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Burundi : Qui veut flinguer le référendum de Nkurunziza ?

Choc, inquiétude, colère et questionnement sont les sentiments prédominants au Burundi, quelque 72 heures après l’attaque meurtrière d’un village, Buganda, dans la province de Cibitoke au nord-ouest  du pays. Des assaillants non encore identifiés y ont fait un carnage dans la nuit de vendredi à samedi dernier, causant la mort de 26 personnes. Ils se seraient enfuis par la suite vers la RDC voisine sans qu’on sache quelles sont leurs motivations.

 

Mais, à moins d’une semaine d’un référendum constitutionnel contesté, dans un pays où l’opposition politique est bâillonnée, les libertés d’expression et d’association sévèrement limitées, les regards se tournent vers les adversaires, pour ne pas dire plus, du régime en place à Bujumbura. A force de réduire les espaces démocratiques dans le pays, le président Pierre Nkurunziza les aurait-il poussés à opter pour une violence perlée dont l’attaque de Buganda ne serait qu’un début ? De là à penser que la perturbation du référendum constitutionnel prévu ce 17 mai est  dans leur ligne de mire, il y a un pas vite franchi par ceux qui s’inquiètent  des dérives autocratiques aux allures théocratiques du régime du pasteur-président, Pierre Nkurunziza.

En effet, il n’y va pas du dos de la cuillère, le pasteur-président, pour sacrifier la concorde nationale sur l’autel d’un pouvoir personnel prétendument messianique. Tout y passe ou presque pour construire un pouvoir fort concentré en ses  mains, lui qui s’est octroyé un troisième mandat présidentiel en 2015 en violation de la Constitution, de la lettre et de l’esprit des accords d’Arusha qui avaient mis fin à la guerre civile dans le pays. Ne voilà-t-il pas qu’avant la fin de la prolongation du match, ce troisième mandat présidentiel indû, l’illuminé, ou plutôt l’illusionné professeur d’éducation physique, impose comme une séance de tirs au but  à son opposition, dans un drôle de match où le résultat est connu d’avance. De fait, ce référendum constitutionnel aux forceps est un déni de démocratie et Pierre Nkurunziza a tout faux de se prendre pour le Moïse, voire le Messie, d’un Burundi à conduire par la chicotte vers la Terre promise d’un puritanisme évangélique.

 Dire alors que la sanglante attaque au nord-ouest du pays est l’émanation fumigène d’un Burundi dont la situation sociopolitique est comparable à un volcan qui sommeille est un euphémisme. En tout cas, l’alerte est prise très au sérieux par les autorités qui ont renforcé les dispositions sécuritaires dans cette région du nord-ouest et promis d’anéantir « les terroristes » auteurs  de cette attaque, selon Alain-Guillaume Bunyoni, le ministre de la Sécurité.

D’une latitude à l’autre, à chacun sa définition des terroristes. Ceux du ministre burundais de la Sécurité sont ces assaillants qui ont ciblé des familles de policiers dans une province d’où sont originaires beaucoup de hauts gradés de l’armée qui faisaient partie de l’ex-rébellion, aujourd’hui au pouvoir à Bujumbura. Dès lors, même si ces présumés terroristes n’ont pas revendiqué leur attaque, elle ressemble fort à un carton rouge-sang brandi contre le référendum constitutionnel du 17 mai prochain. En effet, si la nouvelle Constitution était adoptée, Pierre Nkurunziza pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2034. Une éternité pour ses opposants qui, tout en condamnant les meurtres de 26 innocents, appellent à un sursaut de la communauté internationale contre une recrudescence probable de la répression contre leurs sympathisants. On attend de voir non sans s’interroger : Et si Pierre Nkurunziza, avec ce référendum, jouait le match de trop ?

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 14 mai 2018 22:44

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