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L’Afrique et les 20 ans de la CPI : Un bûcher en lieu et place des bougies

 

Tout était pourtant parti d’une bonne intention. Mais comme on le sait, le chemin de l’enfer est pavé des meilleures intentions du monde.

 

En mettant sur pied la Cour pénale internationale (CPI) en 1998, les Etats parties au statut de Rome avaient pour ambition de pallier les carences des juridictions nationales qui n’avaient pas les moyens humains, financiers ou la volonté de prendre en charge les crimes les plus abominables commis par leurs citoyens, comme ceux qualifiés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou de génocide.

 

 

Malheureusement, dès sa naissance, le bébé portait en lui les germes de son propre handicap. Puisque certaines puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, et leurs alliés comme Israël, n’ont pas ratifié le traité de Rome. N’entendant pas ainsi faire juger ailleurs un de leurs ressortissants.

 

Les petits Etats qui s’y sont embarqués de gré ou de force ne sont pas, à dire vrai, en mesure de donner à la Cour tous les moyens nécessaires pour jouer son rôle de façon indépendante et impartiale.

 

A ces handicaps de départ  se sont très vite greffées les réserves, de plus en plus grandes, qui ont culminé jusqu’à la franche hostilité. Notamment de la part de ceux-là mêmes qui s’étaient penchés sur le berceau du nouveau-né.

 

A l’origine de ce désenchantement : le fait que le continent noir soit l’unique terrain de chasse d’abord du procureur Luis Moreno Ocampo, puis de son successeur, Fatou Bensouda.

 

Il est vrai que sur les trente-deux mandats d’arrêt internationaux de la CPI, dont  quinze ont été exécutés, tous ont été délivrés contre des personnalités africaines et tous les dossiers en cours ou terminés avaient trait à des crimes commis en Afrique.

 

C’est vrai,  les Jean-Pierre Bemba, Thomas Lubanga, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas des enfants de chœur  et  sont poursuivis non pas pour la couleur de leur peau mais pour des  crimes présumés. Mais on peut comprendre le ressentiment de nombre d’Africains, d’autant plus que quand les enquêtes sont ouvertes dans d’autres régions, elles ne finissent pas de patiner, comme c’est le cas en Colombie où les investigations durent depuis 2004.

 

Tant et si bien que l’Union africaine avait décidé lors de son Sommet de janvier 2017 à Addis-Abeba de soutenir ses Etats membres qui veulent se retirer de cette CPI pour son tropisme africain trop marqué. Même si, sur la question,  les trente-quatre signataires sur les cinquante-quatre pays que compte le continent ne sont pas sur la même longueur d’onde.

 

Parmi les voix dissonantes dans ce concert de récrimination contre « cette justice des vainqueurs et des puissants », celle du président nigérian, Muhammadu Buhari, qui a apporté son soutien à la CPI. Tout en l’invitant à opérer sa mue en prenant en compte la complainte de nombre d’Africains qui instruisent son procès depuis maintenant deux décennies.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 18 juillet 2018 18:46

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