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Mali : Avis de tempête électorale

 

Il fallait s’y attendre : 24 heures après le second tour de la présidentielle malienne du 12 août 2018, place maintenant à la polémique, pour ne pas dire à la contestation des résultats, même si ces derniers sont encore loin d’être connus. Réitérant ses accusations de fraude massive déjà formulées lors du premier tour, le candidat Soumaïla Cissé a en effet rejeté à l’avance les résultats et appelé ses partisans à la mobilisation pour faire pièce à ce qu’il considère comme un hold-up électoral.

 

Mais, comme toujours, se pose la question de savoir s’il s’agit simplement d’irrégularités doublées d’insuffisances organisationnelles dont l’impact sur l’issue du scrutin reste à démontrer ou au contraire de triche suffisamment importante et planifiée pour remettre en cause l’intégrité du scrutin. Déjà en 2013, le challenger d’IBK avait pointé du doigt la mauvaise organisation, indiquant que l’arbre de la mobilisation du peuple malien ne devait pas cacher la forêt de l’impréparation, de la mauvaise organisation, de la fraude qui avait caractérisé le premier tour. Un constat amer qui ne l’avait pourtant pas empêché de reconnaître sa défaite avant la fin des dépouillements du second tour.

Cinq ans après, exit le fair-play : le ton a radicalement changé et les critiques sont désormais bien plus virulentes. Mais de là à penser que le candidat de l’Union pour la république et la démocratie (URD) est un mauvais perdant, un loser qui cherche ailleurs les raisons de ses propres échecs, il n’y a qu’un pas que ses adversaires auront vite fait de franchir.

 

En fait, dans cette histoire on ne sait pas qui est le plus fraudeur puisque dans le même temps les partisans d’IBK formulent les mêmes accusations de fraude à l’encontre de l’équipe du challenger. Faut-il y lire l’inquiétude d’un président qui n’est pas tout à fait sûr de son affaire ?

 

En tout cas si les suspicions de tripatouillage restent à prouver, une constante demeure dans ce scrutin frappé du sceau sécuritaire : ainsi, selon les chiffres officiels, 490 bureaux de vote n’ont pu ouvrir ce dimanche, principalement au nord et au centre du pays, dont 440 dans la seule région de Mopti, à la fois pour des raisons d’accessibilité et surtout sécuritaires. Il y a une semaine, on dénombrait au moins 800 bureaux de vote dont l’ouverture avait été empêchée sauf que, ce coup-ci, un président de bureau a été tué et d’autres membres enlevés.

 

Soumaïla Cissé ayant d’ores et déjà sonné le rappel de ses troupes, il semble manifestement avoir opté pour la contestation de la rue et dans la rue plutôt que d’user des voies de recours légales dont il dispose pour vider le contentieux. Si la victoire du locataire du palais de Koulouba, qui était arrivé, rappelons-le, en tête du premier tour avec 41% des voix contre 17% à son challenger, devait se confirmer, il faut donc craindre que les jours et les semaines à venir soient particulièrement surchauffés sur les berges du Djoliba.

 

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

Dernière modification lemercredi, 15 août 2018 18:59

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