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Zimbabwe : Un attentat, trois hypothèses

Après-midi de frayeur ce samedi 23 juin pour le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa : quelques secondes après qu’il a quitté le podium sur lequel il venait de prononcer un discours dans le cadre d’un meeting électoral, une bombe a explosé.

 

Ce fut alors la panique dans un tohu-bohu indescriptible au White city stadium de Bulawayo où se tenait la manifestation. Au milieu des décombres de ce qui servait de tribune aux orateurs de ce jamboree électoral, les équipes d’urgence médicale vont recenser 41 blessés dont les deux vice-présidents du pays, Constantino Chiwenga et Kembo Mohadi. Deux autres hauts cadres de la ZANU-PF, le parti au pouvoir, ont également été blessés ainsi que des journalistes, mais heureusement on ne déplore, pour l’instant, aucune perte en vie humaine.

Les conjectures vont bon train sur cette attaque. De fait, à environ cinq semaines de l’élection présidentielle, cette explosion, qui perturbe un rassemblement du parti au pouvoir où était présent son leader, a vite fait de donner à penser à un attentat politique. Il visait, selon toute vraisemblance, le candidat le plus en vue à cette course à la magistrature suprême qui plus est le principal bénéficiaire du coup d’Etat du 15 novembre 2017. On s’en souvient, l’armée avait, dans un scénario inédit, écarté le sénile Robert Mugabe et sa truculente épouse Grace de la gestion du pouvoir d’Etat au profit de l’austère et sévère Mnangagwa.

L’homme rêve aujourd’hui de garder les rênes du pouvoir par les urnes. Mais c’est sans compter avec la détermination de ceux qui n’ont pas oublié son passé lointain et récent comme bras droit et exécuteur zélé des basses besognes de Mugabe. Il n’a pas été surnommé « le crocodile » pour rien. De là à penser que son passé de tortionnaire pendant la guerre d’indépendance et d’impitoyable ministre de la Sécurité pendant les années de braises que Mugabe a fait subir aux Ndebele de la région de Bulawayo rattrape Mnangagwa dans l’attentat de samedi dernier, il y a un pas vite franchi. En effet parmi les hypothèses, tentatives d’explication de cette attaque, figure celle de la main revancharde de Ndebele affiliés au parti d’opposition, le Mouvement démocratique pour le changement (MDC) ; deuxième hypothèse : Emmerson Mnangagwa aurait échappé à une tentative d’assassinat fomentée par la tendance Robert et Grace Mugabe, évincée du pouvoir par le coup d’Etat du 15 novembre dernier. Cet attentat serait donc  un plat de vengeance que le vétéran Bob et ses camarades ont voulu manger froid, n’ayant pas perdu l’espoir de rendre au cerveau du pronunciamiento contre leur champion la monnaie de sa pièce ; troisième hypothèse : des analystes de la scène politique zimbabwéenne n’excluent pas que cette explosion soit une orchestration du clan Mnangagwa, histoire de se donner un prétexte pour déployer massivement les forces armées dans toutes les régions du pays ; une vieille stratégie de la ZANU-PF pour intimider les militants de l’opposition et faire pression sur les électeurs pour qu’ils votent en sa faveur.

En attendant que la commission d’enquête indépendante que demande l’opposition soit instituée pour faire la lumière sur cet attentat, on touche du bois pour que la campagne électorale au Zimbabwe ne dérape pas dans les invectives et la violence. Le changement dans la stabilité, recherché avec l’éviction du dinosaure Mugabe, passe par une campagne électorale apaisée et des élections transparentes et équitables.

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 25 juin 2018 23:00

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