Présidentielle en RDC : Katumbi et Tshisekedi se chatouillent pour rire
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A 6 mois des élections présidentielle, législatives et provinciales en RDC, les états-majors des partis politiques sont dans un remue-ménage de bon aloi. Ce n’est pas encore le branle-bas de combat généralisé ni l’ébullition débridée des campagnes électorales mais l’atmosphère politique prend des couleurs qui ne trompent pas : la précampagne est déjà installée.
Majorité et opposition affûtent chacune sa stratégie et ses armes dans une âpre adversité dont on espère qu’elle ne débordera pas les joutes électorales annoncées pour la fin de l’année.
Dans un pays vaste comme presque dix fois le Burkina, sujet à mille et une contradictions avec un Etat central qui peine à faire respecter son magistère sur toute l’étendue du territoire, les élections sont toujours un motif de crainte de dérapages violents. C’est pour prévenir ces cas malheureux de violences postélectorales que la communauté internationale surveille les préparatifs des scrutins à venir comme du lait sur le feu. Il a fallu, par exemple, une pression ouverte de l’administration Trump pour que le pouvoir de Kabila s’oblige à publier un calendrier électoral. La coopération américaine a par ailleurs financé une étude sur l’état des lieux du processus électoral dans le pays qui a mis à nu des situations à fort risque de générer des violences, voire une crise majeure : il s’agit du non-respect de l’accord politique de la Saint Sylvestre ; de l’éventuelle violation de la limitation des mandats présidentiels ; de l’exclusion d’électeurs, de candidats ou de partis souhaitant participer aux scrutins. L’OIF y est allée aussi de son apport par un audit du fichier électoral qui fait apparaître que 16,5% des inscrits l’ont été sans empreintes digitales, chose qui pourrait faciliter des fraudes lors des votes.
On n’en est pas encore là mais décembre n’est plus loin et l’on observe que l’opposition congolaise qui tient à provoquer l’alternance travaille à unir ses forces pour aller en rangs serrés à l’élection présidentielle. Alors elle se concerte, du moins celle qui se fait appeler « la vraie opposition à Joseph Kabila ». Les concertations ont lieu entre le Collectif Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi et l’Union pour la démocratie et le progrès social de Félix Tshisekedi, les partis les plus en vue de l’opposition en RDC. A l’issue d’une rencontre à deux, tenue à New York, ces adversaires les plus déterminés de Joseph Kabila ont affiché leur volonté de présenter un candidat et un programme commun à la présidentielle de décembre 2018.
Initiative louable, s’il en est, qui réjouit les bases de leurs partis respectifs mais laisse dubitatif plus d’un observateur. Pourquoi ? D’un, d’autres partis qui se réclament aussi de la « vraie opposition à Joseph Kabila » n’ont pas été associés à ces concertations. On pense notamment à l’Union pour la nation congolaise de Vital Kamehre : de deux, Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi ont chacun une forte personnalité, qui plus est, chacun croît à son étoile pour succéder à Joseph Kabila. Qui acceptera donc de s’effacer derrière l’autre le moment venu ? Les opposants africains nous ont habitués ici et là à tant d’incongruités dans leur stratégie de conquête du pouvoir qu’il n’est pas exclu qu’au moment de mettre en œuvre cet accord de candidature unique, le consensus actuel vole en éclat, chacun des prétendants à la magistrature suprême préférant être une tête de rat qu’une queue de lion. Cette éventualité nous pousse à jouer aux cassandres pour dire que ce projet de candidature unique de l’opposition congolaise à la prochaine présidentielle est une montagne qui accouchera d’une souris. Katumbi et Tshisekedi se seraient alors chatouillés pour rire.
Zéphirin Kpoda
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