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Verdict extradition François Compaoré : Aujourd’hui, c’est aujourd’hui !

Extradera, extradera pas ?

 

C’est la question que l’on se posait  jusqu’hier et dont on aura la réponse aujourd’hui, car c’est ce mercredi 13 juin 2018 que la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris doit se prononcer sur  la demande d’extradition de François Compaoré. 

Interpellé à Paris le 29 octobre 2017 à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré a été brièvement gardé à vue sur la plateforme aéroportuaire avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Les autorités françaises exécutaient ainsi un mandat d’arrêt international lancé par la justice burkinabè contre le «petit président» pour «incitation à assassinats». Un rebondissement dans  l’affaire Norbert  Zongo, du nom du directeur de publication de «L’Indépendant» assassiné en compagnie de trois autres personnes le 13 décembre 1998.

Voilà maintenant vingt ans que les ayants droit des suppliciés de Sapouy attendent que lumière et justice se fassent.

L’heure de l’époussetage de l’emblématique dossier judiciaire a-t-elle enfin sonné ?

Va-t-on pouvoir enfin entendre, dans le fond, celui-là même vers lequel tous les regards accusateurs se sont tournés sitôt le quadruple assassinat commis ? Il faut l’espérer. Mais en l’espèce, il y a loin de Paris à Ouagadougou ; autrement dit, encore faut-il que le précieux colis soit emballé et expédié pour la capitale burkinabè.

Clin d’œil malicieux du calendrier judiciaire dans cette affaire, la toute première comparution de François Compaoré a eu lieu le… 13 décembre 2017. A cette audience préliminaire, à la question de savoir s’il souhaitait être jugé dans son pays, l’ancien conseiller spécial à la présidence du Faso, aujourd’hui en exil, avait naturellement répondu par la négative. Au motif qu’il n’y bénéficierait pas d’un procès équitable. Son avocat, Me Pierre-Olivier Sur, ne va-t-il pas s’accrocher à cet argument comme une moule à son rocher ? C’est que pour ce dernier, son client n’est autre qu’un bouc émissaire que la justice burkinabè, si ce n’est le pouvoir politique actuel, voudrait charger de tous les péchés de Blaise Compaoré, lui aussi en exil à Abidjan. Une stratégie de défense qui rappelle celle d’un autre avocat, laquelle avait prospéré en son temps :

en effet, le 4 décembre 2013, la Cour d’appel de Paris avait émis un avis défavorable à l’extradition vers Cotonou de Patrice Talon, alors homme d’affaires, poursuivi par son pays pour tentative d’empoisonnement du président Thomas Boni Yayi. Et on a toujours en mémoire la retentissante déclaration de Me William Boudron : « En France, on n’extrade pas quand la demande d’extradition n’est que le masque d’une persécution politique ».

S’achemine-t-on alors vers la jurisprudence Talon ? Encore une question dont la réponse sera donnée aujourd’hui.

Mais en attendant, rappelons que, d’abord prévue pour le 7 mars, c’est finalement le 28 du même mois que l’audience proprement dite s’est ouverte devant la chambre  de l’instruction de la Cour d’appel de Paris et dont le délibéré est attendu ce mercredi 13. Un chiffre qui, tel le fantôme de Norbert, semble être aux trousses de François.

Si au Burkina Faso, très nombreux sont ceux qui rêvent de voir «le petit président» ligoté sur un bûcher, il faudra néanmoins qu’ils songent à  borner leurs espérances.  Car à la lumière des débats menés lors de la dernière audience, l’issue ne s’annonce guère favorable à l’Etat burkinabè. 

En effet, certes ce qui se présentait comme un obstacle majeur, voire dirimant, à la reconduction de François Compaoré à Ouagadougou, à savoir la peine de mort, a fort opportunément été levé avec l’adoption, le 31 mai dernier, du nouveau Code pénal. Mais il ne faut pas perdre de vue que, lors de la séance du 28 mars, l’avocate générale avait relevé des failles juridiques dans le dossier. Notamment l’absence de certaines pièces. Ont-elles été apportées entre-temps par les deux avocats de l’Etat burkinabè et si oui, quelle incidence cela aura-t-il sur l’issue de la partie ?

Difficile de dire de quel côté la balance allait se pencher au moment où nous tracions ces lignes.

En tout cas, comme on le dit sur les bords de la lagune Ebrié, où le procès est autant suivi qu’à Ouagadougou, vu que les frères Compaoré sont devenus des compatriotes d’ADO, «aujourd’hui, c’est aujourd’hui».

Aussi bien du côté des avocats de François que de ceux de l’Etat burkinabè, hier fut le jour le plus long. Et pour cause !

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 13 juin 2018 19:47

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