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Banfora: Tabaski sans eau dans les robinets

Les populations des villes de Banfora, Bérégadougou et Takalédougou vivent le calvaire depuis le 19 août 2018 en raison d’une coupure inattendue de l’approvisionnement en eau potable. Malgré les moyens et les stratégies déployés en urgence par l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), le précieux jus tarde à couler des robinets. Face à la complexité de la panne qui affecte la distribution de l’eau, les professionnels des medias ont été invités sur les lieux afin de constater de visu la situation. Des camions citernes approvisionnent provisoirement ces villes. Cela n’a pas été sans conséquences sur la  célébration de la fête de Tabaski pour les fidèles musulmans et pour toute la population.

 

 

La scène est surréaliste dans la cité du paysan noir avec ces bidons attachés sur des vélos, des motos, dans des charrettes ou encore dans des véhicules, roulant dans tous les sens à la quête de la moindre goutte d’eau, rappelant à tous cette vérité  immuable : « L’eau c’est la vie ». Pourtant, l’eau ne coule plus dans les robinets à Banfora. « C’est aux environs de 16h ce 19 août 2018 que les agents de la station de traitement de Banfora m’ont prévenu que la station n’était plus alimentée », a expliqué Michel Hien, chef d’agence de l’ONEA de Banfora. Dès lors, ce fut le branle-bas dans l’agence pour détecter l’origine de l’anomalie qui se révélera plus grave que les agents de l’ONEA ne l’imaginaient. En effet, selon Moussa Siemdé, directeur régional de l’ONEA/Bobo, cette panne est consécutive aux pluies diluviennes de la nuit du samedi 18 au dimanche 19 août  2018. Elles ont causé une rupture sur la conduite principale d’eau brute du barrage de Moussodougou à la station de traitement de Banfora. La rupture de la conduite s’explique par un remplissage exceptionnel des réservoirs en amont. « Cette situation est à l’origine des perturbations dans l’approvisionnement en eau potable que connaissent actuellement les villes de Banfora, Brérégadougou et Takalédougou », a expliqué ce dernier.

C’est après de minutieux et contraignants travaux de fouilles tout au long du conduit de 25 km, que l’on s’apercevra que le problème se situe à quelque 3 km de Banfora dans la rivière peu avant le village de Lembouroudougou. Au regard de la complexité de la panne, les professionnels des medias sont appelés à donner la bonne information aux populations dans la soirée du lundi après avoir constaté de visu la panne. La conduite d’eau sous la poussée des vagues s’est rompue. « On s’est rendu compte, après de multiples recherches, qu’il y a une rupture de la conduite d’eau à ce niveau précis du marécage », a soutenu le DR.

Cette rupture étant intervenue en plein marécage et avec la montée de l’eau, il est pratiquement difficile, voire impossible, pour l’instant pour l’ONEA d’engager des travaux de réparation. D’autres solutions palliatives sont néanmoins envisagées par les responsables pour que les populations puissent retrouver une vie normale. « Dans l’immédiat, on a des solutions palliatives qui ne peuvent pas régler le problème de manière pérenne », a prévenu Moussa Siemdé, au cours d’un point de presse. Parmi ces solutions, il s’agit de la distribution d’eau par des camions citernes qui se ravitaillent à Sindou, Niangoloko ou Bobo-Dioulasso. Cinq sites ont été identifiés. Il s’agit de la Maison des jeunes et de la culture de Banfora, de l’ENEP privée au  secteur n°4 face au nouveau marché, de l’école primaire de Tatana (secteur 15), de l’école primaire du secteur n°8 et de la mairie de Bérégadougou. « Nous avons la solution mais c’est sa mise en œuvre qui prendra plus de temps et on s’attelle à rassembler tout ce qu’il faut pour ramener la situation dans la normale », a ensuite assuré le DR, pour qui c’est une situation exceptionnelle car ils n’ont pas imaginé que cela puisse arriver. Il dit compter sur la compréhension de la clientèle.

Sur les délais pour que la situation se normalise, le porte-parole de la nationale de l’eau n’entend pas faire dans la langue de bois  car c’est une situation technique. « Depuis la panne, nous n’arrivons plus à fermer l’œil et on ne peut pas s’amuser à vous donner des délais.  Il est impossible pour nous de dire si dans les heures qui suivent on pourra rétablir la fourniture d’eau, mais nous faisons tout notre possible pour que la situation se rétablisse », assure-t-il.

L’ONEA s’attelait, dans la soirée du 20 août, à rassembler le matériel nécessaire pour une réparation de la panne. Les travaux de fouilles se poursuivaient sur le site de la rupture et un point a été identifié où les techniciens devaient poser une pompe pour essayer de pousser l’eau vers la station de traitement. « Ce sont des travaux de grande envergure. Voilà pourquoi nous ne sommes pas en mesure de vous donner une précision sur les délais », a ajouté le DR.

Venu de Bobo en renfort, Blaise Yaméogo, plombier, dirige l’opération de fouilles en vue de dénicher l’ancienne conduite d’eau abandonnée il y a des années, et il se dit très confiant pour la solution envisagée. Une autre équipe s’attelait au niveau de la prise d’eau à Moussodougou afin d’envisager également la connexion avec l’ancienne conduite en attendant que le niveau de l’eau baisse pour envisager une solution définitive

En clair, c’est fort possible que ce soit la ressource d’eau de la rivière de Lembouroudougou qui soit pompée pour être envoyée à la station de traitement de Banfora. « Cette eau, la station peut la traiter et c’est ce mécanisme que nous sommes en train de chercher à mettre en œuvre,» précise le DR qui espère ainsi rétablir la situation. Pour cette opération, toutes les compétences sont sollicitées. «On a principalement des plombiers, des électromécaniciens. Nous avons l’appui de la direction régionale de l’eau et de l’assainissement de Bobo, de la SN-SOSUCO et nous allons prendre du matériel un peu partout. C’est un partenariat qui nous permet d’avancer », a expliqué Moussa Siemdé.  

En attendant, la fête de la Tabaski n’a pas été des plus aisées, contraints qu’ils étaient, les fidèles musulmans, de faire  avec cette pénurie d’eau avec le secret espoir que demain sera meilleur.

 

Luc Ouattara

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