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Hadj 2018: Décollage réussi pour plus de 700 pèlerins

Selon les autorités saoudiennes, environ 2 millions de fidèles musulmanes et musulmans du monde effectueront le pèlerinage à La Mecque pour cette année 2018. Parmi eux figurent les 8 143 Burkinabè qui se sont inscrits dans les agences de voyages habilitées à recenser les candidats. Hier 8 août, à l’aéroport international de Ouagadougou, il était 15h 40 lorsque le premier contingent, fort de 268 pèlerins, s’est envolé pour l’Arabie Saoudite. Dans la soirée, 435 autres sont partis de Bobo-Dioulasso, dans le but de sacrifier au rituel du 5e pilier de l’islam.

 

   

Il est 11h devant l’aérogare des pèlerins, sis à l’aéroport international de Ouagadougou.  Ce n’est pas la grande affluence comme à l’accoutumée. L’espace souvent  bondé de monde et de véhicules à perte de vue est assez calme. Sous un arbre, Modibo Ouédraogo s’attelle à immortaliser les derniers moments avant que sa génitrice ne parte pour La Mecque. « Nous avons accompagné notre maman et voulons nous assurer que le départ sera effectif avant de retourner à Ouahigouya », dit-il, téléphone en main. Celui de la future hadja, Madame Ouédraogo née Kadidiatou Ouédraogo, ne cesse de crépiter. Elle continue, en effet, de recevoir des appels de parents et de connaissances qui lui souhaitent sans doute bon voyage. «J’y vais pour la première fois et je suis très heureuse à l’idée de pouvoir accomplir le 5e pilier de l’islam. Puisse Dieu nous guider et nous accompagner dans cette noble mission », déclare Dame Ouédraogo. Une fois sur la Terre sainte, ses prières et bénédictions seront tout d’abord adressées à toutes les personnes qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à réaliser son rêve. Elle entend, ensuite, demander beaucoup de santé et de prospérité pour sa famille nucléaire et celle élargie. «Je vais beaucoup prier également pour la paix et la quiétude dans mon pays et enfin, puisque c’est  l’hivernage, nous aurons besoin d’une bonne saison des pluies pour de bonnes récoltes. Je n’oublierai pas non plus d’invoquer Allah pour nos autorités afin qu’Il leur accorde la force et les moyens nécessaires pour assumer la mission que nous leur avons confiée», indique la candidate.

A l’intérieur de l’enceinte, les gros baffles qui vous accueillent habituellement avec des cantiques religieux et des sermons sur les attitudes ou les pratiques à observer en Arabie Saoudite manquent à l’appel. Mais à l’intérieur du bâtiment principal se déroule une véritable opération de contrôle. Les 268 personnes programmées pour le premier vol sont qui assises, qui en rang, dans l’optique de passer devant les contrôleurs. Pendant qu’il attend son tour, el hadj Salifou Macaire Ouédraogo se réjouit d’aller à La Mecque pour la deuxième fois. Il compte effectuer les rites au profit de son défunt père. «Je vais prier pour mon vieux qui est décédé il y a plus de 50 ans. Je viens de la province du Bam, précisément de Zimtenga ; j’aurai donc une pensée pour ma grande famille et aussi pour le pays dans son entièreté. Nous voulons la paix, c’est dans ce climat que nous pourrons prospérer », affirme-t-il. «Vous qui avez déjà effectué le hadj, comment vous trouvez son organisation cette année ? Tout se passe-t-il comme vous le souhaitez ? » «Je pense que l’organisation a beaucoup évolué, je constate que nous avons moins de problèmes.  Par exemple, les documents sont au complet contrairement à l’année passée où il y avait des pièces manquantes.  Je suis vraiment satisfait», répond Salifou Macaire Ouédraogo, qui dit s’être inscrit à l’agence «Ranguma voyage».

«J’ai mon passeport mais pas de carnet de vaccination»

Si Salifou Macaire Ouédraogo attend, peinard, de se présenter devant les agents contrôleurs, Lassané Sana, commerçant de profession, lui, doit patienter quelques instants encore avant d’intégrer la salle d’embarquement. La raison : il s’est présenté chez les contrôleurs sans son carnet de vaccination. Il est purement et simplement recalé et doit obligatoirement brandir le document en question. Il a déjà saisi l’agence de voyages où il s’est inscrit (ndlr : Al Madina voyage). Son binôme, de la même agence, se trouve aussi dans la même situation. De plus, un agent, dans la précipitation, selon ses propos, a mis un tampon au-dessus de son visa chinois au lieu du visa saoudien. « On ne peut pas te donner un passeport sans ton carnet de santé alors que tu as déjà tout donné. On a attiré l’attention des responsables de l’agence et ils ont promis d’aller les chercher dans leur bureau. Même les cachets, on vérifie avant de les apposer, il ne faut pas le faire parce qu’il y a beaucoup de pages qui restent », s’est indigné le commerçant qui ne s’est pas empêché non plus de faire une comparaison avec la Côte d’Ivoire. «La Côte d’Ivoire a fini avec le transport de ses pèlerins depuis le 5 août courant. Le coût du hadj y est également moins élevé qu’au Burkina. Mon binôme et moi venons de San Pedro, en terre ivoirienne.  Nous avons  préféré effectuer le voyage à partir de notre patrie mais nous estimons qu’il y a encore beaucoup à faire du côté de l’organisation », ajoute le commerçant. Ils passeront à peu près deux heures avant d’avoir accès à la salle d’embarquement. Relativement au coût, le cheik Moussa Zoanga demande aux  autorités burkinabè d’œuvrer afin qu’il y ait une diminution significative les années à venir. Pour lui, les 2,3 millions de francs CFA sont hors de portée pour la majorité des fidèles, qui voudraient pourtant accomplir ce pilier de la religion musulmane. 

Issouf Ouédraogo, responsable adjoint de l’association «La voix du pèlerin», tire également la sonnette d’alarme à propos des couacs liés à l’organisation. «Vous aurez remarqué l’absence de la sonorisation, c’est maintenant qu’on vient de nous apporter les baffles. Le premier vol était prévu pour hier (ndlr : 7 août), mais il a été reporté à aujourd’hui sans que l’on sache ce qui s’est passé. Pour un début, ça peut inquiéter. Nous avons ouï dire qu’il y a toujours des passeports sans visa. Les agences de voyages disent qu’elles ont déjà versé l’argent demandé, mais il y a encore ces situations. Au finish, on ne sait même plus où réside le problème au juste», martèle-t-il. A la question de savoir ce qui pourrait être fait pour en finir avec ces problèmes récurrents, le responsable adjoint de «La voix du pèlerin » répond qu’il serait judicieux d’évoluer vers un Secrétariat permanent de l’organisation du hadj. Selon ses explications, c’est dans un tel cadre que l’organisation pourrait se bonifier au fur et à mesure des années et non en restant confiée à des comités «qui attendent toujours à un mois du hadj avant de commencer les réunions préparatoires». «Depuis 2010, ce sont les mêmes problèmes. Si c’est un Secrétariat permanent, l’équipe qui est installée travaillera uniquement à ça et de façon permanente, comme son nom l’indique», explique-t-il.

La dernière ligne droite avant le décollage

Pour un vol annoncé à 12h 00, c’est finalement à 12h46 que le Boeing 787 de la compagnie Ethiopian Airline s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. S’est présentée dans la foulée une délégation ministérielle composée de : Siméon Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la  Décentralisation, Paul Robert Tiendrébéogo, ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’étranger, et Vincent Dabilgou, ministre des Transports. Ils sont en compagnie de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite au Burkina, le Dr Waleed Ben Abdrahmane Al-Hamoudi, et du cheik de Ramatoulaye, el hadj Aboubacar Maïga II, qui était à la tête de quelques membres d’associations islamiques.

«Bon voyage, puisse Dieu vous accompagner en Arabie Saoudite. Qu’Il agrée vos vœux les plus chers et fasse en sorte que vous nous reveniez en santé. Priez pour la paix dans vos familles et au Burkina Faso», formule en guise de souhaits le ministre chargé des Cultes, Siméon Sawadogo. Pour le représentant de Ryad à Ouagadougou, c’est toujours un honneur et un plaisir pour le royaume saoudien de faciliter les procédures et d’aider au mieux les pèlerins du monde entier à accomplir le 5e pilier de l’islam. «Je souhaite à tous que leurs péchés soient pardonnés et que leurs quêtes soient pieuses.  J’espère que tous les pèlerins burkinabè se conformeront aux instructions et indications des autorités compétentes en Arabie Saoudite», émet le Dr Al Hamoudi. Les prières et les bénédictions n’étant jamais de trop, ce fut le tour du cheik de Ramatoulaye d’entrer en scène avant que les candidates et candidats ne se dirigent vers le Dreamliner. A bord de l’oiseau de fer, Siméon Sawadogo réitéra les souhaits de bon voyage des premières autorités du pays : le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, ainsi que l’ensemble du gouvernement. Il fait noter que 8143 pèlerins ont été enregistrés dans le cadre du contrat avec le Royaume saoudien. «Mais le président du Faso a pu ajouter 100 pèlerins sur sa propre initiative. Au vu du nombre total (8243), le gouvernement ne pouvait s’abstenir de venir les saluer, leur dire au revoir et leur souhaiter un excellent séjour à Médine, à Djeddah et à La Mecque. Que Dieu exauce leurs vœux et que cela profite à leur famille et au Burkina tout entier», s’est-il répété.

C’est à 15h 40 que l’aéronef, après avoir pris l’élan nécessaire, a fendu l’air en direction de la Terre sainte de l’islam.

Aboubacar Dermé

Sayouba Mamboné

(Stagiaire)

Encadré :

Pourquoi le vol du 7 août a été reporté 

Selon le président du Comité national de suivi du pèlerinage à La Mecque, il y a eu un léger décalage par rapport au vol qui était prévu hier à Bobo-Dioulasso. «C’était dû à des raisons techniques étant donné qu’au niveau de l’aviation civile burkinabè et de celle saoudienne, il n’y a pas eu de concordance qui permette à l’avion d’atterrir. Or, ce vol était prévu pour 23h 55, donc juste 5 minutes avant le 8 août ; c’est pourquoi il a été reporté. Mais finalement le vol de Bobo-Dioulasso aura lieu ce soir à partir de 19h 55 et va concerner 435 pèlerins. Il est prévu 22 vols en tout qui peuvent aller jusqu’au 15 août pour les derniers », s’est-il justifié.

A.D.

S.M.

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