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Appel à l’arrestation de Béchir : Le baroud d’honneur d’Ocampo Spécial

En 2009, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Omar el-Béchir, le président du Soudan, pour génocide au Darfour. Trois ans après, ce mandat d’arrêt est toujours en l’état. Béchir est aux abonnés absents au centre de détention de cette juridiction internationale aux Pays-Bas. Et pour l’heure, tout indique que ce n’est pas demain que l’homme fort de Khartoum ira croupir à la Hayes dans l’attente de son jugement.

Cet état de fait agace au plus haut point le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo ; c'est pourquoi le 5 juin 2012, intervenant devant le Conseil de sécurité de l’ONU, il a demandé l’aide des Nations unies pour l’arrestation du président soudanais. En clair, le procureur a requis du Conseil qu’il rende plus contraignante l’exécution des mandats d’arrêts de la cour par tous les pays, y compris ceux qui n’ont pas signé le Traité de Rome. C’est du reste dans ce sens qu’Ocampo a émis l’idée de couper l’aide internationale aux pays qui continuent de recevoir Omar el-Béchir.

Alors, faut-il voir dans ces déclarations d’Ocampo le baroud d’honneur d’un procureur en fin de mandat, puisqu’il devrait abandonner ses fonctions dans une dizaine de jours ? On ne le sait trop. Par contre, l’homme, qui a dirigé le parquet de la CPI ces 9 dernières années, va quitter cette institution avec un bilan des plus mitigés. En effet, si les poursuites initiées ont été nombreuses, il faut avouer que le résultat est bien maigre, car, jusque-là, cette cour n’a pas rendu de jugement. Autant dire que son tableau de chasse est toujours désespérément nu, car aucun scalp, pardon, aucun trophée n’y est accroché.

A la décharge du juge argentin, il faut dire que certains pays africains et arabes, pourtant signataires de Traité fondateur de la CPI, n’ont jamais coopérer avec cette dernière pour l’arrestation de criminels. L’Union africaine a d’ailleurs clairement indiqué qu’elle n’exécuterait pas le mandat d’arrêt visant Béchir. Dans ces conditions, la Cour, qui n’a pas de police, ne peut rien faire si les Etats ne veulent pas l’aider dans ses missions.

Dans une certaine mesure, on pourrait cependant comprendre l’attitude des Etats du continent qui rechignent à aider une justice internationale que nombre d’Africains accusent, à tort ou à raison, d’avoir un tropisme nègre très marqué. Alors les présidents africains, qui, pour l’essentiel, ne sont pas des enfants de chœur, ne veulent sans doute pas créer un précédent dangereux pour eux-mêmes, à savoir la mise au frais d’un chef d’Etat en exercice. Les présidents sont soutenus en cela par une frange de l’opinion africaine, qui demande à la justice internationale d’alpaguer des dirigeants ou des ressortissants de certains pays occidentaux pour non seulement faire montre d’équité mais aussi gagner en crédibilité. En effet, à trop mettre la seule Afrique dans son collimateur, la CPI aura toujours du mal à se faire accepter sur le continent malgré la justesse de certaines poursuites qu’elle engage.

Mais une chose semble certaine : cet appel lancé par Luis Moreno Ocampo devant le Conseil de sécurité a peu de chance de porter fruit en raison d'un éventuel veto de la Chine, qui n’a jamais fait mystère de son soutien indéfectible au Soudan et à ses autorités.

A présent qu’Ocampo est out de la CPI, il faut espérer que son successeur, la Gambienne Fatou Bensouda, parviendra un jour à mettre le grappin sur Omar el-Béchir pour que justice soit rendue aux victimes de cette affreuse guerre du Darfour, qui a fait déjà plus de 300 mille morts et 2 millions de déplacés selon les Nations unies.

 

San Evariste Barro

 

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