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Alpha Condé : Attention aux dérives !

Quelque sept mois seulement après son accession à la tête de la magistrature suprême de la République de la Guinée, Alpha Condé est accusé « de dérives autoritaires ». En effet, ces derniers jours, le Conseil national des organisations de la société civile guinéenne est sorti de sa réserve pour dénoncer « des atteintes aux libertés individuelles et publiques ».

 

A considérer un certain nombre de faits depuis l’arrivée de l’homme de l’Alliance Arc-en-ciel au pouvoir, ces organisations ne semblent pas avoir tort. Ce ne sont pas en tout cas les preuves de leurs récriminations qui font défaut. En rappel : le 3 avril 2011, des militants et alliés de son principal challenger de la présidentielle de novembre 2010, Cellou Dalein Diallo, leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), sortis pour l’accueillir à  son retour à Conakry  après un long séjour à l’étranger, ont été violemment réprimés « sous prétexte que la manifestation est interdite ».

Bilan : un jeune tué par balle, de nombreux blessés et des dizaines d’arrestations assorties de condamnations. Outre ces griefs, les organisations de la société civile reprochent au régime d’Alpha Condé « des intimidations policières contre des responsables de la presse privée et des condamnations d'étudiants à la prison avec sursis pour faits de grève ».

Au regard de ce qui précède, il y a de quoi craindre que le nouveau président de la République de Guinée, Alpha Condé, ne  devienne un dictateur. Comment comprendre qu’en une demi-année d’exercice du pouvoir, il accumule tant de reproches ?

C’est étonnant, surtout de la part d’un Alpha Condé, mieux placé que quiconque pour savoir que de tels actes ne sont pas de nature à favoriser l’expression démocratique dans un pays. S’il y a une personnalité guinéenne à qui l’on n’a pas de leçons à donner en la matière, c’est bien lui, Alpha Condé, qui s’est battu, pendant 50 ans, avant de parvenir à la magistrature suprême de son pays.

Que de brimades n’a-t-il pas connues ? D’où la surprise qu’un homme d’Etat de sa trempe se mette aujourd’hui à persécuter son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, à qui il doit son fauteuil pour n’avoir pas, au nom des intérêts de la Guinée, insisté sur une contestation stérile du verdict  des urnes.

Cela dit, papy Alpha, à 73 ans, l’âge de la sagesse, se doit d’avoir des égards pour ses opposants. Il y a d’ailleurs tellement de chantiers en Guinée à mettre en œuvre que ce dernier ne devrait pas perdre de temps à s’occuper de ses opposants,  à qui il tient coûte que coûte à régler leurs comptes.

Oui pour la lutte pour conserver le pouvoir, mais cela doit se faire par des moyens légaux. En qualité de professeur de droit, il devait avoir une ouverture d’esprit au lieu de s’en prendre à un citoyen leader politique parce qu’il revient dans son pays. La tendance d’Alpha Condé à violer les libertés démocratiques semble de plus en plus tourner à la paranoïa.

Et à ce rythme, s’il n’y prend garde, son rêve d’une « Guinée avec des chemins de fer, des routes, des barrages, des logements sociaux » au cours des cinq ans à venir, comme il le confiait à notre confrère Jeune Afrique, est voué à l’échec. Attention donc aux dérives pour ne pas donner raison à ceux qui pensent qu’un bon opposant n’est pas nécessairement un bon chef d’Etat.

Hamidou Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 09 juin 2011 22:15

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