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Macron et l’Afrique, un an après

L’Afrique, particulièrement sa jeunesse, avait été subjuguée par la fougue de ce fringant quadragénaire qui a apporté une cure de jouvence à l’Elysée.

 

En battant Marine Le Pen par 65,5% des voix au second tour de la présidentielle, ce jeune technocrate sorti de presque nulle part devenait à 39 ans le plus jeune président que la France ait jamais connu. Il s’affichait dans une posture de ni gauche ni droite, même si en vérité son cœur est plus à droite qu’à gauche, renvoyant ainsi la vieille garde à ses chères études politiques.

Mais quel changement cet énarque, qui, rappelons-le, a fait son stage en 2012 à l’ambassade française du Nigeria alors que beaucoup de ses condisciples se bousculaient pour aller dans les capitales européenne, allait-il apporter aux relations franco-africaines où depuis de longues décennies, les promesses de rupture se sont véritablement heurtées à la realpolitik sur fond de réseau focardien, d’intérêt économique et quelques fois de condescendance quasi-paternaliste entre l’ancienne métropole et ses ex-colonies, notamment celles de l’Afrique centrale et occidentale ?

En tous les cas, le nouveau locataire de l’Elysée n’a pas mis beaucoup de temps à manifester l’intérêt qu’il porte au berceau de l’humanité auquel il a réservé sa toute première visite en tant que nouveau chef de l’Etat. C’est tout un symbole !

On se souvient en effet de son débarquement à Gao, en plein cœur du dispositif Barkhane, cette patate chaude qu’il a héritée de son prédécesseur Hollande et qu’il s’est engagé à ne pas démanteler, en tout cas pas tout de suite. En vérité, pour la génération Macron, cette visite dans le nord malien tourmenté depuis de longues années était aussi une occasion pour lui d’endosser sa tenue de chef suprême des armées.

Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que, depuis un an qu’il est aux affaires, il trace lui aussi son sillon dans ce vaste désert malien et sahélo-saharien. Et si le désengagement des forces tricolores n’est pas encore à l’ordre du jour, Paris ne manque pas  de rappeler à l’occasion que Barkhane ne restera pas éternellement au Mali et appelle de tous ses vœux l’opérationnalisation et la montée en puissance de la force commune G5 Sahel.

Mais il faudra véritablement attendre sa visite au Burkina Faso, fin novembre 2017, pour connaître les grandes lignes de la politique africaine de la France, même si, paradoxalement, il aime affirmer qu’il n’y a plus de politique africaine de la France.

Les Burkinabè, notamment les étudiants de l’université de Ouagadougou, se souviendront longtemps en tout cas de cette adresse à la jeunesse africaine dans le temple du savoir où il était arrivé dans une hostilité quasi-générale mais qu’il était quelque part arrivé à retourner, aidé par sa gouaille et, il est vrai, par l’incroyable « talent » de nos étudiants qui ont montré à la face du monde toute l’étendue de leur ignorance. Au-delà, c’est un changement de style et de ton d’un président décomplexé qui n’entend pas traîner le lourd héritage franco-africain de la colonisation.

Pour le reste, si les autorités françaises ont promis de faire passer leur budget de l’aide publique au développement de 0,35 à 0,55% du PIB d’ici 2020, il s’agit en réalité d’une vraie fausse nouvelle puisque, sous Nicolas Sarkozy, il était question de le faire passer à 0,7%.

Ce n’est donc que de la poudre aux yeux et si, sur le terrain politique, il n’existe plus cette complicité qu’on voyait jadis entre le grand chef blanc et ses vassaux dictatoriaux africains, dans le fond il y a toujours comme une bienveillante indifférence, à tout le moins vis-à-vis de nombre de ces autocrates qui martyrisent leurs peuples et manipulent les textes fondamentaux juste pour se maintenir au pouvoir. De ce point de vue, un an après, on ne peut pas dire qu’il y a quelque chose de nouveau sous le soleil franco-africain.

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemardi, 08 mai 2018 19:33

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