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Conférence de presse de la majorité : «Le Sahel est sous contrôle» (Vincent Dabilgou, président du NTD)

 

Deux jours après la seconde sortie médiatique hebdomadaire de l’opposition, les partis de la majorité présidentielle ont convoqué à leur tour au pied levé une conférence de presse pour  donner leur position sur des « points de préoccupation de l’actualité nationale ». Soutenant la décision du gouvernement de délocaliser les conseils de ministres, le président du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), Vincent Dabilgou, a dit qu’on pourrait commencer par le Sahel, « une région que le Burkina n’a pas perdue ».

 

 

 

 

Vincent Dabilgou, l’un des animateurs de ce point de presse, avait beau assurer que l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) n’était pas sortie du bois en réaction au dernier coup de com. de leur adversaire, difficile de ne pas y voir pourtant un lien. Surtout quand Dabs indique qu’eux aussi « lisent les journaux, ont vu les déclarations des opposants » et que la majorité veut donner « la bonne information aux populations ».

 

La plupart des points égrenés sont d’ailleurs ceux abordés par le CFOP lors de ses deux premières sorties. Et bien sûr, là où les uns voient le verre à moitié vide, les autres le voient à moitié plein.

 

La décision du gouvernement de délocaliser certains conseils des ministres critiqués par l’opposition parce que « dépensière » et ressemblant à une « précampagne » est applaudie par la mouvance qui s’étonne que tout le monde ne fasse pas comme eux. « Ce n’est pas quelque chose de nouveau, on a déjà vu des conseils de ministres se tenir à l’intérieur du pays et même en Côte d’Ivoire lors des TAC », tempère Lassané Savadogo, le secrétaire exécutif national du MPP. « C’est une mesure qui va permettre de démystifier les conseils de ministres aux yeux des populations. Pourquoi ne pas par exemple tenir le rendez-vous hebdomadaire du gouvernement sous les arbres à Bogandé ?», lance-t-il. Vincent Dabilgou estime, lui, que l’élargissement des conclaves ministériels à d’autres localités que Ouagadougou va être une occasion de découvrir directement le pouls des préoccupations des populations locales et de mettre en pratique la démocratie participative. « Les populations ont besoin que nous leur montrions que nous sommes là malgré les difficultés », soutient-il. Et d’avancer l’idée du Sahel pour commencer. Pour lui, que cette région soit en proie aux attaques et qu’enseignants et autres fonctionnaires aient déserté leurs postes, cela ne veut pas dire que le pouvoir en a perdu le contrôle : « Il y a eu aussi des attaques à Ouagadougou, mais est-ce pour autant qu’on dit qu’on a perdu la capitale ? ». Il n’y a aucun doute selon lui que « le Sahel est sous contrôle ». Celui qui est aussi ministre des Transports clame au passage que le pouvoir est conscient que ces tournées gouvernementales ne doivent pas creuser davantage des trous dans le budget de l’Etat. « Nous n’avons pas de leçons  de gestion à recevoir de ceux qui on géré hier de façon gabégique le pays », déclare pour sa part le président du  Rassemblement des patriotes pour le renouveau (RPR), Ali Badra Ouédraogo

 

 

 

Les syndicats sont pilotés par des officines

 

 

 

Le chef du gouvernement avait récemment assuré que le mouvement syndical était piloté par le Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV) dans l’intention de déstabiliser le pouvoir. L’APMP embouche la même trompette et évoque des officines qui œuvrent dans l’ombre à atteindre des « objectifs inavoués et inavouables. » Vincent Dabilgou et les siens reprennent également l’argumentaire du gouvernement sur deux autres sujets à polémique : concernant le renouvellement du parc automobile de l’Etat, le président du NTD déclare que cela répond à un souci d’efficacité, étant donné que l’ancien parc était désuet et que « presque tous les véhicules étaient sur cale » ; quant à la réduction de 40% du nombre de postes à pourvoir à la Fonction publique, dénoncée pour son caractère « anti-jeunes » par la bande à Zéphirin, elle est approuvée par la majorité selon laquelle cette décision répond à un souci de soutenabilité et de respect des ratios de fonctionnaires dans la sous-région. A en croire Vincent Dabilgou, la politique d’emploi de la mouvance pour les jeunes ne se limite pas aux concours de la Fonction publique.

 

 

 

Le terme profanation est exagéré

 

 

 

Parce qu’il s’est affiché avec à ses côtés un drapeau burkinabè où l’étoile dorée avait été remplacée par un nœud papillon jaune, le CFOP avait réclamé des excuses au Premier ministre qui aurait « profané » l’un des symboles nationaux. S’il dit comprendre la polémique et appeler désormais à plus de rigueur dans le respect des emblèmes, Lassané Savadogo affirme que « le terme profanation est exagéré ». Tout cela procède selon lui d’une volonté de l’opposition de récupérer un fait anodin pour en faire une montagne. « Pour qu’il y eût profanation, il fallait qu’il y ait une intention délibérée de modifier le drapeau, ce qui n’est pas le cas », assure-t-il.

 

 

 

Le lion est devenu caméléon

 

 

 

A l’ouverture du 7e congrès du CDP le 5 mai dernier, le chef de file de l’opposition et président de l’UPC, Zéphirin Diabré, a tenu un discours des plus flatteurs envers l’ex-parti au pouvoir. Ce qui lui avait valu hier une longue acclamation des congressistes lui vaut aujourd’hui de vives réactions de la majorité, étonnée que Zeph fasse « l’apologie du CDP » qu’il a auparavant combattu. « De lion, Zeph s’est transformé en caméléon », ironise Vincent Dabilgou, ajoutant que « le peuple burkinabè n’était pas amnésique ». Plus virulent, Ali Badra Ouédraogo parle du président de l’UPC comme d’un « torchon politique ». « De compromission en compromission, on perd sa propre dignité. Zéph devrait abandonner la politique au lieu de s’allier au CDP ». « Il ne manquerait plus qu’il prenne la carte du CDP pour que tout soit clair », enfonce Lassané Savadogo qui dit, en réaction à une formule du CFOP : « Comment deux baobabs peuvent se mettre ensemble et terrasser un troisième ? Je ne sais pas comment ça peut se faire. » Sans compter, d’après lui, avec le fait que parmi « ces baobabs autoproclamés », certains ont perdu leur ombrage et sont perturbés dans leurs racines ».

 

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification ledimanche, 20 mai 2018 19:11

Commentaires   

0 #1 Megd 18-05-2018 10:59
Honnêtement, en lisant ce compte rendu de l’AMP, je n’ai que des larmes aux jeux. Je me rends compte que ce n’était pas Blaise Compaoré le problème dans ce Burkina, mais plutôt ces gens-là. Tant dans le fond que dans la forme, rien n’a changé comme méthode. Je serai tenté de dire que c’est le CDP d’avant insurrection qui s’exprime présentement.
Je l’ai déjà écrit que sans le savoir le MPP est en train de battre la campagne pour le CDP.
Vous insultez Zephirin aujourd’hui, mais sachez que l’UPC peut-être (selon scénario) le faiseur de roi en 2020.
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