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Crise centrafricaine: Ce fameux PK5 de toutes les horreurs

Encore le PK5 ! Il fautcroire que ce quartier commerçant de la capitale centrafricaine est hanté tant il est à lui seul un concentré de toutes les tensions politiques, ethniques et religieuses qui, depuis des années, ne cessent de tourmenter la République centrafricaine. Dernière manifestation en date de cette malédiction du PK5, l’attaque, le mardi 1er mai, de l’église Notre-Dame de Fatima par des hommes armés. Coups de feu et jets de grenades ont fait basculer dans l’horreur la célébration matinale en l’honneur de st Joseph, patron des travailleurs. Le bilan est lourd : 16 morts dont un enfant et un prêtre, l’abbé Albert Toungoumalé-Baba, fort estimé par la communauté. En début d'après-midi, des groupes en colère après la mort du prêtre se sont rassemblés en différents points de la capitale pour transporter son corps vers le palais présidentiel qu’ils n’atteindront pas. Mais le cortège aura eu le temps de détruire une mosquée et de brûler vifs deux hommes dans le quartier de Lakouanga.

Qu’est-ce qui peut justifier tant de cruauté ? À l’origine de cette flambée de violence, un incident impliquant un milicien dénommé Moussa Empereur, membre du groupe d’autodéfense de Nimery Matar Jamous, dit Force. Incident au cours duquel Moussa aurait été blessé par les Forces de sécurité intérieure. On ignore à ce stade quels sont les auteurs de cette attaque. Mais Notre-Dame de Fatima se trouve à proximité du quartier PK5, majoritairement musulman, où le mois dernier une intervention des casques bleus de l'Onu et de membres des forces de sécurité intérieure contre des bandes criminelles avait dégénéré en bataille rangée, faisant 21 morts.

Réveil cruel des démons de la haine qui n’étaient donc qu’assoupis. Et l’horreur de ce mardi 1er mai 2018 ravive chez nombre de Banguissois le souvenir des années de braise 2013-2014 au cours desquelles l’église de Fatima décidément martyre avait déjà été victime d’une attaque faisant une quinzaine de morts.

Ces nouvelles tensions et les risques d’embrasement inter confessionnel qu’elles font craindre en disent long sur l’incapacité du pouvoir à enrayer l’insécurité grandissante dans une capitale qui, jusque-là, avait été relativement épargnée alors que, dans le reste du pays, les groupes armés continuent de sévir, se disputant le contrôle des ressources (or, diamant, bétail…).

Cela fait maintenant trois ans que Faustin Archange Touadera a été élu sur la base de promesses visant à ramener la paix et la sécurité. Mais force est de constater que le mathématicien n’a pas trouvé la bonne formule pour résoudre l’équation complexe qui se pose à lui et à ses experts. Et on a bien peur qu’à l’heure du bilan, il n’ait pas grand-chose à présenter au peuple centrafricain, cette majorité silencieuse qui n’a d’autre choix que de se terrer à la moindre poussée de fièvre. Dans ces conditions, comment peuvent-ils garder leur calme quand on le leur demande avec une si grande impuissance ?

Au fait, qu’est devenue «l’entente de Sant’Egidio» conclue en juin 2017 à Rome entre le gouvernement et une grande partie des groupes qui essaiment en Centrafrique ? Arraché aux forceps, il est fort probable que le document sur lequel se fondaient tant d’espoirs gise désormais dans les tréfonds vaseux de l’Oubangui.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 03 mai 2018 21:30

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