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Nouveau gouvernement ivoirien : Le Sphinx aboie, la caravane d’ADO passe

Il aura mis une bonne semaine à constituer son nouveau gouvernement : reconduit le même jour après sa démission et celle de son gouvernement, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a en effet rendu publique ce mardi 10 juillet sa nouvelle équipe.

 

Une semaine pour accoucher d’un exécutif, c’est quand même un peu long au regard de ce qu’on a l’habitude de voir. Preuve sans doute que la gestation a été assez difficile, ce remaniement intervenant surtout dans un contexte de crise larvée entre les deux grands partis de la coalition houphouëtiste (RDR et PDCI)  qui dirigent le pays depuis la présidentielle de 2010 et la victoire d’ADO.

Le paroxysme de ladite crise a été atteint quand un bureau du PDCI a décidé de reporter à après 2020 la question de son adhésion au nouveau parti unifié, au grand dam d’Alassane Dramane Ouattara et du RDR qui en avait posé les fondations et demandé à chacune des entités de s’y affilier ou pas.  Et comme pour rendre l’horizon encore plus incertain, la veille de la dissolution de l’ancien gouvernement, six des treize ministres PDCI se sont désolidarisés de leur parti pour entrer en dissidence. La guerre était ainsi ouverte et on se demandait quelle configuration aurait cette équipe Gon Coulibaly.

L’un des faits marquants, c’est le retour de Sidiki Konaté, l’un des fidèles parmi les fidèles de Guillaume Soro depuis le temps de la rébellion et qui hérite du portefeuille de l’Artisanat.  On peut y lire une espèce de  rapprochement entre ADO et son « bon petit » dont les relations s’étaient détériorées ces derniers mois. Dans le nouveau gouvernement, les petits partis de la galaxie houphouëtiste n’ont pas été non plus oubliés, à l’image de l’Union pour la démocratie et la Paix de Côte d’Ivoire (UDPCI), dont le premier responsable, Albert Mabri Toikeusse, a été nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Mais ce qui retiendra toujours l’attention, c’est le sort réservé au PDCI : tous les dix ministres PDCI ont été maintenus dans le gouvernement, à commencer par les six qui avaient tourné le dos au Sphinx de Daoukro et qui ont été récompensés de ce que leurs anciens camarades de parti pourraient qualifier de traîtrise. Ce qui est en réalité un débauchage, car on voit mal dans ces conditions comment ils pourraient accepter la main tendue d’ADO et refuser de marcher dans ses pas vers le parti unifié.

Avec des cartes ainsi rebattues, une nouvelle carte politique est en train de se redessiner à deux ans de la présidentielle. Et force est de constater que Bédié paraît un peu fragilisé par les manœuvres de l’autre camp. Mais on aurait tort d’enterrer trop vite ce vieux roublard qui doit avoir plus d’un tour dans son sac, d’autant plus que rien ne dit que ceux qui sont partis avec ADO ont emporté avec eux leur vivier électoral. Il n’en demeure pas moins qu’avec cette nouvelle équipe, le jeu de dupes qui avait cours sur les bords de la lagune Ebrié est terminé. Et les élections locales (municipales et régionales) prévues pour se tenir avant la fin de l’année vont constituer un test grandeur nature pour jauger le poids de chacun.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 11 juillet 2018 20:39

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