Menu

Visite PM malien à Ménaka : Un démineur sur une bombe à retardement

C’est un déplacement sous haute tension que le premier ministre malien effectue aujourd’hui même à Ménaka. Soumeylou Boubèye Maïga se rend en effet dans cette localité de la région de Gao, nichée aux confins du Niger et secouée depuis plusieurs années par des violences intercommunautaires qui ont mis à mal le vivre-ensemble dans cette partie du Grand Mali, si tant est qu’il y en ait jamais eu dans ce fatras d’ethnies, de tribus et de clans. Quand ce ne sont pas les Peulhs et les Daoussahaks qui s’étripent, ce sont les Imghad et les Ifoghas qui se regardent en chiens de faïence dans un bellicisme quasi séculaire qui se transmet de génération en génération.

 

Ces dernières semaines, ce cycle de violences- représailles a fait une centaine de morts dans le cercle de Ménaka malgré les appels au calme qui, lancés depuis Bamako, semblent s’être dissipés dans l’immensité du désert.  C’est une véritable poudrière identitaire s’il en est, qui menace d’exploser à tout moment et qui, ajoutée au péril terroriste auquel le pays fait face depuis 6 bonnes années, fait de cette région du Mali un potentiel volcan au bord de l’éruption.

Soumeylou Boubèye Maïga débarque dans ce cercle de la discorde alors qu’un accord vient d’être signé à Bamako entre les différentes communautés. Un compromis censé instaurer au moins un semblant de coexistence pacifique à défaut d’une paix durable. Mais pourra-t-il seulement accomplir le miracle escompté, quand on sait que les populations de Ménaka n’en sont  pas à leur première trêve ?  On se rappelle en effet que, déjà en fin avril début mai 2016, une rencontre intercommunautaire avait réuni plus de 5000 d’entre eux venus du Mali et de sa diaspora mais aussi du Niger voisin. Cadre de dialogue et de réconciliation, ce forum a abordé les problèmes sociaux et politiques. C’était l’occasion rêvée de fumer le calumet de la paix et de repartir ensemble du bon pied.

Deux ans après, on sait ce que ces belles résolutions et promesses sont devenues : emportées par le vent du désert ! Et voila que Ménaka ainsi que d’autres localités de la région sont prises dans cet engrenage communautariste dont décidément on ne sait trop comment sortir. Autant dire que c’est en véritable démineur que l’ancien ministre de la Défense , aujourd’hui Premier ministre, arrive dans cette région tourmentée. Et il faut espérer pour le Mali qu’il trouvera l’indispensable solution pour désamorcer cette bombe à retardement.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 10 mai 2018 19:53

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut