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Présidentielle malienne : C’est mal parti

Ça devrait être une rencontre pour aplanir les désaccords et lever les suspicions qui pèsent sur le fichier électoral, elle n’a finalement pas eu lieu.

 

En effet, la réunion convoquée dare-dare  hier par la Délégation générale aux élections(DGE) avec les partis politiques et les observateurs internationaux a été finalement reportée. Autant dire que les problèmes posés par l’Union pour la république et la démocratie(URD) et son candidat, Soumaïla Cissé, restent entiers. Et à seulement cinq jours du scrutin, il y a de quoi s’en inquiéter.

Vendredi, c’est certainement un gros pavé dans une mare électorale déjà passablement glauque que Tiébilé Dramé, le directeur de campagne du candidat Cissé, a jeté en dénonçant des incohérences entre la liste des électeurs, forte de plus de huit millions de personnes, auditée par les experts internationaux, notamment ceux de  l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), et celle mise en ligne sur le site de la DGE : «Nous avons constaté qu’un fichier officiel a été mis en ligne par la délégation générale aux élections. Pour nous, il ne s’agit ni plus ni moins  que d’un fichier parallèle qui est distinct du fichier audité le 27 avril».

S’il reconnaît que ces erreurs peuvent être involontaires, Tiébilé Dramé ne  parle pas moins de fraudes massives en préparation après avoir découvert, soutient-il, « des milliers de noms en double, triple, quadruple, voire quintuple » ainsi que  des bureaux fictifs, des électeurs sans photo et des communes entières où le nombre de votants est supposé nul.

C’est plus donc que ce qu’ils peuvent décemment supporter, et le chef de l’opposition malienne menace de ne pas aller aux urnes avec un fichier électoral « avarié ».

Bogue électoral involontaire ou volonté de tripatouiller les résultats du scrutin de 29 juillet prochain ? Autrement dit, tentative de fraude ou erreur technique ?

Le président de la CENI a, en tout cas, certifié, la main sur le code électoral si on peut le dire, que le fichier utilisé pour imprimer les cartes d’électeur  est bien celui qui a été passé à la loupe par les experts électoraux.

Mais comment se fait-il qu’il y ait une liste parallèle ? Quelle peut en être l’explication ? Et surtout si le dysfonctionnement pointé par les opposants est réel, peut-on d’ores et déjà affirmer que ces doublons d’électeurs profiteront  au parti au pouvoir et à son candidat, Ibrahim Boubacar Keïta ?

Ce sont là autant de questions qu’on ne peut s’empêcher de se poser à la découverte de ce gros lièvre, si c’en est un,  débusqué  par « Soumi » et ses soutiens. A moins bien sûr que tout cela ne soit des arguments concoctés d’avance pour justifier une possible défaite, une fuite en avant comme savent si bien le faire les hommes politiques, eux  qui  ne manquent de tours dans leur sac.

Quoi qu’il en soit, avec l’hypothèque sécuritaire qui pesait déjà  sur ce scrutin du fait de la menace terroriste qu’on connaît, les Maliens n’avaient pas besoin d’un autre motif de crispation politique qui augure des  contestations postélectorales lourdes de tous les dangers pour la paix sociale déjà bien malmenée au pays de Modibo Keïta.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 24 juillet 2018 22:27

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