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Conférence sur la rémunération : Hausse salariale prévue pour 80% des fonctionnaires

La conférence sur la rationalisation du système de rémunération des agents publics de l’Etat a connu son épilogue le jeudi 14 juin 2018 à Ouagadougou. Plusieurs recommandations ont germé au cours de cette concertation de 72h. Il en ressort qu’il faut réduire la durée du maintien de la rémunération des ministres et députés après leur fonction. La suppression du CES, du Médiateur du Faso, du HCRUN, du Haut représentant du Président du Faso et la hausse des salaires de 80% de fonctionnaires ont été préconisées. La question des fonds communs a aussi fait partie des débats, la conférence a proposé qu’ils soient encadrés à partir du 1er janvier 2019.

 

 

Durant ces trois journées, des représentants de 5 centrales syndicales et de 21 syndicats autonomes, de la société civile, des membres du gouvernement, des leaders religieux et coutumiers ont passé au peigne fin le document de base sur le diagnostic du mode de rétribution des fonctionnaires. Au sortir des trois ateliers de la rencontre, les participants ont fait trois recommandations : il s'agit de la mise en place d'un comité de suivi des résolutions de la rencontre associant les forces vives de la Nation, de la mise en place d'un comité technique chargé d'affiner les propositions de la conférence et d’une concertation entre le gouvernement et les collectivités territoriales pour leur prise en compte dans les différentes réformes, selon le rapporteur général, Martin Konkobo. Dans le rapport général, les participants ont échangé sur la « restauration de l’autorité de l’Etat ». Des recommandations faites dans ce sens, on peut retenir le recadrage du droit de grève par la relecture de la loi 045-60/AN du 25 juillet 1960 portant droit de grève des fonctionnaires et agents de l’Etat. Il y a également que la mise en œuvre des procédures disciplinaires et la tenue effective des conseils de discipline ont été proposées. Sur la rationalisation du système de rémunération, le SG du Syndicat national des gestionnaires des ressources humaines (SYNAGRH), Souleymane Zoromé, a indiqué qu’il a été proposé de trouver un nouvel échelonnement indiciaire de tous les emplois de l'Etat en tenant compte des statuts particuliers. Selon le SG, c’est sur la base des salaires que la moyenne a été faite pour réduire les écarts. A l’en croire, aucun travailleur ne va systématiquement ou techniquement perdre quelque chose. Bien au contraire, « il y aura 80% des fonctionnaires de l'Etat qui vont sentir une amélioration de leur salaire à hauteur de 29 000 F CFA pour compter du 1er janvier 2019 », a-t-il confié.

 

Exit le CES, le Médiateur du Faso, le HCRUN, le haut représentant du Président du Faso…

En ce qui concerne la rationalisation des dépenses de l’Etat, le rapport fait cas de plusieurs recommandations dont l’adoption d’un plan d’actions de la politique immobilière de l’Etat, la  réduction de 6 à 3 mois de la durée du maintien de la rémunération des membres du gouvernement et des présidents d’institution et de celle des députés dans les mêmes proportions après la cessation de leur fonction, la suppression de certaines institutions telles que le CES, le Médiateur du Faso, le HCRUN et le haut représentant du Président du Faso. Les missions diplomatiques et consulaires seront aussi rationalisées. « Nous nous sommes rendu compte qu’au fils des ans,  ces postes étaient lourds pour le budget de l’Etat. Il y a des pays plus développés que nous qui se mettent ensemble pour avoir une seule ambassade dans un pays pour partager les dépenses », a indiqué le ministre de l’Economie, Rosine Coulibaly/Sori. L’épineuse question des fonds communs s’est invitée dans les débats, et il en ressort que les participants ont suggéré qu’une loi les recadre, ainsi que les modalités de répartition. Selon le président du Conseil national des organisations de la société civile (CNOSC), Jonas Hien, les débats étaient houleux. « Nous n’avons pas badiné là-dessus, les Fonds communs vont être ramenés là où ils devront être », a-t-il lancé. Et le ministre de l’Economie, Rosine Coulibaly/Sori de soutenir : « L’aspect le plus important est que nous n’avons pas parlé de suppression de ces fonds. Nous avons dit de ramener les FC à des niveaux acceptables. J’espère que nous aurons la compréhension des uns et des autres ». La conférence a décidé de limiter le FC à 25% au maximum de la masse salariale annuelle des bénéficiaires. La date d’effet est fixée au 1er janvier 2019.

Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, qui a présidé la clôture des travaux, a assuré aux participants que les recommandations seraient mises en œuvre. « Nous veillerons à ce que le comité de suivi et le comité technique travaillent en étroite collaboration en vue d'opérationnaliser ces résolutions », a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement n’a pas manqué de témoigner la gratitude de son gouvernement aux différentes parties prenantes.

Parmi ces parties prenantes, on peut compter la Confédération syndicale burkinabè (CSB), dont le responsable, Guy Olivier Ouédraogo, s’est dit satisfait au sortir des travaux. Il a par ailleurs reconnu que la phase la plus difficile reste celle de la mise en œuvre : « C’est à ce niveau que des difficultés vont apparaître. Nous savons aussi que les réformes qui seront opérées au niveau des fonds communs ne rencontreront pas l’assentiment de tous les travailleurs, mais comme nous l’avons dit, pour faire un grand bond, il y a des sacrifices à faire ».

 

Les grands absents…

 

L’un des grands absents au « dialogue patriotique », pour emprunter les mots du Premier ministre, est la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), qui est l’une des six centrales syndicales du Pays des hommes intègres. C’est le cas également de la Coordination nationale des syndicats de la fonction publique (CSFP) qui avait annoncé sa non-participation à la conférence, estimant que cette rencontre « n’est pas la voie appropriée pour une discussion sereine sur une problématique comme celle portant sur la rémunération des agents publics ».  Emboîtant donc le pas à la CSFP, la Coordination des syndicats du ministère de l’Economie et des Finances (CS-MEF) s’est démarquée de ce « dialogue ».  « On ne peut pas discuter de nos salaires avec des coutumiers, des religieux, des OSC, des artistes, …Il est dit que s’il y a des problèmes de salaires, ça se discute entre employés et employeurs. Et l’employeur, qui est l’Etat, peut s’attacher des services de consultants », a expliqué le président de la CS-MEF, Mathias Kadiogo. Sur le « recadrage » des fonds communs, Mathias Kadiogo a dit que sa coordination ferait une sortie médiatique pour donner sa lecture des propositions qui ont été faites.

En attentant, la CS-MEF est en grève à partir de ce matin et ce pour toute la semaine. Selon le président, il n’y a toujours pas de dialogue entre le gouvernement et la coordination sur les sept points de leur plateforme revendicative.

 

J. Benjamine Kaboré

Dernière modification lelundi, 18 juin 2018 22:42

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