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Kystes ovariens : «Les pommades et savons éclaircissants peuvent en être responsables» (Dr Clotaire Hien, gynécologue-obstétricien)

 

S’il y a une pathologie qui prend des proportions inquiétantes chez les femmes au Burkina, c’est bien les myomes, en l’occurrence les kystes ovariens et les fibromes. En attendant que nous vous proposions un numéro sur les fibromes, le Dr Clotaire Hien , gynécologue-obstétricien à l’hôpital national Blaise Compaoré, nous entretient cette semaine sur les kystes.

 

 

 

 

Qu’est-ce que les kystes ovariens ?

 

 

 

Ce sont des tumeurs, des formations liquidiennes qui se développent aux dépens de la glande ovarienne, qui est une glande reproductrice chez la femme. Il y a plusieurs types de kystes qui peuvent apparaître dès que l’activité génitale de la femme commence, c’est-à-dire quand elle commence à avoir des règles, à faire l’ovulation, et ce jusqu’à la ménopause (45-49 ans). Il y a des kystes qui peuvent aussi apparaître après la ménopause, mais ils sont très rares (seulement environ 5%).

 

 

 

Quelle est l’ampleur de cette pathologie au Burkina ?

 

 

 

Elle est très fréquente. Mais la plupart des cas sont asymptomatiques, donc peuvent passer sans qu’on s’en rende compte. Les cas accompagnés de symptômes entraînant une consultation représentent 20%.

 

 

 

Quels en sont les signes ?

 

 

 

Ils sont différents. La plupart du temps, les femmes viennent nous voir quand il y a une perturbation de leur cycle menstruel. En effet, quand il y a une perturbation au niveau de l’ovaire, le kyste entraîne un trouble de la fonction hormonale ovarienne. Ce qui fait que le cycle de la femme est modifié : il devient soit très court (10 à 20 jours), soit très long (plus de 30 jours, voire 2 mois). Au-delà de ces perturbations, il y a les douleurs. Les kystes entraînent des compressions, ils peuvent même se tordre, provoquant la douleur et nécessitant une intervention chirurgicale.

 

Ils peuvent aussi se rompre, provoquant des saignements.

 

Si ces kystes ne sont pas traités et qu’ils évoluent jusqu’à devenir un kyste organique, cela peut aussi entraîner des complications de torsion, de compression ou cancérigènes.

 

Une femme qui a un kyste diagnostiqué doit impérativement, dans les 1, 2 à 3 mois qui suivent, bénéficier d’un traitement.

 

 

 

Vous avez parlé de kyste organique. Y a-t-il différents types de kystes ?

 

 

 

Oui. Il y a deux grands groupes de kystes ovariens : les kystes fonctionnels et les kystes organiques.

 

Les premiers peuvent disparaître, même sans traitement, au bout d’1 à 3 mois. Ce sont des kystes liquidiens (liquide clair, citrin) dont la taille varie entre 10 et 30 cm. Moins un kyste est gros, moins il peut disparaître sans traitement. En dehors de ces kystes qui peuvent disparaître avec ou sans traitement, il y a ceux organiques. Leur contenu est séreux, muqueux ou solido-kystique, c’est-à-dire qu’on peut retrouver plusieurs types de cellules dedans (des cheveux, des dents et même des os), car ce sont des kystes qui dérivent de certaines cellules germinales. Ces kystes organiques peuvent augmenter et se transformer en tumeur bénigne. Le traitement requis dans ce cas est très souvent chirurgical.

 

 

 

Est-ce ces gros kystes qui deviennent plus tard des fibromes ?

 

 

 

Certains kystes qui peuvent avoir un contenu ferme, dont le tissu ressemble un peu au fibrome, et donc faire penser à un fibrome kystique de l’ovaire. Sinon le fibrome est différent du kyste, parce que développé à partir du tissu de l’utérus. Cependant, on peut avoir des localisations des fibromes au niveau des ovaires : ce sont, dans ce cas, des fibromes ovariens.

 

 

 

Comment se fait le diagnostic de kystes ?

 

 

 

Par les signes que la femme présente, on peut soupçonner la présence d’un kyste. Mais le diagnostic doit être confirmé par un examen paraclinique qu’est l’échographie. D’autres examens comme la radiographie, le scanner et l’IRM permettent aussi de confirmer le kyste.

 

 

 

Qu’est-ce qui provoque les kystes ?

 

 

 

Il n’y a pas d’étiologie connue, c’est-à-dire quelque chose de spécifique qui entraîne la formation d’un kyste. Ce qu’on sait, c’est que toute femme qui a une activité génitale active y est exposée. Quand les ovaires ont des follicules, ces follicules se développent pendant chaque cycle pour donner l’œuf. Après avoir donné l’œuf, normalement, certains follicules deviennent atrophiques, c’est-à-dire s’assèchent, meurent et se transforment en un parenchyme tissulaire. Mais lorsque ces follicules n’ont pas pu donner d’œuf (s’il n’y a pas d’ovulation), ils se développent, augmentent, prennent de la taille et deviennent un kyste. Aussi le follicule peut donner d’œuf mais la coque qui est restée, normalement, s’il y a eu grossesse, se transforme en corps jaune pour retenir la grossesse jusqu’à ce que le placenta se forme et disparaisse par la suite. S’il n’y a pas eu de grossesse ou s’il y a eu grossesse et que le corps jaune n’a pas disparu, il peut se transformer en kyste. Ce kyste peut se transformer, augmenter de taille et créer des problèmes.

 

 

 

Beaucoup accusent pourtant notre alimentation, qui favoriserait le développement de kystes…

 

 

 

Parmi les facteurs de risque, il y a surtout certains traitements hormonaux : les contraceptifs progestatifs purs. Il y a aussi certains médicaments à action ovarienne qui peuvent favoriser le développement de kystes. Il y a, en plus, les produits cosmétiques que les femmes utilisent, notamment les pommades éclaircissantes et certains savons à base d’hormones ou de produits chimiques à effets hormonaux.

 

Quant à l’alimentation, je dirai que c’est possible car, aujourd’hui, il y a beaucoup de produits chimiques qui sont utilisés et ceux-ci peuvent avoir des effets sur la fonction ovarienne, pouvant favoriser ou entretenir un kyste ovarien. Toutefois, ce n’est pas l’alimentation qui va causer le kyste mais elle peut contribuer à ce que le kyste se développe.

 

 

 

Une femme qui a des kystes peut-elle tomber enceinte ?

 

 

 

Oui, certains kystes permettent à l’ovaire d’avoir toujours une fonction. Et cette fonction peut permettre une ovulation. Donc une femme peut avoir un kyste et avoir une ovulation. Cela veut dire qu’elle peut tomber enceinte. Mais ce sont des cas rares car, comme je l’ai dit, les kystes perturbent la fonction des ovaires et entraînent généralement le blocage des cycles.

 

 

 

Les kystes sont-ils source d’infertilité ?

 

 

 

Oui, le kyste peut être source d’infertilité. D’ailleurs une des consultations qui nous permettent de diagnostiquer le kyste c’est l’infertilité. C’est par exemple le cas où la femme cherche à tomber enceinte mais n’y arrive pas, consulte alors un gynécologue qui peut diagnostiquer un kyste. Le kyste qui perturbe la fonction ovarienne peut même bloquer le fonctionnement de l’ovaire. Si le cycle de la femme est modifié ou s’il n’y a pas d’ovulation, il ne peut pas y avoir de grossesse.

 

 

 

Certaines femmes se plaignent d’avoir traité leur kyste, souvent même par intervention chirurgicale, mais qui est réapparu quelque temps après. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cela ?

 

 

 

Comme je vous l’ai dit, la plupart des femmes font des kystes sans le savoir et c’est seulement 20% qui font des kystes symptomatiques. C’est donc dire que les kystes peuvent apparaître et disparaître. Donc avec ces kystes qui apparaissent et qui disparaissent, pendant toute sa période génitale, la femme y est exposée. Les femmes doivent alors comprendre que si on traite un kyste, il va disparaître, certes, mais un autre peut apparaître. La femme peut donc faire des kystes pendant toute sa vie génitale (du début des règles jusqu’à la ménopause).

 

 

 

Vos conseils de gynéco.

 

 

 

Quand une femme remarque que son cycle n’est plus normal, quand elle a des douleurs pelviennes répétitives, des maux de bas-ventre, elle doit consulter un gynécologue.

 

C’est valable pour celle qui cherche à tomber enceinte mais qui n’y arrive pas. C’est mieux de diagnostiquer un kyste tôt, sinon quand il dure 3 à 4 mois, il peut devenir un kyste organique et là, il faut forcément un traitement chirurgical pour l’enlever. Et si l’opération n’est pas faite, il peut évoluer vers un cancer de l’ovaire, qu’on rencontre surtout chez les femmes âgées.

 

 

Alima Séogo née Koanda

 

Tél. : 79 55 55 51

 

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