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Dissolution gouvernement ivoirien: Le gnaga a commencé

C’était assez prévisible. L’affaire était en effet dans les tuyaux depuis le congrès extraordinaire du RDR qui avait entériné la création d’un parti unifié regroupant toutes les branches de la famille houphouëtiste et la constitution d’un gouvernement à son image. Ça devenait encore plus évident après la décision du bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de reporter après 2020 son 13e congrès ordinaire, celui-là même qui devait accepter ou refuser la fusion voulue par le RDR. Ainsi, le parti de l’Eléphant a choisi de présenter son propre candidat à la présidentielle. Tout cela contre l’avis d’Alassane Ouattara, pour qui la fusion devait aboutir à l’organisation de primaires au sein de la nouvelle formation pour désigner un seul porte-drapeau.

Cette décision du PDCI-RDA, qui intervenait après de longs mois d’un duel à fleuret moucheté entre Henri Konan Bédié et son petit frère « Ouattara », était pour ainsi dire une déclaration de guerre à laquelle le chef de l’Etat ivoirien vient donc de répondre. Il a en effet remercié ce mercredi 4 juillet 2018 le gouvernement et son chef, Amadou Gon Coulibaly, avant de reconduire sans surprise ce dernier.

Il revient à celui qu’on surnomme le Lion dans sa région de Korhogo de proposer une nouvelle équipe gouvernementale au sujet de laquelle les supputations vont bon train.

Si l’on s’en tient à la promesse faite lors de ce fameux congrès, on devrait voir dans cette nouvelle équipe, sous réserve de confirmation, des représentants de « particules » houphouëtistes comme le BIT, le MFA ou L’UDPCI.

Dans la même logique, les 13 ministres du désormais ancien gouvernement devraient faire les frais du « gnaga », la bagarre en argot nouchi, entre les alliés d’hier. Une déchirure d’autant plus profonde qu’elle s’associe à une fracture, puisque pas plus tard que le 3 juillet, la veille donc de la dissolution du gouvernement, six ministres PDCI  avaient tourné casaque, se désolidarisant du Sphinx de Daoukro pour créer leur mouvement dissident, favorable à l’idée d’un parti unifié. Est-ce par conviction profonde ou juste pour conserver leur maroquin et les avantages qui vont avec ? On saura très vite s’ils ont eu une juste récompense pour ce que leurs anciens camarades considèrent comme une hérésie. Rien n’est moins sûr, quand on sait que l’ingratitude est le propre des princes…

Quoi qu’il en soit, la nouvelle carte politique qui se dessine à deux ans de la présidentielle aura au moins le mérite d’être bien plus lisible. Entre le parti houphouëtiste bâti autour du RDR ; le PDCI, même amputé de ses apostats, et la galaxie Gbagbo, « on saura qui est garçon », comme on dit à Abidjan. Et que dire d’une des grandes inconnues de cette joute présidentielle… Guillaume Soro dont on se demande si à l’heure du choix il ralliera l’une des familles en compétition ou s’il préférera jouer sa propre carte?

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 05 juillet 2018 20:43

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