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Concert des 50 ans de musique d’Abdoulaye Cissé : Voyage dans le passé avec l’homme à la guitare

L’artiste-musicien burkinabè Abdoulaye Cissé, pour célébrer son demi-siècle de musique, a donné un grand concert live dans la soirée du samedi 5 mai 2018 au CENASA. Les mélomanes accourus nombreux en ces lieux ont apprécié les titres phares de l’homme à la guitare qui ont, pour certains, bercé leur jeunesse. Un voyage dans le passé qui a rappelé des souvenirs très émouvants.

 

Lorsqu’on parle d’Abdoulaye Cissé, il s’agit de cet homme né le 5 juin 1948  à Sani, dans la province des Ballé. Beaucoup s’accordent à dire que c’est une figure de proue de la musique voltaïque des années 60 à 80, et burkinabè des années 80 à nos jours. Contrairement à ce que pensent vu  son nom de famille, l’artiste n’est pas de l’ethnie peulh mais plutôt de celle marka (dafing). Très tôt, le jeune Abdoulaye est fortement influencé par la culture du Manding dont il est d’ailleurs originaire. Cependant, il est ouvert aux autres cultures, notamment occidentales, latino, congolaise et naturellement burkinabè. Cela fait de lui un artiste-musicien complet, puisqu’auteur-compositeur, interprète, chanteur et  joueur de la guitare. C’est d’ailleurs ce dernier instrument à la main qu’il entre à l’internat en classe de 6e au Cours normal de Koudougou en 1962. Quatre ans plus tard, il enregistre à 18 ans ses toutes premières compositions dans les studios de la Radio nationale en acoustique. On se rappelle ses chansons comme Mily my love, l’Amour de collégien, Lointain village, Maria Chérie…

Abdoulaye Cissé a rejoint l’orchestre Super Volta de la capitale deux années après et c’est là que commence véritablement sa carrière professionnelle. Pur produit du Cours normal donc, Cissé devenu instituteur est affecté tour à tour de 1968 à 1979 à Pouni, Kantchari, Thiou, Kaya et Silmiougou avant d’intégrer la RTB comme animateur de programmes. En 1978, tout en poursuivant sa carrière de chanteur, le natif de Sani intègre la Troupe Mutuelle Nouvelle Génération, une compagnie de théâtre dirigée alors par Karim Konaté. L’artiste a signé 4 disques 45 tours entre 1974 et 1976 dont quelques titres sont L’homme à la guitare, Jeunesse wilila, Koyembo… Il a aussi sorti un disque 33 tours de 8 titres dont Les vautours à Cotonou en 1980. Avec le titre Toumangari Djembé, il remporte le Prix Découvertes RFI en 1983. C’est alors l’occasion pour lui d’aller en tournée dans l’Océan Indien.

Quand survient la Révolution d’août 83, il créé sur instruction du président Thomas Sankara, les Colombes de la Révolution et Les petits chanteurs au poing levé dont il est le directeur technique. Abdoulaye Cissé est nommé en 1986 directeur de l’Ecole de musique de l’Académie populaire des arts, avant de créer son propre groupe musical, Diamana percussion. Avec ce groupe, il effectue une tournée en Suède sur invitation de son ami et compagnon de musique, Traoré Seydou Richard.

Les dix ans qui ont suivi, l’artiste a participé à de nombreux projets collectifs musicaux et surtout à la formation et à l’encadrement des jeunes artistes musiciens pour lesquels il compose, arrange des chansons. Abdoulaye Cissé, qu’on appelle affectueusement l’homme à la guitare, compte aujourd’hui une douzaine d’album et de nombreuses œuvres musicales pour films de réalisateurs burkinabè et africains.

 

Souvenir, souvenir !

 

Samedi dernier l’artiste a fait plaisir aux mélomanes venus revivre ses grands succès à travers un voyage dans le passé. En lever de rideau, des artistes au nombre desquels Ahmed Cissé, l’un de ses fils évoluant du côté de l’Hexagone, Pamika, Amety Meria, Dez Altino, Madou Koné venu tout droit de Bobo-Dioulasso. Tous les intervenants dont la représentante du chef du département de la Culture, le directeur du BBDA, e d’honneur, Valérie Kaboré, ont loué les talents d’artiste accompli d’Abdoulaye Cissé, qui n’a rien perdu à 70 ans de sa mélodieuse voix et de sa dextérité avec la guitare. Pour madame Kaboré, il est un artiste pétri de talents et qui a su maintenir son équilibre et traverser le temps malgré les turbulences et autres instabilités connus dans le milieu de la filière musique. Elle a particulièrement salué la longévité professionnelle d’Abdoulaye Cissé, sa riche contribution à la formation de jeunes talents, et sa production de célèbres œuvres qui enrichissent de façon inestimable le patrimoine culturel national et même mondial. Valérie Kaboré a lancé un appel aux autorités pour continuer de faire du développement de l’économie de la culture une réalité en prenant des décisions fortes et concertées, afin de rendre effective l’éclosion d’une vraie industrie culturelle et créative.

Le public n’a pas manqué au cours de la soirée de témoigner à l’artiste sa reconnaissance et sa fierté pour le travail accompli. Pour une soirée placée sous le thème « Souvenir et partage », c’en était vraiment le cas avec les nombreux mélomanes qui n’ont pas résisté au charme de la prestation très réussie de la vedette. Beaucoup en redemandaient et nombre d’entre eux sont même montés sur scène pour esquisser des pas de danse avec elle ou simplement pour « faroter » sur elle. Les ovations étaient bien nourries, preuve que le public dans salle du CENASA était satisfait.         

La soirée a été placée sous le patronage du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, le copatronage du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, le parrainage du directeur général du BBDA. Elle avait comme invitée d’honneur l’élue consulaire au titre des entreprises culturelles et créatives à la CCI-BF, Valérie Kaboré.

Après Ouagadougou, Abdoulaye Cissé se produira les jours prochains à Bobo-Dioulasso pour le bonheur des populations de la ville de Sya.

 

D. Evariste Ouédraogo

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