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Acquittement Laurent Gbagbo : La «jurisprudence Bemba» fera-t-elle école ?

 

On ne sait pas s’il est dans le secret des dieux ou s’il dispose d’une boule de cristal, mais Bernard Houdin en est convaincu : Laurent Gbagbo sera libéré avant la fin de l’année. « Je pense que la CPI (Ndlr : Cour pénale internationale) est au bout du chemin. Au mois d’octobre ou de novembre, Laurent Gbagbo sera sorti de prison », a-t-il en effet affirmé dimanche dernier, à la surprise générale, sur RFI au cours du débat qui a suivi l’entretien de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne.

 

 

Difficile pour l’instant de dire si le conseiller spécial de l’ancien président de Côte d’Ivoire aujourd’hui exilé en France prend ses désirs pour une certitude, mais les avocats du célèbre détenu de Scheveningen ont en effet déposé lundi dernier une requête aux fins d’acquittement.  « Elle n’a rien dans les mains », assure en effet Me Emmanuel Altit, l’un des avocats. Et pour les conseillers de l’intéressé, « les éléments présentés par le procureur sont insuffisants pour prouver les charges à l’encontre de Laurent Gbagbo au-delà de tout doute raisonnable ».

 

Du coup, l’incriminé ne devrait plus être poursuivi pour les quatre chefs d’accusation retenus contre lui, notamment le meurtre, le viol, les persécutions  et autres actes inhumains qui auraient été commis lors des violences postélectorales qui ont secoué la Côte d’Ivoire en 2010-2011.

 

Après 8 ans de procédure, 2 ans de procès, 82 témoins entendus, des milliers de pages de documents compulsés et des centaines d’heures de vidéos visionnées, l’enfant terrible de Mama va-t-il donc  pouvoir respirer l’air frais et vivifiant de la liberté ? En tout cas, l’espoir dans son camp a été rarement aussi grand, surtout depuis la relaxe extraordinaire de Jean Pierre Bemba courant juin 2018, après une dizaine d’années passées derrière les barreaux de la juridiction internationale.  

 

Cela dit, comparaison n’est pas raison, les cas Bemba et Gbagbo étant loin d’être similaires pour des raisons à la fois juridiques et politiques. On saura en tout cas, à partir du 1er octobre, le sort qui aura été réservé à cette demande d’acquittement et de libération, puisque c’est à cette date qu’un débat sera ouvert à la CPI pour apprécier la pertinence de ce procès en vacuité du dossier. Mais auparavant, l’accusation a jusqu’au 10 septembre pour répondre à la défense.

 

Et si, par extraordinaire, la jurisprudence Bemba devait s’appliquer dans le cas d’espèce, la vague qu’elle provoquerait sur les bords de la lagune Ebrié serait tellement déferlante qu’elle pourrait emporter bien de personnes. A deux ans de la prochaine élection présidentielle, les grandes manœuvres ont en effet commencé du côté d’Abidjan, sur fond de guéguerre entre le RDR et le PDCI-RDA et de positionnement à pas feutrés de Guillaume Soro. Et Dieu seul sait ce que le tsunami d’une libération de Gbagbo, qui a 73 ans, pourrait entraîner comme bouleversements sur l’échiquier politique ivoirien.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification ledimanche, 29 juillet 2018 18:04

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