Menu

Mort Luc Nkulula dans un incendie : La Lucha perd un de ses porte-flambeaux

48 heures après, on se perdait toujours en conjectures sur ce qui est arrivé à Luc Nkulula. Ce membre de la Lucha (Lutte pour le changement) est en effet mort dans la nuit de samedi à dimanche dans l’incendie de sa maison à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo.

 

Jusqu’à hier, les causes du sinistre n’étaient toujours pas connues, même si la piste criminelle semble la plus plausible, la maison n’ayant pas d’électricité au moment des faits ni de gazinière, de potentiels déclencheurs de feu.

En réalité, seule une enquête indépendante permettra d’établir un jour la vérité sur ce qui a bien pu se passer cette terrible nuit. Mais des investigations sans pression aucune sont-elles seulement possibles en RDC, surtout quand on connaît le pedigree de cet empêcheur de gouverner en rond que fut Luc Nkulula ? Licencié en droit de l’université de Goma, celui qu’on présentait comme un esprit rebelle et combatif avait, on se rappelle, été l’un des principaux porte-parole de la Lucha en août 2015 au cours de la rencontre avec le président Joseph Kabila à Goma.  Le juriste sera d’ailleurs plusieurs fois arrêté puis incarcéré sans que ses fréquents séjours derrière les barreaux aient nullement entamé sa conviction, pour ne pas dire son sacerdoce, celui de lutter pour l’avènement d’une véritable démocratie et l’instauration d’un réel Etat de droit au Congo. Il sera d’ailleurs mort les armes à la main comme son modèle, Patrice Lumumba : ce fameux samedi, il était en train de former une centaine de jeunes de la capitale du Nord-Kivu à l’engagement citoyen de proximité dans le cadre du Chemin de la paix, une initiative du célèbre Dr Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes ».

Avec la mort violente de Nkulula à seulement 33 ans, la Lucha et tous les démocrates congolais perdent un combattant de 1er ordre, un porte-flambeau. Et sous réserve des résultats d’enquêtes conséquentes, si enquête il y a, c’est tout naturellement que beaucoup pointent un doigt accusateur sur le régime de Kinshasa.

On le sait, les activistes de l’acabit de Nkulula, qu’ils soient membres de la Lucha, de Filimbi ou de toute autre organisation, n’ont jamais été en odeur de sainteté auprès des maîtres de la RDC. Quand ce ne sont pas leurs manifestations qui sont dispersées, ce sont les militants qui sont interpellés et maltraités, voire éliminés.

Mais sachant qu’il serait tout de suite accusé, le pouvoir congolais pouvait-il commanditer un tel crime à moins que ce ne soit des éléments incontrôlables, ceux qui savent tant devancer les désirs du chef comme il en existe partout ?

Pour tout dire, il n’est pas interdit de penser que le coup a bien pu être fait par des gens qui ne veulent pas du bien à « Petit Kabila ». Et Dieu seul sait combien il en a à Kinshasa, à Goma, à Kisangani et à Lumumbashi. S’il n’a rien à se reprocher, le régime a intérêt à mettre tout en œuvre pour qu’une commission d’enquête indépendante voie vite le jour.

Ce qui vient de se passer à Goma montre en tout cas combien l’engagement citoyen peut être périlleux, pour ne pas dire potentiellement mortel en Afrique. Passe encore quand c’est dans des pays comme le Sénégal avec le mouvement « Y’en a marre », au Burkina avec le Balai citoyen, mais quand c’est dans des régimes autoritaires comme ceux qui ont cours de part et d’autre du fleuve Congo, un tel combat  peut vous coûter la vie.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 12 juin 2018 22:30

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut