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Colopathie : «Le meilleur traitement, c’est connaître l’aliment ou la situation qui déclenche sa maladie et l’éviter» (Dr Lydie Sia, hépato-gastro-entérologue)

 

C’est une maladie à symptômes et à traitement spécifiques. Chaque malade vit sa colopathie comme il la ressent. Caractérisée par des troubles digestifs provoquant des douleurs intestinales, la colopathie touche un quart des patients qui consultent en gastrologie. Maladie incurable mais bénigne, Il suffit, pour son traitement, d’en connaître l’agent causal, qui peut être soit un aliment, soit une situation de stress, et de l’éviter. C’est du moins ce que conseille le Dr Lydie Sia, hépato-gastro-entérologue, qui nous a offert une consultation sur le sujet le mardi 12 juin au CMA Paul-IV de Ouagadougou.

 

 

 

 

Qu’est-ce que la colopathie fonctionnelle ?

 

La colopathie fonctionnelle, encore appelée troubles fonctionnels intestinaux, est un ensemble de symptômes digestifs attribués à un trouble de la sensibilité et de la motricité du tube digestif bas, précisément le colon. C’est une affection très fréquente dans la population générale. Elle représente environ ¼ des consultations en gastro-entérologie.

 

 

 

Y a-t-il différents types de colopathie ?

 

 

 

Il n’y en a pas de différentes sortes, mais chaque patient a sa particularité. Ainsi, il y a des patients qui présentent une colopathie fonctionnelle à prédominante constipation. Cela veut dire qu’ils présentent plus une constipation par leurs symptômes. Il y en a d’autres qui présentent une diarrhée prédominante et il y a également ceux qui présentent les deux, en les alternant.

 

 

 

Quels sont les autres symptômes de la colopathie ?

 

 

 

Ils sont nombreux ; la douleur abdominale est quasiment présente chez tous les patients souffrant de colopathie fonctionnelle. Et les caractères sont variables d’un patient à l’autre, mais cette douleur a la particularité de se calmer après l’émission des selles ou des gaz. Ces douleurs disparaissent également pendant les périodes de vacances quand il n’y a pas de stress.

 

Le deuxième symptôme, ce sont les ballonnements. Dans ce cas, les patients sont constamment ballonnés et s’en plaignent.

 

Le troisième, ce sont les troubles du transit intestinal comme je l’ai dit plus haut : c’est soit la constipation, soit la diarrhée, ou les deux à la fois.

 

Il y a, en plus, d’autres symptômes qui ne sont pas très fréquents mais qu’on peut citer. Il s’agit de la mauvaise haleine, de la nausée, des vomissements, des douleurs au niveau du creux épigastrique comme un ulcère. Certains patients souffrent également d’insomnie, de céphalées, de fatigue générale, de troubles urinaires, de bouffées de chaleur.

 

 

 

Y a-t-il une cause à cette maladie ?

 

 

 

On n’y a pas encore trouvé de cause exacte ; on parle plutôt de facteurs favorisants qui sont, entre autres, le profil psychologique, le stress, la dépression.

 

Un régime alimentaire non équilibré peut aussi en être la cause. Par exemple, certains consomment beaucoup de féculents. En somme, toutes les infections digestives peuvent se terminer par une colopathie fonctionnelle.

 

 

 

Le stress ou l’anxiété comme cause, ça s’explique ?

 

 

 

Oui, ça s’explique bien. En effet, les troubles psychologiques ont un impact sur le cerveau et donc sur les médiateurs (les hormones) qui contrôlent la sensibilité et la motricité du tube digestif à partir du cerveau.

 

 

 

Comment se fait le diagnostic ?

 

 

 

Le diagnostic de la colopathie est parfois difficile, parce que c’est une affection qui ne présente aucune anomalie organique, c’est-à-dire que le patient présente les signes cités, mais toutes les analyses biologiques et les examens morphologiques (scanner, échographie) qu’il fera se révéleront normaux. On dira que c’est un diagnostic d’exclusion. Lorsqu’un patient arrive avec les symptômes ci-dessus cités, on commence par faire une exploration pour rechercher une maladie. Dès lors qu’on ne trouve rien, c’est que ce patient souffre de colopathie fonctionnelle.

 

 

 

Mais vous parvenez quand même à la soigner ?

 

 

 

Non. C’est une maladie chronique incurable. Les traitements proposés visent à soulager les douleurs et les symptômes présentés par les patients. Les traitements sont alors à visée symptomatique mais on met aussi l’accent sur le traitement psychologique (pour éliminer le stress : ndlr), qui est un aspect très important et soulage le malade.

 

 

 

Ne pouvez-vous pas recourir à la chirurgie ?

 

 

 

C’est une maladie sans anomalie organique. Il n’y a pas de maladie décelée pendant les examens, donc il n’y a pas de traitement chirurgical possible.

 

 

 

Et s’il y a une complication ?

 

 

 

C’est une maladie chronique mais bénigne. Elle ne se complique jamais, à moins qu’il y ait une autre maladie associée. Si le diagnostic est fait, il n’y a pas de complication possible.

 

 

 

Vous dites que cette maladie est incurable, alors comment faire pour bien vivre avec sa colopathie ?

 

 

 

Chaque patient doit apprendre à détecter les situations qui déclenchent les symptômes et à les éviter. Il peut s’agir d’aliments particuliers, de situations émotives ou de stress.

 

 

 

Quels sont les aliments susceptibles de provoquer la colopathie ?

 

 

 

C’est spécifique à chacun. Il y en a qui ne supportent pas le pain, le lait, les féculents (ignames, pomme de terre, patate douce, haricot, choux…). Chaque patient doit apprendre à connaître les aliments qui déclenchent sa maladie.

 

Il faut savoir que toute personne est susceptible de faire une colopathie. Ce qu’il faut, c’est avoir une hygiène de vie et manger équilibré. Manger beaucoup de fruits, de légumes, moins de féculents, pratiquer une activité physique régulière, éviter l’anxiété, le stress…

 

 

Alima Seogo/Koanda

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