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DSK sur TF1 : Le désir insatisfait de voyeurs cathodiques

Dès l’annonce que DSK passerait sur le plateau de la première chaîne française, les connaisseurs avaient prédit que ce media ferait un tabac ! De fait, le JT du soir de Claire Chazal, dimanche 18 septembre sur TF1 creva l’audimat ; ce n’est pas tous les jours que la télévision reine de France et de Navarre réalise le score de 13,5 millions de téléspectateurs au journal de 20 heures. A peu près un Français sur cinq était scotché à son petit écran et selon les experts du PAF (Paysage audiovisuel français), il faut remonter à 2005 pour voir pareil exploit.

 

On retiendra du grand oral du désormais ex grand boss du FMI que son discours revêtit deux tons ; on vit, dans un premier temps, un DSK hésitant, peu sûr de lui, cherchant presque ses mots lorsqu’il s’agissait de revenir sur la fameuse affaire qui porte son nom ; et comme pour se donner bonne contenance, l’homme brandira avec la régularité d’une pendule le rapport du procureur Cyrus Vance, ponctuant ses propos  d’un récurrent «c’est le procureur qui le dit, ce n’est pas moi». Puis vint la partie purement technique de l’entretien; on vit alors le technicien, le professeur d’Economie à l’œuvre; il était là dans son élément; volubile, expert,  volontiers disert. C'est l'évidence même, DSK était, dans la science économique, plus à l’aise qu’il ne l’avait été dans l’affaire de la chambre 2806 du Sofitel new yorkais.

Mais on ne manquera pas d’admirer l’expertise de ses conseillers en communication; dans tout ce qui aura été dit, dans tout ce qui aura été fait, on l’aura perçu, le moindre détail aura par avance été pesé, soupesé, étudié, planifié ; avec la bienveillante complicité de la sémillante Claire Chazal réputée proche d'Anne Sinclair, l'épouse de l'incriminé Dominique. Un véritable travail de pro donc qui permet à DSK, après toutes les avanies subies, de ne pas faire de nouvelles gaffes, dans le très redouté domaine médiatique,  cette fois.

Mais au final, dans cette affaire de mœurs qui oppose la femme de chambre au ci-devant patron du FMI, fit embastiller ce dernier au célèbre pénitencier de Rikers Island avant de s’apparenter à un pétard mouillé conduisant à l’abandon des charges contre l’accusé par le procureur Cyrus Vance, quasiment tout reste en l’état; ceux qui s’attendaient à des révélations croustillantes que ferait DSK sur ce qui s’est réellement tramé dans la suite du Sofitel de Times Square seront restés sur leur faim, ou plutôt en ont été pour leur frais ; rien ne leur sera accordé pour se le mettre sous la dent. Faute d'avoir pu glisser un coup d'œil concupiscent par le petit trou de la serrure, les téléspectateurs de France et d'ailleurs, par le biais de cette séance publique de voyeurisme cathodique, espéraient savoir, de la bouche même de l'accusé, ce qui s'est réellement passé entre les quatre murs. Las, ce coup-ci, DSK, sans mauvais jeu de mot, n'est pas allé... au fond des choses et la déception des téléspectateurs est à la hauteur de ce désir insatisfait.

Déçus par cette mise en scène dans laquelle les deux comédiens n'ont pas osé sortir du rôle qui leur avait été assigné et qu'ils avaient pris le soin de bien répéter avant de monter sur le plateau comme on monte sur les planches ? Sans doute. Mais il ne pouvait, en toute logique, en être autrement car on imaginait mal l'interviewé se livrant à une partie de révélations salaces sur les ébats, consentis ou non, tarifés ou non, auxquels il s'est  adonné. Que voulait-on en effet qu'il fît ? Qu'il proclame urbi et orbi, tout penaud et crûment, qu'il s'est fait tailler une pipe ? Allons ! Allons ! Le mystère de la chambre 2806, seuls DSK et Nafissatou Diallo le connaissent et en possèdent le fin mot. Et puisque les versions qu’ils en donnent divergent en tous points, c’est bien dans le secret de leur conscience que réside la vérité de l’histoire ; la décision de la justice américaine, la plaignante en pleure tandis que le second en rit ; et rien de dit que tous les deux ne se sont pas trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

Mais que l'acte de contrition de dimanche fût sincère ou pas, toujours est-il que pour DSK, les carottes politiques sont cuites et bien cuites. Il peut désormais faire le deuil de ses ambitions nourries de gravir les marches du palais de l’Elysée. L’homme le sait très bien, qui le reconnaît sans ambages. En cela, il fait preuve d’un réalisme des plus admirables ; mais quel gâchis tout de même ! Celui que d’un accord, on se plaisait à présenter comme le ténor de la gauche française le plus à même de surclasser l’actuel locataire de l’Elysée à la présidentielle française de 2012, doit piteusement renoncer à ses ambitions politiques pour n'avoir pas su contenir ses pulsions libidineuses ! Il n’aurait peut-être pas été la panacée aux préoccupations des Français, soit ; en la matière, qui pourrait se vanter de l’être entièrement ? Mais tout de même on se disait qu’au regard de la carrure politique de l’homme à laquelle s’ajoute sa science de la chose économique, il aurait pu faire face, avec efficacité, à certaines des attentes de ses compatriotes, tant son cursus personnel semblait l’y  avoir prédisposé. Mais non, DSK se sera lui-même attaché de gros boulets aux pieds pour ne pas dire aux bijoux de famille ; les traîner est loin d’être une mince affaire puisqu’à présent, et c’est lui-même qui l’affirme, il n’a pas fini de les regretter. A tel point qu’à l’exception de certains de ses inconditionnels qui, obstinément, continuent de croire à son destin national, les autres, tous les autres s’accordent à dire que le futur politique de DSK a été noyé dans les brumes ténébreuses de la suite 2806 de l’hôtel Sofitel.

Et c’est bien en cela qu’il n’est pas osé d’affirmer que la confession médiatique de l’homme ne lui aura pas garanti une quelconque indulgence plénière. Et ce n’est pas la thèse mijotée du complot qui y changera quelque chose. Mais qu’on ne s’y trompe pas ; DSK ne mourra pas de faim ; la «grosse tête» qu’il est, dans le domaine qui est le sien, se vend bien aisément. A supposer qu’il le veuille ainsi, Il trouvera bien vite acquéreur ; à défaut, il pourra toujours se mettre à son propre compte. Et il prospérera dans le domaine qu’il aura choisi. Mais il restera toujours comme une idée de regret : il aurait pu mieux faire dans  cet autre endroit où tout le monde l’attendait au lieu de dorénavant traîner dans son sillage l'infamie devenue son fidèle compagnon.

Jean Claude Kongo

Dernière modification lemardi, 20 septembre 2011 11:48

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