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Situation de la presse dans le monde Entre «media bashing» et haines recuites

 

Et de 17 pour Reporter sans frontières (RSF) qui a rendu public mercredi dernier le classement mondial de la liberté de la presse ! Le rapport 2018 est en effet le dix-septième du genre que publie l’ONG de défense de la liberté de la presse, depuis le premier rapport sorti en 2002. Ce dernier rapport, une photographie de la situation de la presse au cours de l’année 2017, laisse apparaître une inquiétante dégradation de la situation d’ensemble de la presse à travers le monde, malgré la constante d’une bonne tenue des médias dans les pays de la Scandinavie. En effet, sur les 180 pays objet du regard critique de RSF, la situation de la presse est jugée très grave dans 12% ; difficile dans 27% ; avec des problèmes significatifs dans 35% ; plutôt bonne dans  17% et bonne dans seulement 9%.

 

 

Dans ce premier quart du 21e siècle, en pleine révolution des technologies de l’information et de la communication, c’est la surprise du chef de voir que la liberté de la presse reste une denrée rare dans seulement 26% des pays du globe. Ainsi, 74% des pays au monde méconnaissent passablement ou totalement encore la mère des libertés, celle de la presse. Par ricochet, dans ces pays c’est la liberté d’expression, d’opinion, bref, les libertés démocratiques qui sont bafouées. Et voilà penauds tous les naïfs qui pensaient révolu le temps des régimes totalitaires avec leurs rideaux de fer et leurs goulags pour journalistes téméraires et anticonformistes. Le constat de RSF d’un accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes, d’une hostilité revendiquée envers les médias, qui pis est, encouragés par des responsables politiques est  plus qu’inquiétant. C’est une alerte à prendre très au sérieux. La démocratie est en danger. Pas seulement  dans les pays du Sud, où les jeunes Etats peinent à se construire des institutions républicaines fortes mais aussi au Nord, où des présidents démocratiquement élus voient la presse, non plus comme le quatrième pouvoir, fondement essentiel de la démocratie, mais comme un empêcheur de gouverner en rond.

 

Sur ce terrain, le président américain Donald Trump est une parfaite illustration qui se comporte avec les médias comme un éléphant dans un magasin de porcelaine allant jusqu’à emprunter au tristement célèbre Joseph Staline, la caractérisation d’ « ennemi du peuple » à l’encontre des journalistes. Malheureusement, Donald Trump n’est pas le seul dirigeant du Nord à se vautrer dans ce « media- bashing » et ces haines recuites contre les journalistes. En France, en République tchèque, en Slovaquie, etc.,  le rapport 2018 de RSF note également des violences verbales de leaders politiques à l’encontre de la presse.

 

En Afrique, si le rapport indique un léger mieux dans la situation de la presse, c’est non sans avoir dénoncé les fréquentes coupures d’Internet et surtout les récurrentes agressions et arrestations de journalistes, surtout dans le Maghreb et en Afrique centrale. En Afrique de l’Ouest, la liberté de la presse est jugée plutôt bonne. Le Burkina, classé 41e mondial et 5e pays africain, y fait figure de modèle. Si l’amélioration de l’environnement démocratique explique la situation plutôt bonne des médias au Pays des hommes intègres, l’environnement économique, avec l’étroitesse du marché publicitaire, est un handicap important dans le développement des médias. Que la liberté de la presse nationale aurait été plus grande, si les médias étaient économiquement mieux lotis !

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 29 avril 2018 16:20

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