus devaient resurgir, il appartiendrait à ces organismes de faire leur travail. »

 

Hugues Richard Sama

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