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MTT : En mouvement avec Loada

 

Dans l’après-midi du 19 juillet 2018 à Ouagadougou, la cuvette du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a été le lieu qui a abrité la cérémonie de lancement des activités du Mouvement tengembilum tamassira (MTT) (en français, le chemin de la citoyenneté). Il s’agit d’une  association qui a vu le jour le 4 février courant avec l’ambition de contribuer à promouvoir la conscience et l’engagement citoyens ainsi que la culture démocratique au Burkina Faso. Selon ses pères fondateurs, dont le Pr Augustin Loada, cette structure est à but non lucratif et n’assume aucune activité syndicale, partisane ou religieuse. Il se voit d’ailleurs gêné de se présenter à la présidentielle de 2020, car ce n’est pas sa place.

 

 

 

 

«Avec les élections couplées, présidentielle et législatives, du 29 novembre 2015, un jour nouveau se lève au Burkina Faso, chargé d’espoir pour un lendemain meilleur. » Cette assertion est du président Roch Marc Christian Kaboré  lors de son investiture un mois, jour pour jour, après lesdits scrutins. Elle a été rappelée par le professeur Augustin Loada au cours de la cérémonie de lancement des activités du Mouvement tengembilum tamassira (MTT), dans une salle du CBC à moitié rouge. Tengembilum tamassira, constitué de deux mots dont l’un en mooré et l’autre en dioula, signifie en français « le chemin de la citoyenneté ». A travers ce retour à la mémoire des propos du premier magistrat burkinabè, le Pr Loada a souhaité dire indirectement au chef de l’Etat que «le jour nouveau est long, car depuis qu’il a commencé son magistère, le coq n’a pas encore chanté ». Autrement dit, l’ancien ministre de la Fonction publique sous la transition politique a l’impression que la rupture annoncée n’est pas encore au rendez-vous. Il en veut pour preuve la dernière enquête du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), selon laquelle la police municipale occupe la première place des institutions les plus corrompues, les récents rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC) ou encore les résultats du sondage d’Afrobaromètre, qui montrent que les populations sont moyennement satisfaites de la gestion du pouvoir. «Oui, quand je lis la presse, je constate que la mal cause, l’arrogance, la patrimonialisation de l’Etat, le nomadisme des hommes politiques sont toujours à l’ordre du jour ! Mais du côté des citoyens aussi il y a l’indiscipline, l’indocilité, la bravade, l’incivisme, que dis-je ? le «je-m’en-foutisme » envers l’Etat et les autorités. Comment se développer dans un tel contexte ? », a martelé l’ancien directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Selon les propos du délégué général de la nouvelle structure, le MTT, la seule rupture à laquelle le Pays des hommes intègres a eu droit jusqu’ici et qui est à féliciter, c’est celle avec Taïwan (murmures dans la salle). Mais il a estimé que le Faso doit tirer des leçons des expériences des pays asiatiques en général, qui prouvent à souhait que l’éducation, le travail, la discipline et le patriotisme sont les ingrédients du succès. C’est dans cette dynamique qu’un groupe de citoyens a mis en place le Mouvement tengembilum tamassira, une association qui veut contribuer à promouvoir la conscience et l’engagement citoyens ainsi que la culture démocratique.

 

 

 

Une pétition pour venir en aide aux victimes de l’extrémisme violent

 

 

 

Pour atteindre ses objectifs, le Mouvement va concevoir et mettre en œuvre des stratégies de promotion de la citoyenneté par l’information, la sensibilisation, la communication, la formation, l’éducation civique et l’animation de groupes de discussion. Il chérit bon nombre de valeurs dont le sens des responsabilités individuelles et collectives, l’humilité, l’esprit d’équipe et celui d’entreprise, la transparence, l’équité, la solidarité et la justice.

 

En anticipant les questions des journalistes, le Pr Loada a signifié «sans hésitation» qu’il n’y a aucun parti politique derrière le MTT, qui n’est d’ailleurs pas une rampe de lancement d’une candidature pour les élections de 2020. «Notre ambition n’est ni la conquête ni l’exercice du pouvoir ; par conséquent, le MTT est et restera dans son rôle d’éveil de conscience politique et de promoteur de la culture de la citoyenneté. «Cela vous gênera d’être candidat en 2020 ?», a insister un confrère. «Oui, ça me gênerait parce que ce n’est pas ma place », a répondu le délégué général. Pour ce qui est du financement de l’association, il a déclaré que le MTT compte sur ses propres forces, les dons et legs ainsi que le partenariat dynamique avec ses partenaires techniques et financiers, «vu la qualité des carnets d’adresses des pères fondateurs ». L’adhésion à la structure est libre pour toute personne, de bonne moralité, qui partage ses objectifs, valeurs et principes d’action.

 

D’ores et déjà, le Pr Loada et son conseil d’orientation, d’une dizaine de membres, ont lancé une pétition populaire en vue d’appuyer une proposition de loi visant à la création d’un mécanisme incluant un  Fonds de solidarité au profit des victimes civiles et militaires de l’extrémisme violent et des attaques terroristes. « A travers vos explications sur cette pétition, on a eu l’impression que le Pr Loada est contre le référendum ». «Non, je ne suis pas, a priori, contre le référendum pour l’adoption de la Constitution de la Ve République. Nous avons dit que si l’Etat a les moyens d’organiser un référendum qui a une valeur purement symbolique, dont le résultat sera ‘’Oui’’, il est préférable d’utiliser plutôt cet argent pour venir en aide aux victimes des attaques terroristes. Mais si l’Etat a les moyens de faire les deux, tant mieux », s’est-il justifié.

 

 

Aboubacar Dermé

Dernière modification ledimanche, 22 juillet 2018 20:24

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